Faut-il en rire ou en pleurer ? En tout cas, la nouvelle tombée hier annonçant la dissolution du gouvernement, semble aujourd’hui source de miracle, pour beaucoup de militants. De nombreux ministres, devenus « inaccessibles et arrogants» peu après leur nomination à leur poste, sont aujourd’hui dispos à répondre non seulement sur leur numéro de fonction, mais aussi leurs anciens numéros, fonctionnels maintenant. Comme une « réouverture des frontières » ils sont devenus « joignables » depuis hier…
D. S militant d’un parti membre de la Coalition Benno Bokk Yakaar qui a joint Leral.net, explique comment était grande surprise, quand cet « ami » très proche l’a appelé. Durant la période électorale, il recevait non seulement très souvent de ses nouvelles, mais pour le reste des militants aussi, l’homme était très ouvert. Et mieux, avec leur plan de campagne, ils étaient souvent ensemble.
« Mais à peine quelques jours après sa nomination, son ancienne puce ne fonctionnait plus, mais le pire est qu’après avoir eu son nouveau numéro, après deux ou trois échanges, il ne répondait plus. Soit son téléphone sonne dans le vide, soit il ne sonne pas ».
Pourtant le cas « du ministre de D. S. » est loin d’être un cas isolé. D’autres militants confirment et expliquent que même, le pire avec ces « arrogants ministres ou députés», c’est quand ils sont issus d’une localité intérieure du pays.
« Non seulement, ils sont injoignables, mais même quand ils apparaissent dans certaines localités, si ce n’est pas en mission officielle, c’est comme s’ils venaient en cachette. Pourtant, ils gagneraient à communiquer davantage, car les cas d’urgence se signalent des fois, nécessitant une solution d’urgence pour le bien de tous », corse Mamadou D.
Et d’autres militants frustrés par ces ministres notent à juste titre, que « la colère des populations avec les problèmes fonciers, les inondations et même la précarité en cette période de pandémie, auraient eu des solutions provisoires et urgentes, si certains responsables étaient plus accessibles ».
Malheureusement, se désole D.S., ils oublient que même le président qui les choisit, est d’abord élu par le peuple et que nul pouvoir n’est éternel.
Une leçon pour ceux qui seront appelés à travailler dans le prochain gouvernement ?
« Qui vivra verra », dit l’adage !
Monsieur le Président, vos ministres sont pusillanimes, amorphes et essoufflés
Nombreux sont les Présidents qui ont enregistré des résultats très satisfaisants dans leur gouvernance, sans souffrir de l’absence d’un Premier ministre. Alors, aujourd’hui, poser le débat autour de l’absence d’un chef de Gouvernement résulte d’une incompréhension des fondements réels des nombreuses interrogations des Sénégalais. Le problème, ce n’est pas faute de Premier ministre, ce sont plutôt ces nombreux ministres qui ne s’assument pas.
D’abord, reconnaissons tous les mérites de l’ancien Premier ministre, Mohamed Boun Abdallah Dionne, qui avait pleinement assumé ses fonctions de chef du Gouvernement. Sur le plan politique, Boun Dionne était un répondant tenace dans le discours, assidu dans l’action et inflexible dans ses positions, face à une Opposition offensive, féroce et allergique aux concessions. A l’époque, c’est avec courage qu’il allait devant les députés, à l’Assemblée nationale, pour exposer les positions du Gouvernement sur certains dossiers brûlants. Il se frottait aux opposants parlementaires, sans complexe et avec aisance. Boun abordait toutes questions d’actualité politique, judiciaire, économique, face à des opposants redoutés, comme son ami économiste, Mamadou Lamine Diallo «Tekki».
Ce qu’il sait et aime faire, c’est défendre son chef, le Président Macky Sall, sans réserve et ni calcul. Il le faisait tout naturellement. Alors, lorsqu’un Premier ministre de la dimension de Mohamed Boun Abdallah Dionne quitte, il est d’abord difficile de substituer sa loyauté, si rarissime, par une autre.
Au Secrétariat général de la Présidence, Mohamed Boun Dionne s’investit avec le même engagement et une ardeur hypertrophie. Mais dans un pays normal, le départ du Premier ministre ou la suppression du poste ne devrait pas poser de problème dans la gouvernance, si les ministres sont habités par la volonté de servir le chef de l’État, plus que le Premier ministre sortant. Lorsque c’est le cas, c’est parce que, tout simplement, les ministres du Gouvernement actuel ne jouent pas pleinement leur rôle.
L’engagement de personnes comme le jeune ministre Abdou Karim Fofana ou le Directeur des Domaines, Mame Boye Diao, mérite d’être souligné en gras. Car, ils sont parmi les rares responsables de l’Apr qui s’assument et assument dans les médias les plus hostiles au régime. Ils n’ont pas peur de trouver les détracteurs du régime sur leur terrain pour leur porter la contradiction. Combien de ministres osent le faire ?
Donc, le problème, ce n’est point l’absence de Premier ministre car, mieux vaut ne pas en avoir que d’en avoir un qui vous mette des bâtons dans les roues, comme le Président Sall a vécu cette expérience malheureuse, avant l’arrivée du loyal Boun Abdallah. Et en vérité, si on sent l’absence d’un Premier ministre, c’est uniquement parce que les ministres ne travaillent pas. Ils se contentent de gérer et, pire, certains ministres ne se sentent concernés de rien. Soulignons, par ailleurs, que plus de 40 ministres travailleurs valent mieux qu’un seul Premier ministre, fut-il travailleur, lui aussi.
