Elle avait survolé l’Afrobasket féminin U-18 organisé et remporté par le Sénégal en 2012 avant d’être élue Mvp de la compétition. Elle, c’est Yacine Diop, l’ancienne joueuse de la Jeanne d’Arc. Une affaire de fraude sur l’âge viendra finalement gâcher les bons moments offerts à la famille du basket africain sur le parquet de Marius Ndiaye. Faisant partie des joueuses sanctionnées à l’époque par la Fédération sénégalaise de basket et la Fiba, la jeune Yacine Diop ne souhaite plus parler de cette affaire. Présélectionnée pour les prochains Jeux Olympiques de Rio chez les Lionnes, elle précise n’avoir jamais été sanctionnée. Dans l’entretien qu’elle a bien voulu accorder au journal Le Quotidien, l’ailière des Lionnes dévoile ses ambitions avec la sélection A, mais également son rêve de rejoindre, dans deux ans, la Ligue américaine de basket féminin, la Wnba. En attendant, l’objectif est d’être parmi les 12 qui vont disputer les prochains Jo de Rio, au Brésil.
Comment ça se passe aux Etats-Unis ?
Tout se passe bien aux Etats-Unis. Je viens de terminer ma deuxième année. Je vais entamer la troisième, l’année prochaine. Je serai junior. Pour l’instant, ça va. Je me suis bien adaptée. Dans mon équipe à l’université, je n’ai pas eu de problème d’adaptation. Dès ma première année, j’ai pu avoir une place de titulaire. Le coach m’a fait confiance. J’ai joué tous les matchs avec un bon temps de jeu et je fais partie des scoreuses. Donc, tout va bien, Alhamdoulilah !
En quittant le Sénégal, vous avez directement rejoint le collège ou l’université ?
Je suis d’abord passé au collègue avant de rejoindre l’université. J’ai fait deux ans avant d’être admise à l’Université.
Ce sera donc votre cinquième année aux Etats-Unis ?
Effectivement !
Est-ce que les débuts ont été difficiles ?
Bien sûr ! Quand j’ai débarqué aux Etats-Unis, je ne parlais pas anglais. Il fallait que je m’adapte, que j’apprenne l’anglais, en plus de l’environnement du basket. C’était un peu difficile, mais cela ne m’a pas pris beaucoup de temps pour m’adapter.
Qu’est-ce qui vous a permis de vous adapter rapidement ?
L’amour du basket, je dirais. Ce qui a le plus impressionné les gens, c’était mon physique. Bien vrai que je ne comprenais pas ce que le coach disait souvent, je parvenais à m’exprimer sur le terrain. J’ai quand même pu bénéficier de l’aide d’une Française qui était dans le club lors de ma première année. C’est elle qui traduisait souvent ce que le coach disait. Par la suite, j’ai appris la langue et j’ai réussi à m’adapter. Aux Etats-Unis, en dehors de tes cours, tu apprends aussi l’anglais.
C’est quoi l’objectif pour la troisième année ?
C’est de faire partie des meilleures joueuses de ma conférence et, Inch’Allah, aller au «Big» tournoi universitaire.
Comment y arriver ?
Il suffit de faire partie des cinq équipes qui accèdent à la phase finale. Pour cela, il faut gagner nos matchs et faire une bonne saison.
Parlons de l’Equipe nationale du Sénégal. Vous revenez en sélection chez les A, après avoir disputé l’Afrobasket U-18 à Dakar. Comment se passe votre réintégration ?
Disons que c’est un peu différent parce que lorsque je venais jouer pour les U-18, je ne suis pas passé par la présélection. Le tournoi avait déjà débuté et les gens m’attendaient. Je n’ai pas eu de problèmes pour m’adapter. J’ai aussitôt enchaîné les matchs avec les filles en étant dans le cinq de départ. Il n’y avait aucune pression. Par contre, là c’est différent. Je dois gagner ma place. On est en présélection. Toutes les filles qui sont là ont le même objectif. C’est un challenge pour moi de gagner la confiance du coach et de faire partie des 12 qui iront aux Jeux Olympiques.
Comment faire pour gagner la confiance du coach et faire partie des 12 ?
Je crois que je dois davantage travailler sur la concentration en assurant les paniers faciles. Je les ai beaucoup travaillés avant de venir en sélection. Je dois juste continuer à travailler là-dessus.
Quelle différence avez-vous notée entre la sélection U-18 et l’équipe A ?
Comme je viens de le dire, j’étais leader au sein des U-18. Je savais que j’allais jouer et le coach comptait beaucoup sur moi. Cela m’a donné beaucoup de confiance. C’était plus facile que maintenant. Là, il s’agit d’une présélection. Il faut gagner la confiance du coach, gagner sa place. C’est maintenant que cela se passe ; lors des entraînements, montrer au coach qu’on est là et qu’on est capable d’apporter quelque chose à l’équipe.
Le groupe est composé d’anciennes et de jeunes. Pensez-vous qu’il sera facile de gagner sa place ?
Je ne pense pas que ce sera facile. Comme le coach l’a déjà dit : il y a déjà une base. On doit suivre les pas de nos aînées. Mais cela ne veut pas dire qu’on n’a pas nos chances d’avoir une place. Il faudra se battre et prouver qu’on mérite d’avoir une place, mais dans le respect.
