Ce discours sera un test de plus pour savoir si, neuf mois après son arrivée à la Maison-Blanche, Donald Trump a fini par adopter une ligne de conduite diplomatique moins brouillonne, plus internationaliste, c’est-à-dire plus active dans la recherche de compromis ou bien plus nationaliste, plus repliée sur ses stricts intérêts au mépris de l’action collective telle que l’illustre justement le travail des Nations unies. Et ce contenu dépendra de qui aura eu le plus d’influence sur le texte qu’il prononcera. S’il s’agit uniquement de son speech writer Stephen Miller, cela risque d’être brutal. Ce jeune conseiller de 32 ans est l’auteur du discours d’investiture de Donald Trump, jugé à l’époque très incendiaire. C’est un proche de l’ancien gourou de Trump, le fameux Steve Bannon, inspirateur de l’extrême droite américaine.
La patte de Nikki Haley?
Les mauvaises langues rappellent que Miller a comme livre de chevet, parmi d’autres, l’œuvre de Charles Maurras. Inutile d’ajouter dès lors que cette inspiration contribuera à donner un discours très ethnocentré à l’ONU, sévère pour cette institution, accusée par Trump lui-même il y a quelques années d’être minable, d’abriter des gens qui y bavardent sans rien faire, autrement dit qui ne mérite pas les 7 milliards de dollars que Washington lui verse chaque année.
Mais Miller n’est certainement pas le seul à avoir mis la main sur ce discours. Il y a aussi certainement Nikki Haley, l’ambassadrice des États-Unis à l’ONU dont tout le monde dit qu’elle « déménage » mais plutôt dans le bon sens. Conservatrice certes, c’est l’ancienne gouverneure de Caroline du Sud, mais fille d’immigrés indiens avec un talent politique pour négocier et bâtir des majorités, notamment sur la Corée du Nord. C’est elle aussi qui a travaillé main dans la main avec Antonio Guterres, le patron de l’ONU, sur un projet de réforme des Nations unies moins dépensier, plus efficace et mieux contrôlé. Elle a accepté le job à l’ONU qu’à la condition de faire partie du conseil des ministres de Trump et ses collègues estiment qu’en effaçant progressivement le secrétaire d’État Rex Tillerson, elle finira sans doute par prendre sa place.
Avec elle, donc, il faut s’attendre à davantage de visibilité de l’Amérique aux Nations unies et dans le monde, davantage d’actions unilatérales aussi pour montrer que « America First » n’est pas qu’un slogan de politique intérieure.