La coalition Mankoo Wattu senegaal n’a pas encore réussi à asseoir les bases d’une véritable unité de l’Opposition sénégalaise.
Jusqu’ici, l’opposition se cherche. Les contradictions internes au sein du parti dominant sur le papier, à savoir le Pds, l’absence d’un leader catalyseur et rassembleur, la pression du régime en place et la naissance d’une opposition interne dans certains partis de la majorité comme le Ps, ont causé une forme de tohu-bohu au sein d’une opposition qui a du mal à trouver sa voie.
La preuve, Khalifa Sall est encore dans un parti qui est dans la majorité au pouvoir. Pis, il est en prison et voit ses chances de se présenter s’amenuiser du fait de l’organisation prochaine de son procès et du spectre de la perte de ses droits civiques.
Karim Wade qui est le vrai patron du Pds, est toujours en exil. Son parti enregistre des départs de plus en plus préoccupants, parce que forcés de certains lieutenants. Parmi ceux qui claquent la porte, il y en a qui créent des partis politiques sans que l’on sache s’ils sont vraiment du pouvoir ou de l’opposition.
Parallèlement, d’autres créent des mouvements citoyens en restant flous sur leurs intentions. Dans ce désordre, il est difficile de s’organiser afin de faire face à Benno Bokk Yakaar qui a beaucoup plus de facilité à surmonter ses contradictions internes. Pourtant, nous sommes à quelques petits mois des législatives. L’heure presse.
Le Sénégal a besoin d’une opposition forte pour incarner le besoin de changement de certains citoyens. Et à ce propos, Y’en a marre qui n’est pas un parti politique, a des limites. Celle qui consiste à conquérir des voix. Une limite que les partis n’ont pas. Malheureusement pour eux, ils ont laissé le terrain de la contestation à ce mouvement citoyen qui a pensé devoir les galvaniser afin de montrer au régime en place que « les promesses n’ont pas été respectées ».
A ce niveau, c’est encore une faillite de l’opposition.
Face donc à sa faillite organisationnelle, l’Opposition en ajoute une autre d’ordre fonctionnel. Et ce n’est pas d’un bon présage pour les échéances électorales à venir. Heureusement qu’elle se réunit au chevet de Khalifa Sall. Mieux, Wade aurait appelé Idrissa Seck, le leader de Rewmi, pour aplanir les difficultés et lui « confier » son fils Karim.
Mais tant que Karim sera en exil, le Pds orphelin et Khalifa Sall en détention, l’opposition, encore amorphe, devra se contenter de la capacité d’indignation des Sénégalais pour avoir des résultats aux législatives de juillet. Et c’est hypothétique. Mis à part une manifestation réprimée et une autre organisée à Paris avec peu de personnes en plus de certaines sorties acerbes de leaders, qu’a-t-elle fait pour vaincre « le Macky » ? Pas grand-chose, à notre sens.
Mamadou Lamine Diallo à la tête de Mankoo a produit peu de résultats. La coalition n’a pas de feuille de route ou de plan d’action. Ses résultats sont encore maigres. C’est pourquoi l’Opposition sénégalaise gagnerait à revoir sa copie du point de vue organisationnel et fonctionnel. Il ne faut pas qu’elle accepte que Macky « la réduise à sa plus simple expression » comme il l’avait promis et comme cela semble être le cas présentement.
Il faut qu’elle cesse de penser qu’avec la campagne électorale à venir, le miracle est possible. Une victoire, cela se prépare. Et compte tenu de l’enjeu lié au risque de cohabitation, le pouvoir va tout faire pour ne pas faciliter la tâche à son opposition. C’est à elle alors d’être plus d’attaque au lieu de se contenter d’exister avec des leaders qui cherchent, chacun, à prêcher pour sa chapelle.
Si elle réussit à mettre en place une liste unique aux législatives et à taire les rivalités entre leaders, elle peut faire mal. Mais rien n’est encore gagné à ce niveau.