Est-ce que l’ambiance est la même ?
Il y a une petite différence. Chez les U-18, on n’avait pas trop de soucis à faire sur ce que tu vas dire ou pas. Par contre, là on évite souvent d’avoir mal parlé à une aînée. Mais dans l’ensemble, l’ambiance est bonne. Les aînées font la place aux jeunes et tout se passe super bien.
Il y a eu l’histoire de la fraude sur l’âge avec les U-18. Vous faites partie des joueuses qui ont été suspendues. Comment avez-vous vécu cette période ?
Je préfère ne pas en parler.
Pourquoi ?
Parce que simplement, quand cela s’est passé, je n’étais plus là. J’étais déjà retournée aux Etats-Unis. J’étais plus plongée dans mes études et mon basket que sur cette affaire.
Vous aviez quand même appris qu’on vous a suspendue ?
On ne m’a jamais dit que j’ai été sanctionnée.
Et vous n’avez pas eu d’échos de ça ?
J’en ai entendu parler, parce que ma mère m’a appelée une fois pour m’en parler. Et c’était tout !
Et les responsables de la Fédération sénégalaise de basket de l’époque…
Je préfère ne pas en parler.
Comment votre famille a vécu ces moments ?
Je préfère ne pas en parler. J’ai déjà tourné la page et je ne souhaite pas y revenir. C’est du passé.
Parlons des prochains Jeux Olympiques de Rio. Vous n’avez pas encore joué avec la sélection A dans une compétition africaine et vous êtes présélectionnée pour les Jo. Qu’est-ce que cela représente pour vous ?
Je vois les choses comme une grande expérience pour moi. J’ai toujours rêvé de jouer les Jeux Olympiques. Je vise toujours très haut. J’en parle souvent avec mon coach qui a eu la chance d’y prendre part avec les Etats-Unis. Elle a gagné une médaille d’or. Elle est très contente de ma présélection.
Malheureusement, les Etats-Unis font partie avec le Canada, la Serbie et la Chine des prochains adversaires du Sénégal. Autant dire que ce ne sera pas facile ?
On le sait. Maintenant, il faudra tout faire sortir de la phase de poule. On va y aller avec nos armes et notre basket. Le reste, on verra ce que cela va donner.
Vous êtes devenue plus aguerrie depuis que vous êtes partie aux Etats-Unis. Ce n’est plus la même Yacine Diop qu’on voyait jouer à la Jeanne d’Arc. Qu’est-ce qui est à l’origine de votre métamorphose ?
Je n’ai jamais été timide dans un terrain. En dehors, je le suis par contre. C’est ma nature. Je ne pense pas avoir beaucoup changé. Peut-être juste la coiffure. Et pourtant, j’ai voulu couper mes cheveux avant même de partir aux Etats-Unis. Et comme ça parle beaucoup, j’ai laissé tomber. Et quand je suis revenue des Etats-Unis avec la coiffure, l’appréciation a été différente. J’ai fait ce look parce que je n’avais personne pour me tresser. Alors, je me suis coupée les cheveux. Et comme je me tresse toute seule, l’idée m’est venue de tresser juste le milieu. Ça m’a plu et j’en ai fait mon look. Cela n’a pas posé de problème à ma famille, ma mère a apprécié.
Est-ce que ce serait une déception de ne pas être dans la liste des 12 ?
Je ne le souhaite pas. Mais je n’irai pas jusqu’à blâmer le coach. Jamais, je ne le ferai. J’en assumerai l’entière responsabilité. Ce sera de ma faute. Et cela va me forger pour les prochaines compétitions. Mais, je ne le souhaite vraiment pas. Je vais me battre pour être dans le groupe pour les Jo. Je vais continuer à travailler pour ça. Je suis là pour ça.
Vous étiez attendue lors de la préparation de l’Afrobasket 2015. Pourquoi vous n’êtes pas venue ?
Le coach m’a appelée à l’époque, mais ça coïncidait avec mes études. Je ne pouvais pas rater trois mois de cours. Ça allait être difficile de rattraper le temps perdu. On a convenu de différer ma sélection. Aujourd’hui, je suis là.
Quelles sont vos ambitions dans le basket ?
C’est d’abord de continuer mes études et d’avoir mon diplôme. Ensuite, intégrer la Wnba, la Ligue américaine féminine de basket. Au cas contraire, aller en Europe pour continuer à jouer au basket qui reste ma passion. Mes coaches qui ont eu à jouer en Wnba pensent que j’ai le potentiel pour y jouer dans deux ans. Elles m’encadrent pour cela. Et je vais continuer à me battre pour y arriver.
Etes-vous en contact avec les basketteurs aux Etats-Unis ?
Pas tellement, mais il arrive pour certains qui sont là-bas et que je connais, qu’on discute de basket et du pays ! J’entends souvent parler des anciennes comme Astou Ndiaye (ancienne internationale sénégalaise qui a joué en Wnba), mais je ne la connais pas.
Le Quotidien
Allez ma chère ! Bats-toi, on est tous derrière toi.
Nos prières vont t’accompagner.
Zina