Quarante jours après son arrivée tonitruante au pouvoir, Donald Trump tient un discours ce mardi 28 février devant les deux chambres du Congrès américain. Depuis Ronald Reagan en 1981, l’invitation par les élus faite au nouveau président est devenue une tradition. Mais rarement cet évènement n’a été autant attendu qu’aujourd’hui.
A 21h, ce mardi 28 février (heure de Washington), Donald Trump montera à la tribune du Congrès américain pour s’adresser pour la première fois depuis son investiture aux élus américains, mais aussi à des millions de téléspectateurs. En plein prime time, ce sera une occasion unique pour le nouveau locataire de la Maison Blanche de prendre un autre départ après un début de présidence à la teneur chaotique.
« Pensez à la polémique suscitée par le décret interdisant certains étrangers d’entrée sur le territoire américain qui a finalement été suspendu par la justice. Pensez à la démission de son conseiller à la sécurité intérieure, à ses attaques contre la presse. Tout cela a bouleversé le pays, rappelle Alan Abramowitz, professeur en Sciences politiques à l’Université Emory à Atlanta.Pour un président en début de mandat il est très bas dans les sondages (seuls 42% des Américains ont un avis favorable, selon le dernier sondage de l’institut Gallup, ndlr.). L’enjeu pour lui est donc de rassurer l’opinion publique. La question est de savoir s’il ne s’adressera encore une fois qu’à ses fidèles partisans ou cette fois-ci à un public plus large ».
Un président dirigiste et sa majorité républicaine
Mais les électeurs américains ne sont pas les seuls à avoir besoin d’être rassurés. Les élus du Congrès aussi, y compris ceux de la majorité républicaine, voudraient savoir quelle sera la place que ce président dirigiste leur laissera.
« Donald Trump a agi principalement par décrets qui sont par définition des décisions unilatérales du président. Pour l’instant il n’y a eu aucune législation de votée ou même de proposée, constate la politologue Françoise Costes, spécialiste des Etats-Unis à l’Université de Toulouse. Alors qu’effectivement la fonction principale du Congrès, c’est de débattre sur les projets de loi et de les voter. Le Congrès est donc en attente d’un programme. Concrètement, les élus veulent savoir ce que le président va leur demander de faire ».
Une allocution centrée sur « le renouveau de l’esprit américain »
Le porte-parole de la Maison Blanche, Sean Spicer, a fait savoir que l’allocution sera centrée sur « le renouveau de l’esprit américain ». Donald Trump veut surtout montrer qu’il est dans l’action. Selon l’avis de nombreux analystes, le président mettra l’accent sur ce qu’il estime avoir déjà accompli depuis son investiture.
Et pour le reste, estime Jean-Eric Branaa, maître de conférences à l’université Paris II-Assas, Donald Trump répétera probablement encore une fois ses promesses de campagne, à savoir « qu’il faut mettre fin à l’Obamacare pour pouvoir donner un plan qui sera encore plus fabuleux et formidable que ce qu’il y avait avant. Qu’il va travailler sur l’immigration et fermer les frontières. Qu’il va aller sur la sécurité. Il va parler surtout de patriotisme économique. Il va répéter cette phrase qu’il a dite il y a trois jours et qui a été très forte: « Je ne suis pas le président du monde, je suis le président des Etats-Unis. Vous n’êtes pas les élus du monde, vous êtes les élus des Etats-Unis ». Je pense que c’est ça le message que va délivrer Donald Trump au Congrès ».
Le budget : un futur point de discorde entre Trump et le Congrès ?
Pourtant les élus, et surtout les républicains au Congrès, attendent de leur président des détails, une véritable feuille de route législative pour les mois et années à venir. Mais l’annonce faite ce lundi par Donald Trump de vouloir augmenter les dépenses pour l’armée américaine de 9%, soit de 54 milliards de dollars, au détriment d’autres ministères (et notamment du Département d’Etat et de l’Agence américaine pour la protection de l’environnement) a suscité de nouvelles inquiétudes.
Le président refuse de toucher à la protection sociale qui engloutit les deux tiers des dépenses fédérales, or c’est là que de nombreux élus républicains souhaitent faire des économies. A l’avenir le budget constitue ainsi un probable point de discorde entre le président et sa majorité au Congrès. Le choix de Donald Trump de s’imposer de cette manière à la veille de son discours devant les élus laisse présager un futur rapport de force ardu.
L’opposition démocrate cherche des bâtons à mettre dans les roues présidentielles
Après avoir boycotté en partie l’investiture présidentielle en janvier, les démocrates semblent avoir changé de stratégie. Pour le discours de ce mardi, ils ont invité des personnes victimes des politiques de Donald Trump. Ainsi on retrouvera dans les galeries qui surplombent l’hémicycle des musulmans, des enfants de migrants clandestins ou encore des homosexuels. L’accueil que les élus démocrates réserveront au nouveau président devrait donc être au mieux glacial ce mardi soir.
Reste à savoir comment réagira Donald Trump dont on connaît la difficulté à rester calme face aux critiques. La Maison Blanche a en tout cas promis un discours au ton optimiste et positif. Cela étant dit, pour son investiture, l’entourage de Donald Trump avait promis un discours sur le thème de l’union. Mais on s’en souvient, ce sont des propos pour le moins clivants qui avaient été prononcés.