Le directeur du FBI a été débarqué mardi 9 mai par le président américain. Dans un très court communiqué, la Maison Blanche a estimé que le départ de James Comey «permettra à l’agence de prendre un nouveau départ». Donald Trump explique que ce limogeage fait suite à une recommandation du ministre de la Justice Jeff Sessions. Ce dernier reproche à James Comey d’avoir mal géré l’enquête sur les emails d’Hillary Clinton.
Ce limogeage est très inhabituel aux Etats-Unis. Le directeur du FBI est nommé pour une mission de dix ans afin d’éviter justement que l’agence d’investigation ne soit soumise aux soubresauts de la politique. La lettre adressée à James Comey a été rendue publique et elle est très claire : le directeur du FBI n’a plus la confiance du président, Donald Trump ne l’estime pas en mesure d’assurer sa mission, le limogeage est immédiat.
Quand on sait que c’est le FBI qui mène l’enquête sur les liens éventuels entre la campagne Trump et la Russie, que c’est encore le FBI qui a ouvert une investigation sur le général Flynn, éphémère conseiller à la sécurité nationale. Quand on se souvient que James Comey a publiquement réfuté les allégations de Donald Trump, qui affirme avoir été espionné par Barack Obama, on comprend mieux l’animosité du président des Etats-Unis envers le directeur du FBI.
« Cet homme est plus célèbre que moi », avait plaisanté Donald Trump en croisant James Comey, juste après l’élection.
L’opposition sous le choc
James Comey est l’une des personnalités les plus controversées des Etats-Unis. Un homme craint et parfois détesté par les républicains comme par les démocrates.
Donald Trump l’a tour à tour traîné dans la boue, puis félicité au cours de la campagne. Il l’a traîné dans la boue lorsque James Comey a annoncé qu’il n’avait aucune raison de poursuivre Hillary Clinton dans l’affaire du serveur privé. Il l’a encensé ensuite quand le FBI a rouvert l’enquête sur les emails Clinton, dix jours avant l’élection. C’est à James Comey, d’ailleurs, qu’Hillary Clinton attribue, en grande partie, sa défaite.
Le directeur du FBI, qui semblait imperméable à ces attaques, a continué à travailler, notamment sur les possibles liens entre la Russie et l’équipe de campagne de Trump.
D’après de nombreux observateurs, c’est ce qui lui coûte son poste aujourd’hui. « Nous sommes une république bananière » ; « C’est le retour à l’ère Nixon », écrivent des élus démocrates. « Une grande erreur », a quant à lui dénoncé le chef de file de l’opposition démocrate au Sénat Chuck Schumer.
Que va devenir l’investigation sur les interférences russes dans la campagne ? Il est à parier que Donald Trump nommera à la tête du FBI un directeur moins indépendant que l’inflexible James Comey.