Comment concilier la réalisation de projets de développement et économique, et remboursement d’une dette colossales qui culmine jusqu’à 120% du PIB ? Pour répondre à ce dilemme, le président gambien Adama Barrow n’y va pas par quatre chemins. Il a tout simplement demandé aux créanciers de son pays de rendre soutenable cette dette insoutenable afin de permettre à Banjul de payer plus facilement sa dette.
«Nous lançons un appel à tous, au Club de Paris ainsi qu’aux créanciers bilatéraux et multilatéraux… La dette représente actuellement 120% de notre PIB. Elle est très élevée et c’est la raison pour laquelle nous demandons une restructuration », a estimé le ministre gambien des Finances Amadou Sanneh, jeudi dernier, à Paris lors de déplacement pour participer à un forum organisé par le Club de Paris dont les propos sont rapportés par La Tribune Afrique.
Le club de Paris regroupe des créanciers publics, dont des pays comme la France, les Etats-Unis, l’Allemagne ou le Japon. Suite à l’alternance en 2016, le nouveau président gambien Adama Barrow a engagé de nombreux projets en vue d’améliorer les conditions de vie des Gambiens. Mais il se heurte à cette lourde dette qui grève le budget du pays.
La situation est si critique que même la Banque mondiale reconnait qu’à un tel niveau d’endettement (1 milliards de dollars), les intérêts à rembourser grèvent une part importante des ressources de l’Etat, évalué dans le cas de la Gambie à 50% des recettes budgétaire.
A titre d’exemple, le président peine à mettre sur pied le plan de 2, 5 millions de dollars d’investissement engagé dans l’énergie, les infrastructures et l’agriculture. «Notre dette est insoutenable … Le service de la dette accapare une part énorme des ressources de l’Etat, ne laissant qu’une marge de manœuvre budgétaire minime pour le financement requis des infrastructures cruciales et du capital humain », a admis le gouvernement gambien face aux bailleurs de fonds, lors de la présentation de son plan de développement.
Comme la plupart des pays de l’Afrique de l’Ouest, la Gambie a son plan de développement gouvernemental. Celui-ci s’étend de 2018 à 2021 et vise un investissement de 2,5 milliards de dollars dans les domaines énergétique, infrastructurel et agricole. Selon La Tribune Afrique, le pays en a besoin pour relancer son économie plongée dans le noir par la gestion très contestée du président déchu Yahya Jammeh
L’actuel régime dirigé par l’homme d’affaire Adama Barrow ne se fait pas d’illusion. « Nous n’avons pas de marge de manœuvre budgétaire. Mais nous avons toujours des défis comme fournir de l’électricité à nos citoyens, ainsi que des routes et des infrastructures », a encore dit M. Sanneh face à ses interlocuteurs.
La restructuration que souhaite avoir la Gambie est utile pour l’aider à atteindre les prévisions de croissance économique de la Banque africaine de développement de 3,5% en 2017 et 4,8% en 2018, une forte augmentation par rapport aux 2,1% de 2016, note le journal économique panafricain.
En fait la dette de ce petit pays enclavé dans le Sénégal est allé grandissante depuis 2013.
La dette de la Gambie représentait 80% de son PIB en 2013. Mais elle a connu une forte augmentation pour se retrouver à 120% du PIB en 2017.
Au FMI et à la Banque mondiale, on estime qu’entre 2013 et 2016 la richesse nationale par habitant a chuté de 20%, s’établissant actuellement à 435 dollars.
En conséquence, le classement en matière de développement place la Gambie à la 175ème place sur 187 alors que le taux d’alphabétisation dans le pays tourne autour des 50%, rappelle-t-on.
Noël SAMBOU