Exclusif: Gambie: Le général Mansour Seck parle : Intervention sénégalaise, Sécurité des sénégalais et celle de Barrow, l’armée Gambienne….

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Enfin le général Mansour Seck s’est prononcé sur la situation qui prévaut actuellement en Gambie. En choisissant mediaspost.com, l’ancien chef d’Etat-major des armées (CEMGA) qui a évité de rentrer dans les détails techniques, a donné son avis sur le commandement que le Sénégal pourrait diriger en cas d’intervention, sur la sécurité des sénégalais en Gambie et sur celle de Adama Barrow entre autres. Tout en accordant la priorité à la persuasion et à la diplomatie, il a déclaré toutefois que le Sénégal doit être prêt pour tout type de situation.

Mediaspost.com :

Mon général, on ne vous a pas encore entendu sur la crise gambienne. Pouvez-vous nous dire ce que vous en pensez ?

Général : Ecoutez le Sénégal a bien fait d’avoir privilégié la diplomatie, la persuasion. Le Sénégal a suscité tout un processus international en ayant recourt à la Cedeao à l’Union africaine et au Conseil de sécurité où il est membre non permanant. Donc, toute la communauté internationale dit la même chose, ce monsieur a perdu les élections et l’a reconnu. A partir de ce moment-là, tout le monde est prêt à assurer la relève. Ceci étant dit, moi personnellement, je n’ai pas été surpris de la volteface de ce Monsieur. J’étais plutôt surpris qu’il ait accepté facilement et pacifiquement sa défaite. Ça, ça ne lui ressemble pas. En plus, il doit y avoir du bluff dans tout ça, peut-être même que dans sa déclaration de mardi en disant qu’il allait rester, ça peut être encore du bluff.

Mais ce que le Sénégal n’a pas le droit de faire, c’est de ne pas être prêt pour tout type de situation. Même si la priorité est la persuasion et la diplomatie, le Sénégal doit faire des limites, un deadline. D’abord qu’on ne touche pas à un cheveu des Sénégalais qui sont nombreux en Gambie. Il ne faut pas qu’on l’accepte et même dans un certain sens, protéger la vie de Barrow qui est nouvellement élu. Ça se sont les limites. Mais encore une fois, tout le monde espère que ce Monsieur aura la sagesse de reconnaitre ce que le peuple gambien veut et que tout le monde en est témoin. Et je crois qu’il y a quelqu’un comme Trump, le Président des Etats Unis qui a dit que s’il ne veut pas terminer comme Khadafi, il vaut mieux qu’il laisse le pouvoir à celui qui a été élu.

« Je n’ai pas été surpris de la volteface de ce Monsieur. J’étais plutôt surpris qu’il ait accepté facilement et pacifiquement sa défaite. Ça, ça ne lui ressemble pas »

Il est de plus en plus isolé, même par ses propres fonctionnaires, en particulier les ambassadeurs et récemment son Ministre des Affaires étrangères, lui, l’a lâché. Alors qu’est-ce qui lui reste. Bon, il dit qu’il est guidé par le Bon Dieu et que personne ne peut savoir quels sont ses secrets et que, à tout moment, il peut enlever quelqu’un. Mais il y a le sens de la responsabilité qui lui revient. Et je pense aussi que le Sénégal a été très intelligent, très objectif en ne se montrant pas en premier. Le Sénégal n’était pas dans la délégation des quatre chefs d’Etat de la Cedeao. Ce qui était très bien, parce que ce Monsieur a tendance à dire que ce qui ne va pas en Gambie c’est le Sénégal et que nous sommes prêts à l’envahir. Alors en parlant d’envahir, le verger de la Gambie ne pose pas problème du point de vue technique, du point de vue militaire.

« Ce que le Sénégal n’a pas le droit de faire, c’est de ne pas être prêt pour tout type de situation »

Mais encore une fois, nous sommes une démocratie, nous maintenons depuis Senghor que les peuples soient souverain et qu’il ait les dirigeants qu’il veule. Mais encore une fois quels que soient les cas de figure, le Sénégal ne peut pas se permettre de louper quoi que ce soit dans n’importe quelle situation, nous devons être prêts pour ça.

Mais le Sénégal devrait être très ferme à l’égard de Yahya Djammeh cette fois-ci…

 Mais je crois que c’était le cas tout en utilisant la diplomatie. La Gambie est entourée un peu partout par le Sénégal. En 1980, la Gambie n’avait pas d’armée, c’est nous-mêmes qui avons formé la Gambie, donc on n’a jamais cherché à envahir ce pays. Ce que l’on veut justement démontrer c’est que la démocratie, c’est le pouvoir du peuple. Donc, il faudrait qu’il respecte ce que la population gambienne fait. Mais, il ne faut pas qu’il ait un débordement à l’encontre du Sénégal en quoi que ce soit, en commençant, d’abord, par la population sénégalaise qui est sur place.

