Suite au sit-in de Sénégalais à l’ambassade du Sénégal à Berlin et les accusations des sénégalais rapatriés des Etats-Unis, le directeur général des sénégalais de l’extérieur au ministère des Affaires étrangères a accepté de se prêter aux questions de Seneweb. Il est, par ailleurs, revenu sur l’expulsion de Sénégalais des Etats-Unis, expliquant que nos compatriotes ont usé de violence à l’endroit des agents américains. Morceaux choisis.
Mission d’identification
“Une mission séjourne actuellement à Munich. C’est une mission d’identification, une mission humanitaire pour voir exactement si ceux-là qui se réclament sénégalais et qui sont en séjour irrégulier en Allemagne le sont exactement. Cette mission conjointe du ministère des Affaires étrangères et du ministère de l’Intérieur va procéder à l’identification de la nationalité de ces derniers. Donc nous ne sommes pas à l’état de rapatriement qui est un autre volet de ce processus. Sur invitation du gouvernement allemand, pas sur la base d’un accord. Il n’y a pas d’accord signé entre le Sénégal et l’Allemagne, entre le Sénégal et l’Union Européenne, en matière de réadmission. Il n’y pas d’accord aujourd’hui et je ne pense pas qu’il ait à l’avenir.
A l’endroit de nos compatriotes, le devoir du gouvernement sénégalais est de les protéger. J’ai l’habitude de dire qu’un allemand qui devrait séjourner au Sénégal au-delà de sa durée de son séjour légal devrait disposer d’un certificat de séjour délivré par le ministère de l’Intérieur du Sénégal. S’il ne dispose pas de cette carte, il est en situation irrégulière. Auquel cas, il serait expulsable du Sénégal. Le Sénégal l’aurait expulsé et informé l’ambassade d’Allemagne. Nous sommes dans la plénitude de nos droits et devoirs en tant qu’Etat souverain pour pouvoir expulser tout étranger qui enfreint la loi au Sénégal et nous refusons que nos compatriotes qui enfreignent la loi de séjour irrégulier dans les autres pays le soient, ça pose un problème. Ce n’est même pas objectif. Ce n’est pas parce que tu as payé de l’argent pour arriver dans ton pays d’accueil que tu dois te permettre de tout faire”.
Asile politique
“Je rappelle également que ces compatriotes qui sont arrivés en Allemagne, qui ont demandé un droit d’asile, le statut de réfugié, c’est eux-mêmes qui se sont mis dans la gueule du lion. Ils n’auraient pas du demander le droit d’asile. Ils ne sauraient prétendre à un statut de réfugié. On pouvait ne pas savoir qu’ils sont des sénégalais. C’est eux-mêmes qui sont allés vers les services d’immigration pour prétendre au statut de réfugié. Et si le Sénégal n’est pas un pays en guerre, est un pays démocratique, il serait extrêmement difficile d’avoir le statut de réfugié. Je signale que certains de nos compatriotes à l’étranger qui ont ce statut ne sont pas de nationalité Sénégalaise. Ils ont perdu leur nationalité. Ils évoquent d’autres nationalités des pays où il y a la guerre. Mais tu ne peux pas être Sénégalais, ressortissant du Sénégal, et prétendre à un statut de réfugié. Donc c’est eux-mêmes qui se sont créés les problèmes auxquels ils sont confrontés”.
