Depuis janvier, plus de mille migrants africains sont morts ou ont disparu en Méditerranée en tentant de rejoindre l’Europe. Et ils sont plus de 35 000 à avoir été secourus en mer. Parmi eux, de nombreux Erythréens venus de ce pays secret de la Corne de l’Afrique, peuplé seulement d’environ 4 millions de personnes. C’est d’ailleurs un sujet d’inquiétude depuis quelques années, car manifestement, le pays se vide peu à peu de ses habitants. Et malgré les polémiques lancées par certains qui disent que ce constant est exagéré, le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) comptabilise entre 2 000 et 3 000 personnes ayant traversé clandestinement la frontière avec l’Ethiopie chaque mois.
Ils arrivent en général par petits groupes, sans bagages. La plupart de ceux qui passent en Ethiopie sont d’abord rassemblés à Endabaguna, un village qui sert de centre d’enregistrement. Puis ils sont conduits vers les camps disséminés dans la province du Tigré.
Kisut Gebre Egziabher est le porte-parole du HCR en Ethiopie. Il détaille le profil de ces évadés : « Le profil des réfugiés érythréens est très original, et plutôt unique. Dans la plupart des populations de réfugiés dans le monde, la majorité des gens sont des femmes et des enfants. Mais dans le cas des Erythréens, 70 à 75% des réfugiés sont des hommes. Et les enfants forment également un groupe immense : près de 39% de l’ensemble des réfugiés érythréens en Ethiopie sont âgés de moins de 18 ans. »
Selon le HCR, les motivations de ces gens sont claires : ils disent tous fuir une situation devenue invivable à l’intérieur du pays. « Selon les témoignages que nous avons recueillis, la plupart disent fuir la conscription militaire obligatoire et indéfinie. D’autres, également, évoquent des violations des droits de l’homme de toutes sortes », ajoute Kisut Gebre Egziabher.
Quelques-uns, enfin, disent qu’ils souhaitent simplement rejoindre leur famille, déjà installée en Ethiopie.
Le nombre de passages vers l’Ethiopie augmente
Kisut Gebre Egziabher, porte-parole du HCR à Addis Abeba, a dénombré le nombre de clandestins érythréens arrivé en Ethiopie depuis le début de l’année.
« En mars, nous avons reçu 3 500 personnes environ, et c’est la tendance depuis quelque temps déjà. En tout, l’Ethiopie accueille 168 000 réfugiés érythréens sur son territoire, abrités dans six camps et dans différentes localités. Le nombre d’arrivées a augmenté constamment ces derniers mois. Par exemple, en janvier cette année, nous avons comptabilisé 1 800 personnes. En février, ce chiffre a doublé, avec plus de 2 600 personnes. Et en mars, donc, 3 494. Depuis trois ans, nous avons enregistré des variations, surtout pendant la saison sèche, du mois d’octobre au mois de mars. Pendant cette période, les chiffres ont tendance à s’envoler. Mais, il reste que la moyenne des passages ces dernières années est de 2 300 personnes par mois. »