Outre Mamadou Pouye (voir article précédent), d’autres grands hommes d’affaires sénégalais ont créé des sociétés off-shore grâce à la firme Mossack Fonseca, sans qu’on puisse établir un lien entre ces sociétés et une quelconque activité illégale.Les documents de MF citent aussi l’architecte Pierre Goudiaby Atepa et l’entrepreneur Aliou Sow de la Compagnie Sahélienne d’Entreprises (CSE).
Atepa Holding, Atepa engineering…
L’architecte sénégalais, Pierre Atepa Goudiaby (conseiller spécial de l’ex- président Abdoulaye Wade) est l’une des personnes qu’on retrouve citées dans les documents. Via le cabinet juridique suisse Fidinam SA (intermédiaire que l’on nomme client dans le jargon de MF), Mossack Fonseca a ouvert une société offshore dénommée, Atepa Engineering Corp, en 2006, soit la même année que l’ouverture de ses bureaux sur les Champs Elysées à Paris.
Atepa engineering est divisé en deux parts égales, une copropriété entre M. Goudiaby, et sa femme Yvette Sissoko, selon les documents classés confidentiels de MF consultés par Ouestafnews. Entre 2005 et 2012, c’est plus d’une centaine de courriers qui ont été échangés entre MF et les représentants de Atepa Engineering.
Des recherches supplémentaires montrent aussi la présence de Atepa engineering Corp dans l’annuaire des entreprises établies au Panama où le code des entreprises lui attribue le numéro 548105.
Avant la création de Atepa Engineering, M.Goudiaby a été parmi les actionnaires de Atepa Holding Ltd, une société logée dans les Iles Vierges britanniques, qui était active de 1998 à 2009. Nous avons tenté en vain de recueillir la réaction de M. Goudiaby à qui nous avons adressé un courrier daté du 13 mars 2016.
Dans certaines correspondances (essentiellement des courriels), on peut même constater que c’est un intermédiaire travaillant à la HSBC qui agissait au nom du propriétaire de l’entreprise. On se souvient que cette banque HSBC avait déjà fait l’objet d’accusations, dans le cadre d’une autre investigation journalistique à laquelle Ouestaf news avait pris parti, il y a un an sur son rôle dans l’évasion fiscale à l’échelle mondiale.
La CSE et Diassar Investment
Dans les archives de MF figurent aussi une transaction effectuée en août 1998 par la Compagnie Sahélienne de d’entreprises, une des plus grandes entreprises privées de travaux publics en Afrique de l’ouest.
Via une entreprise dénommée, Diassar Investment limited , la CSE, a effectué un virement de 5.424.000 (Francs Français à l’époque) à l’ordre de la Nouvelle Menuiserie Provençale, une PME, qui d’après nos recherches avait pignon sur rue dans la zone industrielle de la Sodida à Dakar.
L’argent qui a circulé entre deux entités établies dans le même pays, est issu d’un compte de la CSE, logé à la banque Crédit Commercial de France (devenue, aujourd’hui HSBC France).
Dans les fichiers de MF, un compte rendu de réunion, mentionne noir sur blanc, le propriétaire de la Cse comme directeur de Diassar Investment, domicilié aux îles Vierges Britanniques avec comme client (intermédiaire), le Crédit Commercial. Des experts contactés par Ouestafnews nous ont précisé que la transaction peut être parfaitement être légale.
Jointe par notre rédaction, la CSE par l’intermédiaire de son secrétaire général, Birane Wane, a refusé toute réponse, préférant menacer Ouestafnews de poursuites judiciaires. Dans son courrier, qui ne répond pas de manière précise à nos questions, M. Wane qualifie de « radicalement fausses» les faits relatés dans les documents de MF.
« Les faits sur lesquels porte votre interpellation remontent à plus de vingt ans (…) rien ne nous oblige à vous répondre », affirme le secrétaire général de la CSE qui a refusé de répondre à deux questions toutes simples, notamment sur la légalité ou non de la transaction mentionné plus haut et l’appartenance de Diassar Investment au patron de la CSE.