La levée de boucliers créée par le reportage de CNN et ses répercussions sur les réseaux sociaux et les manifestations subséquentes, ont eu les résultats escomptés.
Le Ministre libyen des Affaires Étrangères a, dans une déclaration lue devant la presse, fait état de la volonté ferme du Gouvernement de son pays d’ouvrir une enquête officielle sur ces pratiques qui, selon lui, sont contraires à la culture de son pays.
Les autorités de transition dans ce pays (GNA) n’ont pas manqué de promettre des sanctions contre tous ceux qui sont mêlés à ce trafic d’êtres humains.
Toutefois, selon JA qui relaie l’information, le Gouvernement libyen met en garde contre ce qu’il appelle « des solutions superficielles » de la communauté internationale susceptibles, selon lui, d’oblitérer les efforts ainsi engagés.
Toutefois, on ne peut manquer d’être sceptique par rapport à une telle volonté exprimée par les autorités libyennes.
C’est un secret de polichinelle qu’il n’y a pas d’État en Libye. Le GNA qui s’exprime ainsi n’a pas beaucoup d’emprise sur les milices qui pullulent dans ce pays. On ne peut pas non plus parler de Nation dès lors que le « vouloir vivre ensemble » fait défaut dans un kaléidoscope unique où des groupes ethniques armés contrôlent des parcelles de terre, et donc de la souveraineté, et dictent leurs lois.
Si en effet l’Union européenne s’est permis de signer des conventions avec ces milices, c’est qu’elle sait que l’État central fait défaut.
Bien sûr, elle a contribué, par-là, à légitimer ces groupes et à affaiblir le GNA.
La fermeté du Ministre des Affaires Étrangères aurait dû commencer par l’Union européenne en faisant comme les Nations-Unies, c’est-à-dire exprimer son indignation sur ces conventions de contrôle de l’immigration signées entre l’UE et ces milices.
Nous sommes dans tous les cas heureux de voir les autorités libyennes bouger, à l’image de l’Union africaine par la voix d’Alpha Condé, son Président en exercice.
Ces positions de principe sont utiles même si elles sont peu suivies d’effet.
Les problèmes posés par l’insécurité en Libye vont au-delà du problème des immigrés africains vendus comme du bétail.
Ils sont l’une des causes majeures de l’insécurité dans la sous-région, notamment au Nord-Mali, en Algérie, au Tchad et bien au-delà. Ce ne sont pas seulement les armes qui circulent, mais aussi des mercenaires et autres Djihadistes peu contrôlables.
Malheureusement, il s’agit de combattants aguerris qui causent des troubles jusqu’au Burkina Faso.
Deux raisons suffisantes, entre autres, pour que les Nations-Unies interviennent afin de sécuriser le pays, ne serait-ce que par le stationnement de troupes et par la création des conditions de mise en place d’un Gouvernement d’union nationale. Un processus de désarmement des milices existantes doit ainsi être entamé et c’est seulement après que les solutions viendront d’elles-mêmes.
Le gouvernement libyen ne peut pas être laissé à lui-même. Ses promesses d’enquêter et de punir les trafiquants d’êtres humains peuvent n’être qu’une pétition de principe face à ce qui a pu largement écorner l’image de la Libye.
Assane SAMB/Rewmi quotidien