Pour faire face à un problème social tel que les violences faites aux jeunes, particulièrement aux filles dans le système éducatif, une rencontre d’échanges et de sensibilisation des adolescentes s’est tenue au lycée Ahmadou Ndack Seck de Thiès.
« Aux filles qui vont à l’école, je leur demande de ne pas s’aventurer à avoir un conjoint, encore moins de chercher un copain avant la fin de leur cursus scolaire ou universitaire. Pour avoir été victime d’une grossesse précoce, j’accuse, aujourd’hui, un retard de trois années scolaires sur ma promotion. Je suis en classe de Terminale S1, mais le fardeau est trop lourd », a confié E. Thiam. Selon elle, partagée entre les caprices d’un conjoint, la responsabilité d’une jeune femme mère et surtout le regard pesant des autres, il faut beaucoup de courage. « J’avoue avoir souvent des regrets, de m’en vouloir d’avoir cédé à des écarts d’adolescentes », a-t-elle ajouté. Mme Thiam s’exprimait lors d’une rencontre d’échanges et de sensibilisation des adolescentes initiée au lycée Ahmadou Ndack Seck dans le cadre d’un projet conduit par Mme Ndèye Nar Bèye Diba, le point focal au niveau de l’inspection d’académie de Thiès.
« Ces actions rentrent dans le cadre d’une sensibilisation permanente des jeunes filles dans le système éducatif sur les risques liés aux grossesses contractées durant leur cursus. Outre les questions de santé, le retard, voire l’abandon, de leurs études après tant d’années de sacrifices des parents, mais aussi des victimes demeure une des conséquences terribles pouvant les affecter toute la vie », a-t-elle souligné.
Pour Mme Diba, la délicatesse de la question fait qu’une équipe pluridisciplinaire les accompagne dans le travail. « Grâce à des partenaires comme Equitas, Raddho, entre autres, des psychologues, des professionnels de la santé et des juristes nous aident à partager avec les élèves, les professeurs, l’administration des établissements… », a-t-elle révélé.
Dans son adresse, Ibrahima Samb, proviseur du lycée, a déclaré bien accueillir les alertes lancées à la cible adolescente de son établissement. « Avec un effectif de 3.000 élèves, dont un nombre important de filles qui occupent très souvent les premières places, de telles rencontres sont à saluer et à démultiplier », a-t-il soutenu.
Selon une enquête commandée par le ministère de l’Éducation nationale, sur les grossesses en milieu scolaire, Thiès est à 6 %. Et contrairement à ce qu’insinuent de nombreuses personnes, les cas impliquant des enseignants sont de l’ordre de 2 % et leurs auteurs sont sanctionnés à la hauteur de la faute.