L’enseignant-chercheur en Science politique à l’Université Gaston Berger est catégorique, « nous allons vers des élections législatives tronquées« . Interrogé par nos confrères de Rfi, Maurice Soudieck Dione parle d’une régression de la démocratie après la décision des 7 sages d’invalider la liste Yewwi Askan Wi et de Benno Book Yakaar.
« Naturellement, ce sont des élections qui vont être tronquées, parce qu’en réalité, le droit électoral, les procédures électorales, les considérations juridiques de forme, ne servent qu’à encadrer au mieux le processus électoral afin de permettre l’expression la plus fidèle et la plus sincère de la volonté populaire. Mais lorsque les procédures constituent en elles-mêmes un frein, c’est la démocratie qui prend un sacré coup, parce qu’en droit, l’accessoire suit le principal. Donc, déjà, une liste où les titulaires sont invalidés pour laisser la place aux suppléants, ça pose déjà problème, encore que la loi électorale ne parle jamais de pluralité de liste, il n’y a pas une liste des titulaires et une liste des suppléants, il y a une liste composée de candidats titulaires et de candidats suppléants. Donc cette division de la liste qui est opérée par le Conseil constitutionnel pose problème, pourquoi laisser les suppléants pour invalider la liste des titulaires alors que le Conseil constitutionnel aurait pu faire l’inverse. » a laissé entendre l’enseignant-chercheur en science politique.
S’exprimant, la remise en cause de l’impartialité Conseil constitutionnel par les membres de Yewwi Askan Wi, Maurice Soudieck Dione met au banc des accusés les 7 sages. « Tout cela crée une impression de manipulation des règles du jeu, d’autant plus qu’on a eu toujours cette suspicion vis-à-vis de l’administration quant à assurer la transparence des élections. On a eu ce problème depuis 1996 avec les élections locales de cette année-là, et on était sorti de cette impasse avec la création de l’Onel (Observatoire national des Elections) en 1997, et la nomination d’un ministre de l’Intérieur sans coloration partisane. Aujourd’hui, le processus électoral sénégalais semble reculer 25 ans en arrière, et là aussi c’est une situation qu’on a du mal à comprendre » a-t-il expliqué à nos confères de la Rfi .