El Hadji Bâ, artiste comédien, « Mes relations avec Abdoulaye Wade et Macky Sall »

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De passage à la Rédaction de Seneweb après une émission à Senewebradio, El Hadji Bâ, artiste comédien de renom, s’est prêté à nos questions. Il demande à la jeune génération d’artiste d’être plus humble pour percer dans le métier. Entretien.

Dites nous comment êtes-vous devenu comédien?

J’ai choisi ce métier d’artiste depuis tout jeune. Je me suis décarcassé pour devenir comédien. J’ai d’abord dansé pendant 7 ans et je me suis transformé en acteur par la suite. J’ai débuté ma carrière entre 1980 et 1981. A ma tendre jeunesse, je jouais bien au football. Nous habitions Fatick. Je me moquais de mes amis tout le temps lorsque nous étions ensemble. Ils me demandaient tout le temps d’aller faire de la comédie parce qu’ils pensaient que j’avais ma place dans ce cercle restreint de comédiens que le groupe «Daraay Kocc» dirigeait avec les Ibou Laye et Massamba Guèye. Ils me poussaient et je leur disais que j’attendais mon heure sonner. Un jour, j’ai décidé de me lancer dans la comédie.

Comment étaient vos débuts en tant que comédien?

Les débuts étaient joyeux. Parce que mes amis aimaient ce que je faisais. Les amis que j’ai trouvé dans ce métier, ils m’ont réconforté et continuent à le faire jusqu’ici. Ce que j’ai fait, je crois qu’aucun comédien ne l’a fait. Parce que pour mon premier film, j’ai joué tout une séquence sans pour autant reprendre un tableau. Sans entendre couper ce n’est pas bon. C’était un film d’héritage.

Quelle est l’œuvre qui vous a le plus marqué?

Je ne peux pas citer une œuvre, mais quelques. Car je n’ai pas de préférence. En cinéma, c’est «la discorde», il y aussi «teranga blouse» qui sont des œuvres qui m’ont beaucoup marqué. Si c’est le téléfilm, il y a «Domou Baay», «Deguène», il y a aussi “Saly” qui est un film qui m’a beaucoup marqué.

Aujourd’hui que vous inspire le milieu?

C’est un milieu dérapant. C’est un milieu difficile à percer, parce qu’il faut gérer la loyauté, la dignité, surtout être serein. Il y a beaucoup de jeunes, beaucoup de trous, beaucoup d’épines. Les gens veulent faire du théâtre. Tu vois un individu un peu rigolo, les gens l’encouragent pour lui dire qu’il est comédien. Je suis désolé, ce n’est pas comme ça. Dans ce métier, il y a des farceurs. Il y a des humoristes, comme ce que font «Kouthia» et «Sa Ndiogou». Mais pour être artiste comédien, il faut l’apprendre. Alors si tu ne peux pas aller à l’école, il faut côtoyer les gens qui ont fait des années dans le théâtre pour apprendre. Il faut apprendre beaucoup de choses parce que c’est un métier plein de caprices.

Comment vivez-vous le fait que cette nouvelle génération tend à vous ranger dans les oubliettes?

Ce qui est difficile dans un film, c’est qu’à chaque film, il doit y avoir un doyen. Un doyen qui sait jouer ce rôle et sait bien gérer ce rôle et qui se met dans la peau du personnage. Avec les jeunes seuls, les castings sont toujours mal faits et sont voués à l’échec. Et malheureusement pour notre génération, nous ne sommes qu’un nombre restreint. Si on part, ils auront des problèmes. Les «Sa Neekh» et consorts, ce sont des jeunes. Je ne suis pas contre les jeunes. Ils sont en train de prouver leur savoir-faire, alors que nous avons déjà fait nos preuves aux yeux des sénégalais. Donc ça ne nous dérange pas.

Si vous devez comparer votre génération à la jeune génération, que diriez-vous?

Ce n’est pas la même chose. Parce que la génération d’aujourd’hui, dans le jeu, ils ont des problèmes. Dans le film, on ne doit pas téléphoner, ce qu’on doit faire. Ça c’est grave. Ils vont dire que “je rentre dans ma chambre, je prends mon boubou pour aller voir mes amis”. Tu le fais directement, ce n’est pas la peine de le dire (rire). Si tu le dis, inutile de le jouer.

Il y a beaucoup de manquements alors?

Oui, il y a beaucoup de choses qu’on doit rectifier. Il faut faire revenir la jeune génération à la raison. Elle dérape. Elle insulte. L’humilité leur manque. Dans les fictions, tu peux dire ce que tu veux. Mais les téléfilms sont tellement éducatifs qu’on n’a pas le droit de dire ce que l’on veut. Donc il faut beaucoup éviter ces dérapages.

Je compte organiser d’ailleurs une rencontre dans les jours pour sensibiliser les jeunes afin qu’ils puissent revenir à l’orthodoxie pour que le théâtre retrouve son lustre d’antan. Et dire aux maires de Wakhinane Nimzatt, les maires du département de Guédiawaye, de prêter une attention aux artistes, surtout les jeunes. Je dis qu’ils n’ont pas aidé les artistes. Si l’artiste n’est pas accompagné et est laissé à lui-même, s’il veut un joli téléphone, mais n’est pas en mesure de s’en procurer, il va vadrouiller et s’il est immature, il va s’aventurer dans le vol, l’agression. C’est ça le problème.

Vous manquez à vos fans. A quand votre prochaine apparition dans les écrans?

J’ai fait un grand film qui doit sortir bientôt. Il ressemble un peu à «Un Café Avec». Le titre, c’est «Idole». Il sera bientôt dans les écrans. Dans ce téléfilm, j’ai joué le rôle du ministre. Lorsque les fans verront ce film, ils vont se régaler et vont applaudir encore et crier.

Vos rapports avec Macky Sall le chef de l’Etat?

On a des rapports sains. C’est avec Abdoulaye Wade que j’avais des problèmes. Avant que Macky ne soit président, j’ai eu un différend avec Abdoulaye Wade sur le clip que j’ai fait avec Awadi (Ataya bi). J’ai reçu des menaces d’emprisonnement qui ne m’ont même pas ébranlé. Après, j’ai eu un différend avec Bachir Diawara qui se moquait de moi.

Mais Macky Sall est une personnalité que j’estime beaucoup. Parce que je connais sa famille surtout sa maman qui a tout fait pour les enfants. Une brave dame. Elle préparait des cacahouètes qu’elle donnait en offrande aux jeunes garçons du quartier. Elle était généreuse. Elle avait son aiguille pour tisser les relations. Mon seul souhait, c’est de voir le chef de l’Etat pour lui faire savoir ce qui se passe dans ce pays.

 

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