C’est maintenant que commence la politique politicienne au Sénégal. A treize (13) mois de la présidentielle de 2024, tous les coups sont permis et Macky Sall ne s’en prive pas. Déterminé à rempiler pour un troisième mandat consécutif (second quinquennat selon la mouvance présidentielle), Macky Sall ne fait aucun cadeau. Le président sortant qui s’accroche au pouvoir, après avoir lui-même dit que c’était son dernier mandat, va nettoyer le champ politique de tous les candidats gênants. Après avoir écarté ses principaux rivaux, Karim Wade et Khalifa Sall, le voilà qui s’apprête à liquider Ousmane Sonko et Mimi Touré…
Ousmane Sonko est cuit. Il a commis des bévues et Macky Sall s’est engouffré dans la brèche qu’il a ouverte pour le mettre définitivement hors de course. Ousmane Sonko a commis la faute de trop qui va lui être fatale. Tout le monde sait que le pouvoir veut profiter de l’affaire Adji Sarr pour le liquider. Pendant longtemps, le régime du Président de la République Macky Sall a cependant hésité à franchir le rubicond car craignant qu’en cas de condamnation de Ousmane Sonko suivie de la privation de ses droits civiques, cela ne puisse donner lieu à des soulèvements populaires.
Cette vision est loin d’être conforme à la réalité, et le pouvoir vient de s’en rendre compte. C’est Ousmane Sonko qui a soulevé lui-même une grosse pierre qu’il s’est lancé sur ses pieds. Car, c’est lui qui dans sa suffisance, comme pour montrer qu’il pouvait mettre la pression sur le pouvoir et se tirer d’affaire si son procès avec Adji Sarr se tenait, a appelé les citoyens à un concert de casseroles et de coups de klaxons des véhicules le 31 décembre à l’heure où le Président de la République délivrait son message à la nation.
Son appel à la manifestation a fini en eau de boudins. Les Sénégalais ont été peu à le suivre dans son concert de casseroles et de coups de klaxons des véhicules. Du coup, le régime a réellement pu jauger la représentativité de Ousmane Sonko sur l’échiquier politique national. Contrairement aux apparences, Ousmane Sonko n’a pas cette représentativité qu’on lui prête. Il est comme l’aurait dit feu Mao-Tsé-Toung, un « tigre en papier ». Il a servi les armes à Macky Sall. Et ce dernier va s’en servir pour le mettre définitivement out en 2024.
Le cas Ousmane Sonko réglé, Macky Sall s’attaque à présent au dossier Aminata Touré. A peine, Mimi Touré a fini de déclarer sa candidature à l’élection présidentielle de 2024, qu’un rapport de l’Inspection générale d’Etat (IGE) datant de 2021, concernant sa gestion à la tête du Conseil économique, social et environnemental (CESE) est rendu public. L’on reproche à Mimi Touré des fautes de gestion tournant autour de plus de 2 milliards FCFA.
Personne ne croit qu’il y’a dans ce rapport quelque chose de si probant pouvant épingler réellement Mimi Touré. Si ce rapport sur Mimi Touré était aussi grave, pourquoi le pouvoir a-t-elle permis à cette dernière d’être sa tête de liste aux Législatives passées ? En réalité, le pouvoir agite ce rapport, uniquement pour mettre Mimi Touré hors de course en 2024, et en même temps la priver de son mandat de député.
Ousmane Sonko mis hors de course de la présidentielle à l’issue de son procès avec Adji Sarr qui l’accuse de viols répétitifs et de menaces de mort, Mimi Touré également empêchée de se présenter, le chemin est tout balisé pour Macky Sall en 2024. Macky Sall se retrouvera seul en 2024, sans candidat valable pour rempiler tranquillement à un troisième mandat à la Présidentielle. Macky Sall sait que ce n’est pas le Conseil constitutionnel qui va désapprouver sa candidature. Car, un Conseil constitutionnel n’a jamais prononcé un avis contraire à celui du Président.