Expulsion d’Allemagne
Nous Etat, nous cherchons à les faire sortir de cette situation en instaurant un dialogue avec l’Allemagne qui nous permet, au-delà des noms évoqués, au-delà de la couleur, du teint, de voir s’ils sont bien des Sénégalais. Et pour avoir la certitude de leur Sénégalité, les empreintes doivent être confrontées avec celles laissées au Sénégal s’ils avaient déjà une pièce d’identité. C’est un processus, une procédure. C’est au bout de cette étape que nous procéderons au rapatriement. Donc il n’y a pas de quoi fouetter un chat. A quoi bon organiser une marche à l’ambassade au Sénégal à Berlin ? L’Etat cherche à les protéger et eux cherchent à se sortir du joug de l’Etat pour aller chercher ailleurs. Ils s’exposent davantage. Et si l’Etat n’avait pas instauré ce dialogue avec l’Allemagne, le gouvernement allemand d’autorité pouvait les expulser du territoire Allemand en considérant qu’ils sont Sénégalais. Qui est-ce que nous pourrions faire devant cette situation? A part les accueillir? Nous instaurons un dialogue pour les protéger et ils nous pointent du doigt pour avoir signé un accord, ça pose un problème. Je pense que la meilleure attitude qu’ils pouvaient avoir, c’est de prendre contact avec l’ambassade pour demander conseil et nous demander l’attitude qu’ils devaient avoir. Nous leur aurions conseillé d’avoir une attitude plus positive qui arrangerait les deux pays. Mais avoir une attitude guerrière ne les honore même pas”.
Le cas des Sénégalais en Mauritanie
“En Mauritanie quand il y a eu le décret de prolongation de la durée de nos cartes d’identité nationale, nos compatriotes avaient du mal à disposer de la carte de séjour mauritanienne. Pour disposer de cette carte, il faut avoir une carte d’identité qui va au-delà de 1 an ou 2 ans de durée de validité. A défaut, tu ne pourrais avoir qu’une carte de durée de trois mois. Eux, il leur faut au moins un an de carte de séjour carte identité valable un an pour prétendre à un séjour de 06 mois. Si vous n’avez pas de carte d’identité qui fait un an, vous ne pouvez pas avoir une carte de séjour de six mois. La carte de séjour coute l’équivalent de 50.000 francs Cfa. Mais en négociant avec le gouvernement mauritanien, ils ont accepté que nos compatriotes puissent bénéficier d’une phase transitoire le temps que les commissions administratives qui devaient s’occuper de l’établissement des passeports et des cartes d’identité puissent s’établir en Mauritanie. A l’instant, il n’est pas question d’un mouvement de rapatriement de compatriotes Sénégalais”.
Ce que les Sénégalais rapatrié d’Amérique ont fait
“Ce qu’ils ne vous ont pas dit, c’est qu’ils ont refusé d’embarquer. Et dès lors qu’ils ont refusé d’embarquer alors qu’ils sont victimes de mesures d’expulsion des Etats Unis, le gouvernement Américain a pris les prédispositions pour les mettre de force dans l’avion. Ce n’est pas de gaieté de cœur qu’ils ont été mis de force dans l’avion. Je rappelle que là aussi, nous avions instauré un dialogue avec le gouvernement Américain pour que nos compatriotes ne soient pas rapatriés par un vol charter. Il y a une vingtaine qui est arrivée par vols commerciaux avant que la vague des 130 n’arrive. Ces 20 personnes avaient accepté de collaborer et le gouvernement du Sénégal leur a acheté des billets d’avion. Ils ont été accueillis par leurs parents et des agents du ministère. Les 130 expulsés avaient des laissez-passer délivrés par le consulat. Et de commun accord avec le gouvernement Américain, ils devaient systématiquement quitter le territoire américain. Ce n’est que ça qui est à l’origine de ce forcing.
Je dis qu’il n’y a pas eu de traitement inhumain dans l’avion. Ce qu’il y a exactement, c’est qu’ils ont voulu se comporter de manière violente contre les agents de sécurité américains qui étaient dans l’avion. Nous avons même refusé qu’un agent consulaire les accompagne parce que l’agent consulaire serait exposé avec eux dans l’avion. Ils considéraient de prime à bord que c’est le gouvernement sénégalais qui a signé des accords comme on raconte habituellement. Donc ils en avaient contre le gouvernement du Sénégal. Ils pensaient que tout ce qui appartenait à l’Etat devrait être vandalisé. C’est pour cela qu’ils ont eu un comportement de vandale et les agents les ont calmés.
Ils auraient pu vous dire qu’ils ont cassé les vitres du bus qui les emmenait à l’aéroport. Ils auraient même du vous dire qu’ils ont essayé de casser les hublots de l’avion. Ils ne le disent pas. Donc ils ont été très violents”.
Chamsidine SANE