Malgré l’héritage soviétique qui prônait l’égalité entre hommes et femmes, la Journée des droits des femmes est devenue depuis longtemps une fête consumériste qui accentue les inégalités existantes.
En Russie, la journée du 8 mars, appelée “Journée internationale des femmes”, est célébrée chaque année en grande pompe. En ce mercredi, le président Vladimir Poutine a donné le ton, adressant ses vœux aux “chères femmes de Russie”.
“Vous emplissez ce monde de votre beauté et de votre énergie vitale, vous le réchauffez de votre tendresse et de votre générosité d’âme”, s’est-il ému, avant de citer quelques vers d’un poète russe. Une carte de vœux géante a même été projetée sur la muraille du Kremlin, annonçant : “Pour vous, nos chères !”
La journée du 8 mars dans sa version russe a surtout une dimension consumériste. Le journal en ligne Gazeta.ru rapporte ainsi que cette année les ventes de lunettes et montres connectées ont monté en flèche à cette occasion.
« Pour autant, les hommes n’ont pas oublié les cadeaux plus traditionnels pour la journée du 8 mars, achetant frénétiquement des smartphones […] et des produits de beauté et d’entretien des cheveux.”
Selon un sondage cité par le journal, 65 % des hommes s’apprêtaient à offrir des fleurs aux femmes.
Retour à la société patriarcale
Quant aux problématiques liées aux droits des femmes, elles sont quasi inexistantes dans le débat public. Pire, dans le contexte de crise économique que traverse le pays, la situation des femmes a tendance à régresser, déplore le quotidien Vedomosti.
« Malgré plusieurs décennies de propagande soviétique prônant l’égalité hommes-femmes, les Russes vivent toujours dans un pays où l’émancipation n’a pas droit de cité.”
Le site d’information Meduza renchérit : “En 2017, en Russie, le terme ‘féministe’ est souvent employé comme une insulte, et dans des émissions retransmises par une des principales chaînes de télévision, on tergiverse sur la femme coupable de son propre viol.” Le site fait référence au viol d’une fille de 16 ans, dont l’agresseur a été condamné à de la prison ferme, qui déchire actuellement le pays.
Preuve en est que la cause des femmes a encore du mal à être entendue : un groupe de féministes a été arrêté ce mercredi 8 mars à Moscou devant le Kremlin, après avoir brandi une banderole proclamant : “Les hommes sont au pouvoir depuis deux cents ans, qu’on en finisse !” En effet, la dernière fois le pays a été dirigé par une femme, c’était au XVIIIe siècle, avec l’impératrice Catherine II.
Avec courrierinternational.com