Double nationalité : La position d’Idrissa Seck

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Cher compatriote,
Je suis exclusivement de nationalité sénégalaise. Mais je trouve le débat installé, par le régime APR, sur la nationalité malsain et dangereux parce que source de déchirures et de discriminations pour notre jeune nation. Comment expliquer à nos compatriotes nés à Mantes-la-Jolie, aux Mureaux ou à Marseille et qui ont la nationalité française qu’ils sont, au Sénégal, des citoyens de second rang ? Comment dire à nos compatriotes nés de parents sénégalais et étranger (français, belge, ou libanais par exemple), fait pour lequel ils n’ont au demeurant aucune responsabilité, qu’ils sont quand même des citoyens n’ayant pas les mêmes droits que les autres ? Comment expliquer au compatriote émigré en Italie, en Espagne ou aux États-Unis que son fils et sa fille nés là-bas sont moins sénégalais que lui? Ils doivent payer des impôts comme les autres, mourir pour le pays comme soldat, lui apporter la gloire d’une médaille olympique ou l’enrichir par leur génie créateur. En contrepartie, ils ne devraient avoir droit qu’à une citoyenneté partielle.
Je m’élève énergiquement contre cette nouvelle erreur de Macky Sall qui n’obéit qu’à des calculs politiciens et qui est porteuse de dangers pour notre nation.
On a vu ce que de tels débats sur la nationalité ont provoqué comme dégâts ailleurs. Évitons les chez nous. Je ne crois pas que le port d’une autre nationalité rende un Sénégalais moins patriote qu’un autre. Je ne crois pas qu’il le rende moins apte à servir son pays.
Le sens de l’histoire promeut la citoyenneté universelle, le bannissement des frontières, l’intégration sous-régionale puis continentale. L’unité africaine dont l’aboutissement serait l’unité de passeport de Casablanca à Johannesburg est inscrite dans notre constitution. Que signifierait-elle si cette réformette politicienne de l’APR était adoptée ?
Ceux qui ont la double nationalité pourront se conformer à la disposition de la constitution sur l’élection présidentielle avant le dépôt de leur candidature. L’essentiel est de respecter la loi et non de créer une injustice.

Le temps est venu de sortir de ces calculs politiciens destinés à éliminer des adversaires gênants pour se concentrer sur l’essentiel: construire ou au moins consolider l’unité nationale en chassant, de notre vocabulaire et de notre droit positif, toute source de discrimination entre nos citoyens. Soyons et restons tous d’égale dignité. Pinçons tous nos koras et frappons ensemble le balafon national. Restons le lion rouge qui rugit. Pas celui qui dort!!!

Idrissa Seck
Ancien Premier Ministre
Président du Conseil départemental de Thiès
Président du Parti Rewmi

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