Drame de l’îlot Sarpan : Le récit poignant d’un rescapé ayant sauvé 6 personnes de la noyade

Les familles pleurent leurs proches décédés dans le chavirement de la pirogue qui assurait la navette entre le quai du Parc national des Iles de la Madeleine (Pnim) et ladite île. Site touristique également appelé l’îlot Sarpan qui a été hier lundi, le théâtre d’un drame où le bilan provisoire officiel fait état de 4 morts et 36 rescapés. Ce drame a plongé les Sénégalais dans la tristesse. Devant les locaux du site où l’embarquement à destination de l’île se fait, ce mardi matin, les lieux ont refusé du monde. Mais un appel des autorités  demandant aux proches des victimes de se rendre à l’Hôpital principal de Dakar (Hpd) a permis de vider la direction du Pnim de son monde.

C’est dans l’enceinte de cet hôpital qu’a été rencontré un des rescapés de  l’accident. Un rescapé qui était parti pêcher sur les lieux et qui a été parmi les premiers à porter aide et assistance aux autres. Interrogé sous le couvert de l’anonymat, M. Amadou appelons-le ainsi, est revenu sur le film des événements.

‘’Une vague est venue projeter la coque de la pirogue contre un rocher’’

‘’C’est vers 19 heures que la pirogue qui était sur le chemin du retour s’est cassée. Moi, je suis un pêcheur. J’étais parti à la cueillette de moules. Les faits se sont produits au moment où j’ai fini de faire mes plongées et m’apprêtais à rentrer. C’est alors qu’un ami est venu me rejoindre. Je suis alors retourné dans l’eau avec lui. Mais au cours de nos dernières plongées nous avons constaté qu’il menaçait de pleuvoir. Le temps était devenu subitement orageux. Il y avait un vent fort. La mer était devenue agitée. Ceux qui étaient venus  effectuer une visite et nous sommes alors restés sur la berge dudit îlot à attendre la fin de la pluie. Quand les choses sont revenues à la normale, on a alors entrepris le voyage retour. Le conducteur de la pirogue manœuvrait pour atteindre l’autre rive. C’est alors que les vents ont repris de plus belle. Ce fut de fortes rafales. Il y avait une forte houle. Cela a entraîné une succession de grosses vagues contre notre embarcation. Quand on s’est rendu compte que la pirogue était lourdement chargée, un des agents a alors demandé à ceux qui, d’entre nous, savaient nager de se jeter à l’eau. C’est alors que certains se sont jeté à la mer. Une vague est venue projeter la coque de la pirogue contre un rocher. L’embarcation endommagée a commencé à prendre de l’eau. Là on a entamé l’opération de sauvetage des passagers. J’ai pu sauver 6 personnes dont deux femmes de race blanche, deux fillettes et un jeune garçon’’, a dit le jeune rescapé.

Celui-ci au cours de l’entretien a confié avoir lui-même vu les dépouilles mortelles de 4 personnes. ‘’Personnellement, j’ai pu constater le décès de 4 personnes parmi ceux qui étaient dans l’embarcation. Il s’agit entre autres, d’une femme et de deux hommes. L’une des passagères est décédée à la berge, on l’a secourue, mais c’est à terre qu’on a vu qu’elle avait de la mousse à la bouche. Finalement elle est morte’’, regrette Amadou.

‘’Un jeune Mbacké-Mbacké parmi les victimes’’

Le jeune pêcheur qui était avec son compagnon, pêcheur de moules, lui aussi, a évoqué le traumatisme que cela leur a fait. ‘’On n’a pas dormi depuis hier’’. Mais il en a profité pour raconter les derniers instants de certains passagers du voyage. ‘’Il y a eu un décès parmi les agents du parc. Il avait son gilet mais il ne savait pas nager. Ayant pris peur dans l’eau, il a enlevé le gilet de secours au cours de son agitation. Cela lui a été fatal. Il y a aussi un jeune Mbacké-Mbacké du nom de Souhaïbou. C’est un monsieur très sympa. Il avait son gilet, mais voyant une jeune femme en train de se noyer, il le lui a donné. Il ne savait pas nager, malheureusement, pour lui. Malgré son geste, la jeune femme n’a pas survécu. Lui-même a fini par disparaître sous les vagues juste après. La situation était critique, mais je me suis débrouillé pour porter secours à tous ceux qui avaient réussi à maintenir la tête hors de l’eau. Il se trouvait que la marée était haute. Et puis tout ce que je vous raconte là s’est passé entre 19 heures 45 et 22 heures’’, a-t-il précisé.

Sur cette distance qui devrait, dans les normes être parcouru en un temps deux mouvements, l’embarcation y a perdu beaucoup de temps. ‘’Nous avons été retardés dans notre progression par les fortes vagues et surtout les rafales de vent. L’embarcation qui devait venir nous chercher à l’île était tombée en panne au cours du trajet. Mais je dois préciser que nous avions tous porté des gilets. Mais c’est l’affolement qui a fait que certains se sont séparés de leur gilet de sauvetage. Et puis, j’ai entendu parler de portés disparu, mais je dis qu’il n’y en a pas. On a retrouvé tous ceux qui avaient pris place à bord de l’embarcation’’, a-t-il affirmé.

 

 

 

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