Deux semaines après que la Cour de cassation a acquitté Hosni Moubarak des accusations de meurtre dans le cadre de la révolte de 2011, la justice égyptienne accepte sa remise en liberté. Une décision qui vient clore le Printemps arabe en Égypte.
La justice égyptienne a approuvé, lundi 13 mars, la remise en liberté de l’ex-président Hosni Moubarak, a annoncé son avocat, Me Farid el-Deeb. Le 2 mars, la Cour de cassation avait acquitté l’ancien raïs en ordonnant l’abandon des accusations de « complicité » dans la mort de 239 manifestants durant la révolte qui a provoqué sa chute en 2011.
La fin des affaires judiciaires et la future remise en liberté de Hosni Moubarak, 88 ans, mettent un point final aux déboires de l’ex-président, qui avait été contraint de quitter le pouvoir le 11 février 2011, à l’issue d’une révolte de 18 jours réprimée dans le sang. Cette décision marque également, de manière symbolique, la fin du Printemps arabe en Égypte.
Après un intermède démocratique entre la mi-2012 et la mi-2013, qui a vu l’élection de l’islamiste Mohamed Morsi à la présidence, le pays est retombé entre les mains des militaires avec Abdel Fatah al-Sissi, qui a renversé le premier président civil du pays. L’opposition islamiste a été laminée et nombre de leaders du Printemps arabe ont été emprisonnés ou contraints à l’exil. Quant à la situation économique du pays, calamiteuse, elle est devenue la préoccupation majeure des Égyptiens.
Interdit de se rendre à l’étranger
Depuis son arrestation en avril 2011, Hosni Moubarak a passé le plus clair de son temps dans un hôpital militaire du Caire, en résidence surveillée. Son avocat a affirmé lundi à l’AFP que son client « pourra rentrer chez lui lorsque les docteurs diront qu’il peut sortir ». Il ne pourra toutefois pas se rendre à l’étranger. L’ex-président est en effet interdit de voyage en raison d’une enquête de l’organisme égyptien des gains illicites, qui surveille les fortunes accumulées de manière frauduleuse.
Hosni Moubarak a été jugé dans deux grandes affaires depuis son départ du pouvoir. Dans l’un des principaux dossiers, il était accusé d’avoir incité au meurtre des participants aux manifestations pendant la révolte, au cours de laquelle quelque 850 personnes ont été tuées lors d’affrontements avec la police.
Il avait été condamné à la prison à vie en juin 2012 mais un nouveau procès avait été ordonné par la justice. En novembre 2014, un autre tribunal qui le rejugeait avait finalement ordonné l’abandon des accusations, blanchissant ainsi l’ex-chef de l’État, mais le Parquet avait introduit un recours en cassation. Le 2 mars dernier, la Cour de cassation a finalement confirmé l’abandon des charges.
Dans un autre grand procès, la cour d’appel avait confirmé en janvier 2016 une peine de trois ans de prison pour Hosni Moubarak et ses deux fils, Alaa et Gamal, dans une affaire de corruption. Il était accusé avec eux d’avoir détourné plus de 10 millions d’euros, alloués à l’entretien des palais présidentiels. Outre les trois ans de prison, tous trois ont été condamnés ensemble à payer une amende de 125 millions de livres égyptiennes (environ 15 millions d’euros) et à rembourser à l’État 21 millions de livres (2,5 millions d’euros). Pour cette affaire, Hosni Moubarak a purgé sa peine et ses deux fils ont été remis en liberté.
Avec AFP