Esclavage en Libye: « Je me suis même prostituée pour sauver mon frère »

La situation des migrants sénégalais en Libye n’est pas du tout facile et pour ces derniers et pour leur propre famille. Souvent abandonnés par les passeurs et capturés par les groupuscules libyens, certains migrants aventuriers étaient dans l’obligation de faire appel à leur famille pour sauver leur peau.

C’est le cas de Pathé Ndir qui ne doit son salut qu’au concours de sa famille et surtout de sa petite soeur qui a usé de tous les moyens en sa possession pour racheter son frère des mains des milices.

En effet, juste avant l’éclatement de la traite d’êtres humains en Libye, Pathé Ndir, au bord du désarroi a téléphoné à ses parents, demeurant à Keur Massar, afin qu’ils lui envoient la somme de 1 million 500 mille pour lui permettre de se tirer d’affaire et de revenir au Sénégal.

Seulement ses parents sont pauvres et n’ont pas les moyens de satisfaire sa demande. Toute la famille est alors désemparée.

Ils tentent de vendre les quelques biens en leur possession mais ils sont toujours loin du compte. Ils sollicitent les autres membres de la famille et finissent par réunir en tout et pour tout la modique somme de 900 mille Francs CFA.

Aïda, la soeur cadette de Pathé, maintenu en esclavage en Libye, prend sur elle la responsabilité de compléter l’argent. Elle tenait une gargote à la gare routière de Rufisque mais son travail ne lui rapportait pas assez.

Animée par la volonté de voir Pathé rentrer auprès de sa famille, elle commence à se vendre auprès de certains de ses clients, à la quête de proie facile. Il faut souligner qu’Aïda est une belle femme et elle a tout pour plaire.

Par la force des choses, « je suis devenue une gérante de gargote le jour et une vendeuse du sexe le soir », raconte-t-elle, les larmes aux yeux. Au bout d’un mois d’activité intense, elle avait réussi à rassembler 600 mille qu’elle remit à ses parents qui ont organisé le retour de leur fils.

Interrogée sur l’origine de cet argent, Aïda répond en ces termes: « j’ai  pu obtenir l’argent grâce à la tontine que nous tenons à la gare avec mes collègues ».

Aujourd’hui, Dieu merci, Pathé est rentré au pays et travaille comme agent de sécurité dans une société de la place mais sa sœur est devenue une autre personne.

« Au début, je me prostituais pour sauver mon frère mais aujourd’hui, je ne comprends pas ce qui m’arrive, je n’arrive pas à laisser le métier de prostituée. A chaque fois, j’arrête pendant quelques temps mais je finis toujours par replonger », explique-t-elle.

« Je souffre de cette situation et j’ai honte de ce que je fais mais c’est plus fort que moi », confesse-t-elle, impuissante.

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