Edito – Le rôle troublant de l’Arcop dans la suspension du projet d’électrification rurale : Entre rigueur et obstacles

Arcop
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Le projet d’électrification de 1740 villages, d’une valeur de plus de 91 milliards de FCFA, qui aurait permis d’améliorer significativement l’accès à l’énergie dans les zones rurales du Sénégal, est en plein bouleversement. Au cœur de cette affaire, l’Autorité de régulation de la commande publique (Arcop) a pris une décision inattendue : suspendre l’exécution du marché, laissant planer des doutes sur sa véritable stratégie et son rôle dans ce dossier crucial pour le développement du pays.

*Les faits :*
C’est à la suite des « craintes et inquiétudes » soulevées par la Banque espagnole Santander et l’Agence espagnole de crédit à l’exportation (Cesce) que l’Arcop a décidé d’agir. Ces institutions financières réclament des réponses sur l’utilisation des 37,7 milliards de FCFA versés à titre d’avance à l’entreprise espagnole Aee Power, en charge du projet. L’absence de réponse a déclenché une cascade de décisions, aboutissant à la suspension provisoire du projet par l’Arcop.

L’agence sénégalaise d’électrification rurale (Aser), qui pilote ce projet, n’a pas fourni les documents nécessaires au Comité de règlement des différends (CRD), bloquant ainsi toute avancée. Cette situation soulève une question centrale : à quoi joue l’Arcop dans cette affaire ?

*Le rôle de l’Arcop : une mesure de rigueur ou un frein au développement ?*
L’Arcop, en tant que régulateur des marchés publics, se doit de garantir la transparence et la bonne gestion des fonds publics. En suspendant l’exécution du marché, elle semble vouloir s’assurer que l’utilisation des fonds soit conforme aux normes et que les garanties nécessaires soient apportées. Cette position est cruciale, surtout dans un contexte où de nombreux projets de grande envergure sont souvent entachés de malversations financières.

Cependant, la manière dont l’Arcop intervient dans ce dossier pose question. En prenant cette décision de suspension, l’institution a-t-elle agi dans l’intérêt du pays ou a-t-elle créé un obstacle supplémentaire à un projet vital pour l’électrification des zones rurales ? Il est légitime de s’interroger sur l’opportunité de cette action, notamment dans un contexte où les besoins en électricité dans les zones rurales sont criants et que ce projet était perçu comme une solution rapide et efficace.

*Des enjeux financiers et politiques en toile de fond ?*
L’intervention de l’Arcop pourrait aussi être perçue comme une manière de remettre en cause le choix de l’entreprise espagnole Aee Power par l’Aser, un choix qui avait déjà suscité des critiques dans la presse. En effet, certains observateurs pointent du doigt la préférence donnée à une entreprise étrangère au détriment de l’expertise locale, ce qui pourrait expliquer la suspension comme une volonté de réexaminer ce choix contesté.

Le directeur général de l’Aser, Jean-Michel Sène, qui a validé l’attribution du marché à Aee Power, se retrouve désormais dans une position délicate. Sa décision est aujourd’hui remise en cause, non seulement par les doutes financiers exprimés par les partenaires espagnols, mais aussi par l’intervention de l’Arcop. Ce bras de fer entre les différentes entités semble révélateur de tensions plus profondes autour de la gestion de ce projet stratégique.

*Conclusion : Une régulation nécessaire ou une entrave à l’avancement ?*
Le rôle de l’Arcop dans cette affaire demeure ambigu. Si la suspension du marché peut être vue comme une mesure de prudence visant à protéger les fonds publics, elle pourrait aussi être perçue comme un obstacle à la réalisation rapide d’un projet crucial pour les populations rurales. Dans un pays où l’accès à l’électricité est une priorité pour le développement, toute décision retardant sa mise en œuvre soulève inévitablement des questions.

Le gouvernement sénégalais, l’Aser et les autres parties prenantes devront rapidement trouver une solution pour sortir de cette impasse. La transparence et la bonne gestion des fonds publics sont essentielles, mais elles ne doivent pas se faire au détriment du développement et du bien-être des populations. Reste à voir si l’Arcop jouera un rôle constructif pour débloquer la situation, ou si elle restera un acteur troublant dans cette affaire complexe.

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