Etats-Unis : l’administration Trump relance la « bataille des toilettes »

Les ministères de la Justice et de l’Education sont revenus sur des directives permettant aux écoliers et étudiants transgenres de se rendre dans les toilettes et les vestiaires du sexe avec lequel ils s’identifient.

La « bataille des toilettes » est relancée aux Etats-Unis. L’administration du président américain Donald Trump a annoncé, mercredi 22 février, qu’elle mettait fin à un dispositif fédéral de protection des droits étudiants transgenres. Les ministères de la Justice et de l’Education, dirigés tous deux par des conservateurs chrétiens, ont en effet publié mercredi soir un bref communiqué indiquant qu’ils « retiraient les recommandations faites au titre de l’article IX [antidiscrimination] en 2015 et 2016″, sur l’accès à des installations non mixtes, comme des vestiaires ou des toilettes par exemple.

Il revient donc de nouveau aux Etats fédérés et aux districts scolaires de trancher dans ce qui avait été surnommé « la bataille des toilettes ». Ce débat avait été déclenché en mars 2016 par le gouverneur de Caroline du Nord d’alors, Pat McCrory, qui imposait notamment l’utilisation des toilettes publiques en fonction du sexe de naissance. Les étudiants transgenres sont souvent victimes d’humiliations et de vexations du fait de leurs camarades ou des administrations scolaires, qui maîtrisent mal les questions d’identité de genre.

Fin des mesures prises par Obama

La promulgation de la loi HB2 en Caroline du Nord avait immédiatement déclenché un mouvement de protestation, incarné par des artistes mais aussi de nombreuses multinationales, qui ont boycotté l’Etat et refusé de s’y installer ou de s’y produire. Le président Barack Obama avait pris le parti de mettre en œuvre des mesures fédérales au titre de l’article IX permettant aux écoliers et étudiants de se rendre dans les toilettes et les vestiaires du genre avec lequel ils s’identifient et non pas celui qui est sur leur acte de naissance.

En retour, toute la droite chrétienne s’était insurgée craignant une multiplication des agressions dans les toilettes des femmes. Les partisans des restrictions avaient également amené l’affaire devant la justice. Donald Trump avait clairement indiqué qu’il souhaitait laisser les Etats fédérés trancher, donnant ainsi l’avantage aux conservateurs, majoritaires dans bon nombre d’entre eux.

Une décision « dangereusement mauvaise »

Mara Keisling, responsable du Centre national pour l’égalité transgenre, a estimé que cette décision des ministères de la Justice et de l’Education était « tout simplement et dangereusement, mauvaise et fausse ». « Révoquer les recommandations démontre que les promesses du président Trump de protéger les droits de la communauté LGBT [lesbiennnes, gays, bi et trans] étaient tout simplement de la rhétorique creuse », a accusé James Esseks, le responsable LGBT de l’Aclu, la plus importante association de défense des droits civiques aux Etats-Unis.

James Esseks a toutefois souligné que la décision de l’administration ne privait pas les étudiants transgenres du droit à être protégés de toute discrimination. Betsy DeVos, la très controversée ministre de l’Education, a d’ailleurs promis dans un communiqué que « le département des droits civiques du ministère s’engageait à enquêter sur toute plainte de discrimination ou de harcèlement contre ceux qui sont le plus vulnérables dans nos écoles ».

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