Vous citez les années 80 où le Sénégal était parti pour restaurer la démocratie en Gambie. Mais entre 80 et 2016, des choses se sont passées sur le plan militaire. On parle même que Yahya est surarmé….

Je me rappelle avoir réagi lorsque les armes Iraniennes sont arrivées dans ce pays et qu’on savait que ce n’était pas seulement pour la Gambie, que c’était certainement le Mfdc qui en avait bénéficié. Je me rappelle avoir demandé l’audience du Ministre des Affaires étrangères, Maître Niang, pour dire que ce pays-là, il faut savoir utiliser le bâton et la carotte. Ecoutez, on a tout fait. Vous voyez que le Président Macky Sall, son premier voyage amical fraternel, il l’a consacré à la Gambie. On a jeté la première pierre  pour le Pont qui serait d’abord un avantage pour la Gambie pour pouvoir réunir les populations du Nord et du Sud. Tout ça on l’a essayé, on a montré de la bonne foi, mais il y a une limite quelque part.

Et par rapport à cette supposée puissance de feu que l’on attribue à la Gambie…

Tout est relatif, mais je pense que, de ce côté-là, on n’a pas à se plaindre. Mais on peut quand même protester et prendre des mesures, quand on sait qu’ils sont surarmés. Le seul voisin qu’il a, c’est le Sénégal à part la mer, donc à nous d’être prêts. Mais encore une fois, je n’insiste pas sur ce côté-là, j’insiste sur le fait qu’on soit prêt pour tout état de situation. Mais encore une fois, privilégions la diplomatie et qu’on persuade ce Monsieur. Lorsque que le Président Macky dit qu’il faut lui montrer du respect et une peut être une porte de sortie parce que peut être les tribunaux l’attendent, je suis aussi pour cela. Encore une fois, il n’est pas question de mettre la priorité sur l’action militaire.

« Du point de vue armée nous les connaissons bien pour les avoir formés »

 

Si Chambas l’a dit, ce n’est pas une autorité sénégalaise qui l’a dit, mais encore une fois, ça n’empêche pas que nous nous préparions pour tout cas de figure, parce que c’est un bluffeur ce Monsieur

En cas d’intervention militaire, le Sénégal est cité pour assurer le commandement des forces des de la CEDEAO . Qu’en pensez-vous?

Oui ça, c’est l’aspect technique. Je pense que de toute façon, on est mieux placé du point de vue territorial, du point de vue des cartes, etc. Ça dépend de la participation des unités. On parle des forces en attente, ça dépend de la composition. En principe, c’est l’Etat qui a l’effectif le plus grand qui prend le commandement. C’est un problème d’ordre technique, je pense qu’on le veuille ou non, les Sénégalais connaissent mieux la Gambie que les Nigérians etc. Ce qui est plus important, ça serait un mandant soit de la Cedeao, soit des Nations unies. Ce qui est tout à fait objectif et légitime. Je signale également quand on touchera aux Sénégalais, le Chapitre 7 des Nations Unies sur la légitime défense, on pourrait également le jouer.

Pensez-vous que l’armée sénégalaise peut restaurer rapidement Adama Barrow au pouvoir ?

Encore une fois, l’occupation même de la Gambie ne pouvait pas être un problème pour l’armée sénégalaise. Je signale que les Gambiens sont 2 millions et que peut être les 1million 500 sont pour le départ de ce Monsieur, du point de vue armée nous les connaissons bien pour les avoir formés que ce soit la gendarmerie, etc. Avant, il y avait une force de police avec un orchestre national, donc nous connaissons, c’est le même peuple, la même culture, etc. Mais encore une fois, cette décision ne peut être prise que par les politiques, ce n’est pas les militaires qui prennent ces décisions et même les militaires privilégie la diplomatie.

Donc techniquement la Gambie ne peut pas résister à l’armée sénégalaise…

En tout cas, ça m’étonnerait qu’il ait le kilo de comparer l’armée sénégalaise à l’armée gambienne. Cela ne serait pas logique, cela ne serait pas réfléchi. Mais encore une fois, on ne cherche pas à faire un conflit en quoi que ce soit, mais quand même on peut accompagner le peuple Gambien dans ce qu’il veut, c’est lui qui est souverain.

Une intervention militaire ne porterait-elle pas préjudice à la Casamance ?

Je ne rentrerai pas dans les détails techniques, mais je me résume en disant : Premièrement, priorité à la diplomatie. Deuxièmement, le Sénégal doit être prêt pour tout état de figure, pour toute situation telle qu’elle soit pour me résumer.

Entretien réalisé par

Jacques Ngor SARR

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