Présidente régionale de Bp, Emma Delaney, pilote les activités de la compagnie pétrolière et gazière britannique au Sénégal et en Mauritanie. Elle était à Dakar pour prendre part à l’atelier sur le thème « Gouvernance des ressources pétro-gazières : leçons du passé ».
Dans cet entretien exclusif avec Seneweb, entre autres questions, elle donne les raisons du rachat par Bp des parts de Timis Corporation.
u’est-ce qui a décidé le major Bp à se lancer dans l’aventure gazière sénégalaise ?
C’est pour BP un immense honneur que de développer notre activité ici au Sénégal et de pouvoir contribuer à un avenir énergétique prometteur pour le pays. Le champ de gaz de Tortue, qui contient une quantité de gaz récupérable estimée à 450 milliards de m3, est situé à la frontière maritime entre la Mauritanie et le Sénégal. Ce champ contient des ressources en gaz considérables, d’une ampleur qui, selon nous, a le potentiel pour transformer la zone de Tortue en un véritable bassin pétrolier et gazier de classe mondiale. Vous comprendrez donc que ce sont des moments particulièrement palpitants pour nous.
Comment se présentent les travaux sur le terrain ?
Nous avons déjà réalisé d’importantes études techniques, notamment de conception dans l’ingénierie, pour développer ce champ et d’y construire une installation de gaz naturel liquéfié flottante. Celle-ci permettra de fournir du gaz domestique au Sénégal, ainsi que d’exporter du Gaz naturel liquéfié (Gnl) sur les marchés internationaux. Tout ceci représente un volume important de revenus et d’énergie domestique à partir de 2021, date actuellement prévue pour le démarrage de la première phase du projet.
« L’acquisition des parts de Timis a permis un partenariat plus simple, qui facilite l’avancée du projet avec Kosmos et Petrosen. »
Bp a acheté la totalité des parts de Timis Corporation dans deux blocs, devenant ainsi majoritaire dans l’actionnariat. Qu’est-ce qui justifie cette acquisition ?
Nous avons décidé d’approfondir nos investissements au Sénégal, en faisant l’acquisition de 30% des parts de Timis corporation sur deux blocs au Sénégal. Cette transaction a permis d’avoir aujourd’hui un partenariat plus simple et aligné, qui facilite l’avancée du projet avec Kosmos, Petrosen et nous, dans le but d’atteindre notre objectif commun qui est de produire le premier gaz en 2021. Juste vous rappeler qu’il est très courant dans l’industrie, pour de plus petites compagnies, de vendre leurs actions après une découverte, à des compagnies qui ont plus de capacités techniques et financières pour développer les projets.
Quels sont les termes de ce rachat ?
Les détails de l’accord sont confidentiels comme c’est souvent le cas dans les transactions commerciales de l’industrie. Mais le plus importants est qu’il approfondit notre engagement au Sénégal et favorise grandement l’avancée du projet.
Dans quelle mesure le Sénégal peut-il tirer profit de son gaz ?
Je suis ne suis pas forcement la personne la plus compétente pour répondre à cette question. Mais ce que je peux dire, c’est que notre engagement est de mener nos activités dans le respect de l’éthique et d’encourager la création d’un environnement commercial, où les affaires se feront de la meilleure des manières.
Afin de profiter de la richesse des ressources, il est important que les citoyens, les sociétés privées, telles que BP et les gouvernements, collaborent pour assurer une bonne gestion des ressources pétrolières et gazières. C’est ce que nous avons fait par le passé avec nos pays partenaires autour du monde, car une bonne activité passe par une bonne gouvernance, surtout dans un secteur où les opérations sont menées sur le long terme, souvent sur plusieurs générations.
En tant que membre fondateur de l’Initiative pour la Transparence dans les Industries Extractives (Itie), Bp est prêt à soutenir les efforts de gouvernance au Sénégal en matière de promotion de la transparence.
« Nous espérons que les revenus du gaz soutiendront le développement et la diversification de l’économie sénégalaise. »
Quelles sont les opportunités qu’offre au pays l’exploitation du gaz sénégalais par Bp ?
Le projet Tortue va générer tout au long de son existence, d’importants revenus pour le Sénégal et la Mauritanie, en plus des revenus générés par les emplois qui seront nécessaires dans des domaines tels que la construction, la restauration, le transport, l’hébergement, etc. Nous espérons que les revenus du gaz soutiendront le développement et la diversification de l’économie sénégalaise.
En outre, il y a des avantages tels que l’augmentation de l’approvisionnement en gaz domestique, qui pourra soutenir la production d’électricité. Cela pourrait représenter une croissance significative du PIB à ajouter au bilan économique déjà impressionnant du Sénégal.
Nous avons été impressionnés par l’approche diversifiée du Plan Sénégal Emergent, qui identifie les secteurs de l’économie où le Sénégal peut créer au mieux des emplois et de la compétitivité. Nous espérons que les revenus du gaz soutiendront la mise en œuvre future de ce plan.
Quel est le niveau des investissements que vous allez consentir dans vos différents projets au Sénégal ?
Ce sera plusieurs milliards d’investissements pendant plusieurs années.
L’impact environnemental de vos activités est aussi craint, surtout par les pêcheurs….
Nous nous engageons à exploiter les ressources en hydrocarbures du Sénégal en toute sécurité et de manière responsable d’un point de vue environnemental et social. Dans le cadre du développement du projet Tortue, nous travaillons en étroite collaboration avec les communautés locales et parties prenantes, pour comprendre et atténuer toute inquiétude ou impact lié à nos activités.