Donald Trump a proposé lundi “une hausse historique” des dépenses du Pentagone pour répondre aux menaces d’un monde “dangereux”. Cette augmentation de 54 milliards de dollars serait en particulier compensée par une réduction de l’aide internationale.
À la veille de son premier discours devant le Congrès, Donald Trump semble décidé à concrétiser sa promesse de campagne : « Nous dépenserons moins à l’étranger et plus chez nous. »
À l’occasion d’une rencontre avec des gouverneurs, le président américain a annoncé une augmentation de 54 milliards de dollars du budget de la Défense, soit une hausse d’environ 9% d’une année sur l’autre.
Celle-ci sera compensée par une baisse d’un montant équivalent pour les dépenses non-militaires, soit « la proposition de réduction la plus importante depuis les premières années de l’administration Reagan (1981-1989) », selon Mick Mulvaney, directeur du Budget. Parmi les coupes envisagées, la réduction de l’aide internationale a été évoquée.
L’exécutif américain a souligné que ce n’était que le début du processus de consultations et a refusé de rentrer dans le détail des baisses attendues du côté du puissant département d’État, en charge de la diplomatie américaine, ou encore de l’Agence de protection de l’environnement (EPA), en pointe dans la lutte contre le changement climatique.
« Un événement majeur pour l’Amérique »
La présentation détaillée du budget fédéral (d’un montant total de près de 4 000 milliards de dollars) n’est cependant pas attendue avant plusieurs mois. Et les discussions s’annoncent, comme à chaque fois, ardues avec le Congrès qui tient les cordons de la bourse.
La défense représente environ la moitié des dépenses du budget de fonctionnement de l’État fédéral, qui elles-mêmes ne représentent qu’environ un tiers de toutes les dépenses fédérales (les deux autres tiers concernent les grands programmes sociaux de santé et de retraite).
« Vous en saurez plus demain (mardi) soir », a ajouté Donald Trump. « Ce sera un événement majeur, un message au monde en ces temps dangereux, sur la force et la détermination de l’Amérique », a encore dit le président septuagénaire qui avait évoqué il y a quelques jours « la plus grande montée en puissance de l’armée de l’histoire de l’Amérique ».
Les démocrates montent au créneau
Cette annonce a été immédiatement dénoncée avec force par les élus de l’opposition. Le chef des démocrates du Sénat, Chuck Schumer, a jugé que ce projet de budget reviendrait à faire des coupes sombres dans les programmes « qui bénéficient à la classe moyenne, protègent les consommateurs de Wall Street et assurent la qualité de l’air et de l’eau ».
Soulignant que le leadership américain dans le monde reposait sur une palette d’outils, son collègue Chris Coons a insisté sur l’impérieuse nécessité de continuer à investir dans la diplomatie et le développement. Et a rappelé les propos de 2013 du général Jim Mattis, aujourd’hui chef du Pentagone : « Si vous ne financez pas complètement le département d’État, je dois acheter plus de munitions ».
Début février, des chefs militaires américains avaient décrit devant le Congrès une armée américaine affaiblie par des années de ressources budgétaires insuffisantes et près de deux décennies de conflits. S’ils ont déjà convaincu Donald Trump, c’est le Congrès qui tient in fine les cordons de la bourse.
« Gagner de nouveau des guerres »
Profitant des retraits des troupes américaines d’Irak et d’Afghanistan, son prédécesseur démocrate, Barack Obama, avait réduit les dépenses militaires. Elles demeurent toutefois de loin les plus importantes du monde, avec un budget de près de 600 milliards de dollars (soit 3,3 % du PIB).
Elles sont ainsi près de trois fois supérieures à celles de la Chine, la deuxième puissance militaire mondiale, et plus de huit fois supérieures à celles de la Russie, selon les chiffres de l’institut de référence suédois Sipri.
« Nous devons gagner, nous devons commencer à de nouveau gagner des guerres », a lancé Donald Trump à l’occasion d’une rencontre avec les gouverneurs, reprenant des propos de campagne. Quand j’étais jeune, tout le monde disait que nous ne perdions jamais de guerre. Vous vous souvenez ? L’Amérique ne perdait jamais. Et maintenant, nous ne gagnons jamais de guerre. »