Le maire socialiste de la ville de Ourossogui est un «hors la loi », selon un de ses employés. Oumar Moussa Dianka, puisque c’est de lui qu’il s’agit, accuse Me Moussa Bocar Thiam de l’avoir licencié pour la «bonne et simple raison » qu’ils ne partagent pas le même camp politique. En plus de cela, il a refusé de payer ses 6 mois d’arriérés de salaire. Et, comble de tout, ajoute M. Dianka, l’avocat a « refusé » de déférer à la convocation de l’Inspection du travail auprès de qui il s’est plaint des agissements de son employeur.
Est-il normal de licencier un agent employé pour cet motif ? Depuis quand l’employé est-il dans l’obligation d’épouser l’idéologie politique de son employeur pour sauver son emploi? Voici quelques questions qui méritent une attention particulière et qui ne devraient jamais être posées dans un état de droit.
Ses déboires avec son employeur a débuté, précise depuis l’arrivée de celui-ci à la tête de l’institution municipale. Nouvellement installé dans ses fonctions, Me Moussa Bocar Thiam, accuse Oumar Moussa Dianka, d’opérer à des changements dans les démembrements de la mairie pour ainsi placer ses hommes. C’est ainsi que lui, en sa qualité d’agent au service d’Etat civil, s’est vu muter au service de nettoiement. Malgré tout, poursuit-il, «j’ai continué à travailler là-bas, bien que ce poste ne corresponde pas à mon profil. Je précise que je suis un agent de l’Etat, recruté pour le contrôle de l’Etat-civil, et je bénéficie d’un CDI (contrat à durée indéterminée) depuis le 1er mars 2000 ».
Le 28 novembre 2016, alors qu’il ne s’attendait à rien, le maire lui convoque dans son bureau pour lui notifier son licenciement. Motif ? « Insuffisances notoires de résultats, incompétence et manquements graves constatés dans l’exécution de ces fonctions » signale-t-il, convaincu que son licenciement a des relents politiques.
« Nous ne partageons pas le même parti. Et je suis convaincu que c’est que c’est à cause de cela qu’il m’a viré. Car ses parents dont son frère qu’il a fait recruter, ne sont ni plus méritants ni plus compétents que moi», ajoute Moussa Dianka avant de rappeler que « le maire de la ville agit en dictateur ». La preuve, dit-il, «il avait emprisonné 11 jeunes de la ville qui avaient osé dénoncer la gestion de la mairie».
Ne voulant se laisser abattre, Moussa Dianka déclare avoir saisi l’Inspecteur du travail. Le mardi 20 février 2017, ils s’étaient retrouvés devant ce dernier pour une audience de conciliation portant sur ses indemnité de Préavis, de Licenciement, de Congé et enfin des Dommages et intérêts.
Faute d’accord, il a saisi le Tribunal du Travail. « Il (Moussa Bocar Thiam a refusé de répondre aux convocations du Préfet et du Tribunal du travail. Comme quoi, il semble ne pas respecter les instances judiciaires », affirme M. Dianka. Qui interpelle le chef de l’Etat Macky Sall et son ministre de la justice Sidiki Kaba en leur demandant d’intervenir.
Interpellé mardi par nos soins, Me Moussa Bocar Thiam nie en bloc. « Je n’ai jamais reçu de convocation de qui que ce soit », dit-il. Pour lui, l’employé a été licencié pour « faute lourde » et d’ »incompétence avérée . Concernant les jeunes qui ont été emprisonnés dont il parle, ça n’a rien à voir avec ce dossier, en plus c’est depuis 2014 ».
Il précise qu’il est venu à la mairie en trouvant d’énormes difficultés avec des agents qui sont restés 8 mois sans salaire. Et maintenant, il dit avoir réglé tous es dérives et à chaque fin du mois, les salaires sont payés dès le premier du mois suivant.
Pour rappel, le maire de la commune est socialiste. En revanche, son employé est de l’Alliance pour la République.
Thierno Malick Ndiaye