Etats-Unis: le limogeage du patron du FBI provoque une tempête à Washington

 

 

 

D’après des informations du New York Times, relaye la Rfi, le patron du FBI James Comey était en train de rencontrer des agents fédéraux quand, sur les écrans de télévision, est apparue la nouvelle : Donald Trump met fin immédiatement à ses fonctions à la tête de la police fédérale américaine. Onde de choc à Washington. Chez les démocrates, mais aussi chez les républicains.

« Monsieur le président, avec tout le respect que je vous dois, vous commettez une grave erreur. » C’est ainsi que le chef de file de l’opposition démocrate du Sénat, Chuck Schumer, a réagi à l’annonce du limogeage du patron du FBI James Comey par Donald Trump.

Lors d’une conférence de presse au Capitole, il a appelé à la nomination d’un magistrat indépendant pour conduire l’enquête russe, actuellement menée par le FBI, jugeant que les Américains étaient en droit de soupçonner que ce limogeage constituait une tentative d’ « étouffer » l’affaire.

« Nous savons que le FBI est en train d’enquêter pour déterminer si l’équipe de campagne de Donald Trump a conspiré avec les Russes. Un délit très sérieux, a commenté l’élu démocrate. Est-ce que, selon le président, cette enquête se rapprochait trop ? »

« Il est troublant que le procureur général Jeff Sessions, qui s’est récusé de cette enquête sur les liens avec les Russes, joue un rôle dans le limogeage de l’homme qui mène cette enquête », conclut le sénateur démocrate Chuck Schumer.

 Trouble dans les deux camps

Tim Kaine, l’ex-colistier d’Hillary Clinton, a jugé aussi que le limogeage « montre à quel point l’administration craint l’enquête sur la Russie », y voyant la tendance croissante de l’administration à « cacher la vérité ».

Mais l’opposition démocrate n’est pas la seule à douter de la Maison Blanche. Le malaise se répand aussi chez les républicains. Elu du Congrès et fidèle parmi les conservateurs, Justin Amash a qualifié la lettre présidentielle de « bizarre ».

Il a aussi annoncé vouloir « créer une commission indépendante sur la Russie ». Et le chef de la puissante commission du Renseignement du Sénat, Richard Burr, s’est pour sa part déclaré « troublé » par le timing et les raisons avancées pour ce limogeage.

Une justification douteuse

Officiellement, ce serait la mauvaise gestion de l’enquête sur les fameux emails d’Hillary Clinton qui justifierait le limogeage du numéro un du FBI. Donald Trump, dans le courrier adressé à M. Comey, explique qu’il est d’accord avec l’analyse du ministère de la Justice, selon laquelle Comey n’est pas capable « de diriger de manière efficace le bureau ».

Ce qui est étrange dans les raisons avancées par la Maison Blanche, c’est que le président reproche à James Comey d’avoir mal traitée Hillary Clinton en dévoilant trop de détails de cette enquête, alors qu’il n’a eu de cesse durant la campagne d’utiliser ces détails pour attaquer la candidate démocrate. Le moins que l’on puisse dire, c’est que l’explication de la Maison Blanche peut prêter à discussion.

La fin d’une relation houleuse

Donald Trump, dans un premier temps, avait ouvertement critiqué durant la campagne électorale James Comey, qui recommandait avant l’été 2016 de ne pas lancer de poursuites à l’encontre d’Hillary Clinton.

Le candidat républicain avait ensuite critiqué le directeur du FBI, qui avait annoncé le lancement d’investigations sur des liens entre des proches de Donald Trump et Moscou.

En octobre dernier, on pensait pourtant la hache de guerre enfin enterrée. Donald Trump saluait alors le courage de James Comey, qui avait décidé de relancer l’enquête sur Hillary Clinton suite à la découverte de nouveaux messages. Finalement, cette embellie n’aura été que de courte durée.

Réaction à Moscou

Côté russe, la première réaction est venue du chef de la commission des Affaires étrangères au conseil de la Fédération, Constantin Kosatchov, rapporte notre correspondante à Moscou Muriel Pomponne. Pour lui, la piste russe n’est pas la première raison du limogeage de James Comey mais le résultat d’une lutte de politique intérieure, la réponse de Donald Trump aux départs forcés de plusieurs personnalités de son équipe sous la pression de l’opposition.

Une position partagée par le Kremlin, dont le porte-parole, Dmitri Peskov, a dit « espérer que cela n’aura pas d’impact » sur les relations entre les deux pays. « C’est une affaire absolument interne aux Etats-Unis, a-t-il estimé, une décision souveraine du président américain et qui n’a absolument rien à voir et ne doit rien avoir à voir avec la Russie. »

RFI

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