Les deuxièmes élections de représentativité des syndicats sont prévues ce mardi 30 mai. Quatorze centrales sont en lice pour 25 000 voix.
Ce mardi 30 mai se tient les deuxièmes élections de représentativité des syndicats de l’histoire du Sénégal. Une élection à laquelle participeront 14 centrales. Les principales : la Confédération nationale des travailleurs du Sénégal (Cnts), l’Union nationale des syndicats autonomes du Sénégal (Unsas), la Confédération des Syndicats Autonomes (Csa), la Centrale nationale des travailleurs du Sénégal/Forces du changement (Cnts/Fc), dirigées, respectivement, par Mody Guiro, Mademba Sock, Mamadou Diouf et Cheikh Diop. Elles devront convaincre les 25 000 travailleurs-électeurs.
Toutes contre la Cnts
Instituées en 2011 par le gouvernement, les élections de représentativité sont organisées par le ministère du Travail, du Dialogue social, des Organisations professionnelles et des Relations avec les institutions. Ce, en collaboration avec les Inspections du travail. La première élection générale de représentativité des centrales syndicales a été tenue en avril 2011. Et la Cnts, dont le secrétaire général national est Mody Guiro, avait raflé la mise.
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Elle avait obtenu 39,61% des suffrages valablement exprimés, suivie par l’Unsas (22,41%), la Csa (14,12%), la Cnts/Fc (7,43%), la Fgts/B (4,36%), la Cdsl (3,74%), notamment. À ce jour donc, la Cnts est la centrale la plus représentative du pays.
Obtenir 10% ou disparaître
Si l’Etat du Sénégal a décidé d’organiser des élections de représentativité des centrales syndicales, c’est pour «rationaliser la table de négociations et promouvoir une légitimité des syndicats dans la défense des intérêts des travailleurs», explique le ministre du Travail, du Dialogue social, des Organisations professionnelles et des Relations avec les institutions, Mansour Sy.
En effet, l’Etat veut «mettre fin à ce désordre face à la prolifération des syndicats regroupés dans les centrales». Bref, le gouvernement veut avoir moins d’interlocuteurs. Il compte discuter des questions des travailleurs avec les syndicats les plus représentatifs pour aller à «l’essentiel».
La particularité de cette élection de 2017 est qu’un seuil minimum de représentativité a été fixé. Chaque centrale syndicale qui n’aura pas atteint la barre des 10% ne pourra pas être considérée comme une centrale syndicale capable de porter la voix des travailleurs.
Obligation légale, doléances des syndicats
Joint au téléphone par Seneweb, Mody Guiro rappelle que l’élection de représentativité est une obligation légale d’abord avant d’être une demande syndicale. «L’article L85 (du Code du travail) définissait clairement les critères de mesure de la représentativité. Le Code du travail a été reformé pour introduire de nouvelles dispositions à savoir l’article L85 bis qui dispose que désormais au Sénégal, la représentativité des centrales syndicales se mesurera sur la base d’une élection nationale.»
Mody Guiro précise que la tenue de ces élections de représentativité n’a pas été imposée par le gouvernement. «C’est une demande des organisations syndicales, indique-t-il. Et l’Unsas (de Mademba Sock) a été la première organisation à revendiquer ces élections parce qu’elle pensant qu’elle était plus représentative que la Cnts.»
Le patron de la Cnts soutient que ces élections de représentativité sont «très importantes». Il explique : «Le Sénégal (ne compte pas beaucoup) de travailleurs. Au maximum, on est à 500 000 travailleurs dans les secteurs public et privé. Avec 500 000 travailleurs seulement, on voulait laisser les centrales syndicales exister n’importe comment. Avec une vingtaine ou trentaine d’organisations, se réclamant toutes des centrales syndicales, comment voulez-vous, dans cet espace, qu’il y ait un dialogue social de qualité et une prise en charge correcte des préoccupations du monde du travail ?»
Principal enjeu : la subvention de l’Etat
Les enjeux de cette élection générale de représentativité des centrales syndicales sont donc doubles. Pour l’Etat, il s’agit d’avoir plus de lisibilité dans la représentation et la défense des droits et intérêts des travailleurs. Ce qui fait que pour les centrales syndicales, ce rendez-vous est crucial. Elles doivent peser lourd si elles ne veulent pas disparaître.
C’est ce qu’a compris certaines centrales satellites en s’unissant avec les autres centrales les plus représentatives pour constituer un bloc. Elles ont compris que l’unité syndicale est primordiale pour la matérialisation des revendications.
Mais, selon un syndicaliste ayant requis l’anonymat, l’autre enjeu est d’ordre pécuniaire. En effet, l’Etat a pris la décision de subventionner les organisations syndicales les plus représentatives. Ce qui n’existait pas avant. Mody Guiro éclaire : «Il y a une subvention de 600 millions de francs Cfa qui sera attribuée aux organisations syndicales les plus représentatives. L’Etat a procédé à une première répartition de la moitié de ce montant en 2015.»
Cependant, le secrétaire général de la Cnts déclare que l’important est ailleurs. Il s’agit de faire en sorte que «le dialogue soit maintenu et que la voix des travailleurs soit bien perçue». «La force du mouvement syndical réside dans sa solidarité et son unité», martèle Mody Guiro.
Un scrutin direct à un tour
Selon l’article L85 bis du Code du travail, les élections de représentativité se déroulent au scrutin direct à un seul tour et le vote est secret. Ce qui veut dire que la centrale qui vient en tête, même d’une seule voix, remporte l’élection.