Il faut comprendre deux choses. D’abord, Alioune Ndao avait menacé de démissionner.
Ensuite, le procureur Ndao ne s’entendait plus avec les autorités qui veulent sacrifier Karim Wade tout en portant la couverture sur d’autres personnes qu’il suspectait en tant que procureur de la CREI.
Au début de la traque, le procureur Alioune Ndao a été gonflé au terme de son audience avec le président Macky Sall et Mme Aminata Touré. C’est ce jour qu’il a reçu sa feuille de route et la liste des responsables du Pds et proches de Me Abdoulaye Wade qu’il devait poursuivre.
Sur la liste, il y avait : Karim Wade, Me Madické Niang, Samuel Sarr, Abdoulaye Baldé, Tahibou Ndiaye, Omar Sarr, Farba Senghor, Me Ousmane Ngom. On se rappelle le point de presse tenu par Alioune Ndao qui avait manifesté une haine injustifiable à l’endroit de Karim Wade dont il refusait de citer le nom devant les journalistes.
En plus d’avoir les noms, l’ancien procureur avait reçu également une liste de biens supposés appartenir à Karim Wade. Lorsque les investigations ont démarré, Alioune Ndao a été surpris de voir qu’il a été trompé sur le dossier de Dubaï Port World. Et c’est à travers la RTS qu’il a vu le président Macky Sall recevoir les patrons de DPW dans la résidence sénégalaise de Paris. Il était en pleine procédure, et il était obligé de soustraire DPW dans le faux patrimoine attribué à Karim Wade. Cette entreprise représentait plus de 300 milliards de FFCA sur les 694 milliards attribués au fils de l’ancien président. Ce fut le premier désaveu contre le procureur spécial.
Quelques semaines après, le président Macky Sall se rend au Maroc avec son épouse. Au terme de cette visite, la banque BMCE sera extraite du patrimoine supposé de Karim Wade. Second désaveu pour Alioune Ndao qui voit ses charges retenues contre Wade-fils s’effondrer petit à petit.
Lorsque la durée de la première mise en demeure de Karim Wade est épuisée, un compte monégasque d’un montant de 99 milliards retrouvé à Monaco a été présenté pour prolonger la détention du fils de Me Abdoulaye Wade, après 06 mois. Ces 99 milliards n’ont jamais existé e compte existait depuis longtemps et Macky Sall connaissait l’existence ce compte bancaire lorsqu’il était premier Ministre. Il a été mandataire du président Wade à un moment donné. On se rappelle, lorsque Idrissa Seck sortait de prison, ce jour Macky Sall était à Monaco sur instruction du président Wade. C’était la partie du protocole de Reubeuss qui se jouait à Monaco. Nous y reviendrons.
Alioune Ndao a tardivement compris qu’il a été abusé sur ce dossier aussi par l’autorité.
Au terme de sa seconde mise en demeure, le procureur reçoit l’information sur un compte bancaire supposé appartenir à Karim Wade d’un montant de 45 milliards trouvé à Singapour. En vérité cette information a été balancée au procureur par mail par une autorité depuis Paris. Alioune Ndao pensait détenir du béton. Mails il sera surpris d’apprendre que ce compte n’existe pas et qu’il a été encore une fois abusé. C’est ce qui explique le désarroi qui envahit la Cour à chaque fois que Karim parle de ce compte de Singapour.
Alioune Ndao qui a tardivement compris qu’il a été trompé dans plusieurs dossiers concernant Karim Wade aurait décidé de se méfier des charges venues de son patron. Il ne voulait plus suivre son Ministre de tutelle Me Sidiki Kaba mandaté par Macky Sall pour gouverner exclusivement le dossier Karim. Sa crédiblité était en jeu.
Quand Alioune Ndao a voulu arrêter Abdoulaye Baldé, Tahibou Ndiaye, Ndéla Wade, Abdoulaye Diop et Pape Diop, la présidence a marqué son véto. Ainsi, lorsque le président Sall et son Ministre de la Justice ont donné leur accord pour laisser Bibi Bourgi partir en France, le procureur s’y était opposé. Abdoulaye Baldé, Omar Sarr et Me Ousmane Ngom devaient prendre part à des conférences internationales, le procureur Ndao avait refusé de lever l’interdiction de sortir en dépit de l’accord donné par le président de l’Assemblée Nationale et le Ministère.
Le climat était devenu délétère. Il y avait un réel problème de personne entre Alioune Ndao, Sidiki Kaba et Macky Sall. Le procureur spécial était devenu spécialement incontrôlable. Et pour prendre sa revanche, le procureur a ouvertement dit au Ministre Sidiki Kaba qu’il ne suivrait pas le président de la Cour si ce dernier décidait de condamner Karim Wade. Chiitt… C’était la goutte de trop… Et les Sénégalais allaient assister à un grand coup de théâtre à la CREI.
Mieux encore, il avait menacé de démissionner. C’est ce qui explique son limogeage en pleine audience pour couper l’herbe sous ses pieds