Emigration dans des pirogues de fortune : la saignée continue

Emigration dans des pirogues de fortune : la saignée continue

Les jeunes Sénégalais désireux de rejoindre l’Europe, ces nouveaux réfugiés économiques qui fuient la misère, profitent du climat favorable d’été avec la forte chaleur pour emprunter, massivement, les pirogues de fortune.

Les départs se comptent aujourd’hui par dizaine dans des contrées comme Kayar, parfois via la Gambie. Ainsi, ils sont nombreux à avoir pris le large et d’autres attendent d’embarquer.

C’est à croire que les centaines de morts enregistrés dans la ville de Thiaroye, à Dakar, Thiès, Tambacounda et partout au Sénégal, n’ont pas découragé ces candidats à l’émigration avec, le plus souvent, la complicité de leurs parents.
Dans certaines villes du Sénégal comme Louga au Nord, il faut avoir voyagé ou avoir un parent en Europe ou aux Etats-Unis pour compter aux yeux des gens.
Les départs ont repris de plus bel et il urge que les autorités étatiques prennent conscience de cette donne en accentuant la surveillance.

Pis, les jeunes, piqués par je ne sais quelle mouche, vont au Maroc en masse pour penser ainsi facilement traverser. D’autres sont aujourd’hui en Mauritanie uniquement pour cette raison. Et les plus malchanceux sont ceux qui ont atterri en Libye. Dans cet enfer africain, ils sont pris en otage par des Libyens, avec la complicité de compatriotes ou d’autres Africains, afin de pousser leurs parents à leur envoyer de l’argent. Beaucoup de candidats à l’émigration y perdent la vie. D’autres y sont torturés et même amputés de certains membres de leurs corps.

D’autres jeunes vont en Arabie Saoudite où les travailleurs domestiques subissent beaucoup de tracasseries à l’image de cette jeune Mbayang Diop, originaire de la banlieue de Dakar, et qui a dû tuer sa patronne.

C’est à croire qu’il y a la peste dans notre pays. Tous les moyens sont bons pour le quitter et les jeunes affrontent toutes sortes de danger pour y parvenir.
C’est pourquoi, en septembre 2006, les dispositif Frontex mis en place entre autorités espagnoles et sénégalaises, avaient permis de largement limiter la saignée de jeunes en partance pour les îles Canaries.

En 2015, ceux qui disent qu’il n’y a plus de départs ne connaissent pas la réalité du terrain. Il s’est passé que durant toutes ces années (2009-2015), c’était le Brésil qui était la nouvelle destination des jeunes Sénégalais avant que la crise ne frappe ce pays de l’Amérique latine.

Les jeunes n’ont jamais cessé de partir
Les jeunes n’ont jamais cessé de partir. C’est le pays de destination qui change en fonction des opportunités qu’ils pensent percevoir sur place.

Il fut un moment où, par exemple, nombre d’entre eux passaient par la Grèce pour rejoindre l’Europe. Aujourd’hui, avec les difficultés rencontrées là-bas et le renforcement du dispositif de lutte, c’est la Libye et le Maroc, via la Mauritanie, qui étaient le point de prédilection.

Une situation qui est loin d’être propre au Sénégal. En Gambie, au Mali, au Nigéria ou ailleurs, c’est presque la même chose. L’émigration est devenue un problème africain qui mérite de la part de l’Union africaine une réflexion approfondie et des solutions à la dimension du défi.

Nous ne pouvons pas rester les bras croisés et faire comme si de rien n’était alors que les jeunes meurent par centaines et par milliers. Il faut réagir.
A deux mois de la fin de l’année 2016, l’ONU avait annoncé le chiffre record de 3 800 migrants morts en Méditerranée depuis le mois de janvier, pouvait-on lire dans un article du site Lemonde.fr en date du 26 octobre 2016.
« Nous pouvons confirmer qu’au moins 3 800 personnes ont péri ou ont disparu en mer Méditerranée depuis le début de l’année, soit le bilan le plus élevé jamais enregistré », a déclaré le porte-parole du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés, William Spindler.

En 2015, plus d’un million de personnes avaient essayé de rejoindre l’Europe par bateau, contre quelque 330 000 depuis janvier précise le rapport ainsi cité.
Aujourd’hui, les jeunes qui tentent de partir par la voix légale du visa déposent 4 millions de F CFA à des intermédiaires. Cette pratique est également en cours dans notre pays.

Or, ceux qui arrivent à rassembler une telle somme, notamment ceux qui vendent leurs biens immobiliers comme des vergers, doivent pouvoir investir en restant dans leurs pays.
Mais, malgré tout, comme une malédiction, la saignée continue.

Assane Samb

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