Les suspicions quant à l’existence d’une mafia au cœur du marché de convoyage de l’aide alimentaire, continuent de se propager à l’image de la pandémie en cours. Après la sortie dissonante de l’homme politique Diop Sy dont l’entreprise a été attributaire de l’appel d’offres lancé par le ministère du Développement communautaire, c’est au tour du secrétaire général de l’Union des Routiers du Sénégal, Gora Khouma, de dire que ce marché du transport de l’aide alimentaire, est entaché de manigances politiques.
Le leader syndical, joint par le quotidien « Le Témoin», demande l’annulation de l’appel d’offres.« Ils ont attribué à Diop Sy le marché de tout le transport des vivres destinés aux familles en situation de précarité. Ils disent que c’est lui qui a rempli les conditions de cet appel d’offres. Mais en réalité, nous savons que Diop Sy n’est qu’un figurant, voire un prête-nom. Il y a d’autres hommes politiques derrière lui », soutient le patron des transporteurs routiers, Gora Khouma, qui réagissait à la cacophonie notée dans la campagne de distribution de l’aide alimentaire. Pour étayer son propos, le secrétaire général de l’Union des Routiers souligne le fait que, sur le terrain, la majeure partie des véhicules qui convoient les vivres, n’appartiennent pas à l’homme d’affaires et membre du parti présidentiel.
«Ce ne sont pas ses véhicules qui sont sur les routes pour acheminer la marchandise. Il ne gère pas le transport. Donc, comment se fait-il qu’il gagne un pareil marché ? La réponse est qu’il y a des pointures politiques qui veulent s’accaparer de l’argent débloqué dans le cadre du fonds Covid-19 », estime M. Khouma, d’après qui l’affaire n’a pas été bien gérée par les autorités, car même le ministre des Transports, qui devait être au cœur du processus, a été écarté.
Or, explique-t-il, dans les règles de l’art, c’est normalement le ministre de tutelle ou le directeur des Transports qui devait administrer la question du convoyage, en étroite collaboration avec les organisations syndicales du secteur. Sur la différence des chiffres avancés par les autorités étatiques à propos du budget du transport de l’aide alimentaire, le leader syndical est d’avis que cela dénote un manque de transparence qui, à ses yeux, n’augure rien de fiable, puisque les autorités concernées, elles-mêmes, ne parlent pas le même langage. « Aujourd’hui, elles sont dans le tâtonnement parce que tout simplement, le processus a été biaisé. Nous qui sommes acteurs du domaine des transports routiers, nous avons été écartés. D’ailleurs, beaucoup de mes camarades camionneurs sont sur le terrain, mais jouent les seconds rôles au profit des hommes politiques qui n’ont jamais fait partie de la plateforme des transporteurs » a fustigé Gora Khouma.
« Nous invitons l’Etat à annuler cet appel d’offres politique »
Faisant part de son mécontentement à propos de la non implication du collectif des transporteurs dans la campagne de distribution de l’aide alimentaire sur l’étendue du territoire, le leader du syndicat des routiers prône l’annulation de l’appel d’offres. A l’en croire, l’Etat doit revoir le processus avec des critères inclusifs, afin que les acteurs du secteur y trouvent leur compte.
«Nous invitons l’Etat à annuler cet appel d’offres. Les véhicules d’une entreprise qui s’activait dans le ramassage des ordures, ne peuvent pas opérer dans le transport de vivres destinés aux populations. Les critères que l’Etat devrait mettre en avant, peuvent être axés sur la sûreté technique des camions. Pour ce faire, les camionneurs devaient présenter des visites techniques couvrant toute la période de la campagne de distribution de l’aide alimentaire.
D’ailleurs, au vu de la propagation du coronavirus avec des cas communautaires, il doit être exigé aux chauffeurs de ces camions, des dispositions sanitaires particulières, pour plus de prévention », a plaidé Gora Khouma, secrétaire général de l’Union des transporteurs routiers du Sénégal. Comme quoi, le scandale des camions-bennes, pardon du transport de l’aide alimentaire destinée aux populations démunies, n’a pas fini de poursuivre le ministre du Développement communautaire et de l’Equité territoriale, M. Mansour Faye…
Le Témoin