LA TYPOLOGIE DES MINISTRES DE MACKY SALL
De nombreux ministres ne veulent pas sortir de leur cachette. Ils ont peur de l’opinion des réseaux sociaux. Ces ministres pusillanimes passent plus de temps à lire les commentaires, dans les sites internet et sur Facebook, qu’à travailler sur leurs dossiers. D’autres sont abonnés sur WhatsApp, où ils passent le plus précieux de leur temps à enregistrer des audios ou à partager des vidéos. La suppression du poste de Premier ministre devrait amener chaque ministre à s’assumer, comme le faisait l’ancien chef du Gouvernement. Ce manque d’engagement de certains ministres de Macky Sall s’explique par plusieurs facteurs.
D’abord, nous avons remarqué qu’il existe 05 types de ministres :
1- Le ministre de réseau : C’est celui qui tire sa force de ses réseaux dans la classe maraboutique ou dans ses relations avec la famille du Président. Ce sont, en général, de grands comploteurs qui excellent dans le trafic d’influence.
2- Le ministre politiquement fort : C’est celui contrôle une base politique importante et qui arrive à faire gagner le président de la République et son parti. En général, il n’a pas besoin d’être compétent et il est souvent reconduit à chaque remaniement.
3- Le ministre des affaires courantes : C’est lui qui se suffit à gérer des dossiers, sans se soucier des résultats. Il ne cherche pas à faire des résultats. Il n’avance pas dans la gestion des dossiers dont il a hérités.
4- Le ministre technicien : Il est compétent et travailleur mais, malheureusement, il n’a pas de base politique. En général, il est sacrifié au profit du ministre politiquement fort.
5- Le ministre allié : C’est celui qui a la certitude qu’avec ou sans résultat, il gardera son fauteuil, parce qu’il est nommé sur la base du quota de son parti. A moins qu’il ne soit remplacé par un autre membre de sa formation politique ?
Le «fast track» que le Président Sall avait lancé n’a jamais été une réalité dans la gestion des affaires publiques, à cause de ces types de ministres qui ne savent pas par où commencer et comment travailler. La majeure partie des membres de ce gouvernement se contente de leur titre de «Ministre». Depuis leur nomination, ils se cherchent. Ils ne maîtrisent pas leurs dossiers. Et, à chaque fois, ils s’appuient sur leur Directeur de Cabinet ou leur Secrétaire général pour s’initier. C’est sur le tas qu’ils se forment. Le Président Macky Sall s’en est certainement rendu compte à l’occasion des réunions du Conseil des ministres, au cours desquels certains ministres ne prennent même pas la parole, parce que leur Directeur de Cabinet, leur Conseiller technique ou leur Secrétaire général n’a pas pu leur faire un état des lieux de leurs dossiers.
Dés fois, c’est parce qu’ils n’adressent pas la parole avec certains Directeurs généraux relevant de leur Département qu’ils ont des difficultés à communiquer sur leurs dossiers. Par manque d’humilité et de grandeur, ils s’abstiennent de solliciter des conseils auprès des membres de leur propre Cabinet. Certes, il n’existe pas d’école pour former des ministres, mais souvent, certains caractères réfractaires et hermétiques cachent mal une incompétence endémique.
Monsieur le Président, les Sénégalais ont perdu patience. De vous, ils attendent des mesures fortes pour un changement de cap, avec une équipe jeune et dynamique, capable de concrétiser votre vision pour le Sénégal. Il est urgent, alors, de procéder au remaniement de ce Gouvernement, en mettant en place une équipe combattante et compétente, capable de tenir tête à votre charmante Opposition, percutante et infatigable.
CES MINISTRES ALLIÉS SABOTEURS
Après avoir été réélu par les Sénégalais, le Président Macky Sall devrait gouverner sans se soucier de ses alliés, qui n’ont jamais été déterminants dans sa réélection. Ces lourdes chaines qui lient douloureusement le Président Sall à ses alliés encombrants devraient être tout simplement coupées, afin qu’il puisse gouverner avec des compétences avérées et loyales. Le Président Macky Sall n’a plus aucun compte à rendre à certains de ses alliés. Il leur a tout donné. Les quatre prochaines années, il doit se détourner de toutes ces considérations politiques et se décharger de tous ces goulots d’étranglement, pour n’avoir que les préoccupations de ses concitoyens en ligne de mire.
Benno Bokk Yaakaar rappelle la Cap21 qui, véritablement, n’apporte rien au président de la République. A chaque fois que l’Opposition lance une offensive contre le Président, ce sont uniquement quelques responsables de l’Apr qui apportent la réplique. Les leaders des partis de Benno se terrent dans leur coin pour éviter les flèches, s’ils n’épuisent pas leur temps à esquiver les coups. Qui a une seule fois vu un leader d’un parti allié de Macky Sall tenir une conférence de presse pour défendre le régime ? Ils ont même la paresse de rédiger un communiqué de presse. Macky Sall n’a que très peu d’alliés sincères et de nombreux courtisans et opportunistes autour de lui. Ils sont dans le Gouvernement sans y être réellement, parce qu’ils ne veulent rien assumer. Les activités gouvernementales sont aussi plombées par ces ministres qui ne se soucient que de leur carrière politique personnelle. La réussite de Macky Sall ne les motive pas. Ses échecs, ils en rient à gorge déployée, dans le secret de leur chambre à coucher.
Macky Sall souffre d’une solitude politique et d’un manque criard de solidarité gouvernementale. Même avant son confinement, le Président Sall était plongé dans une quarantaine politique. Et l’on se demande s’il s’en est rendu compte. En toute discrétion, certains ministres travaillent sur des schémas pour 2024.
Monsieur le Président, votre Gouvernement est peuplé de ministres fainéants, saboteurs et incompétents. Ils se perdent dans leur feuille de route et ils n’ont pas la culture du résultat. Ils ne se soucient guère des attentes des Sénégalais, car ils raisonnent en termes de parti et d’appartenance politique. Et demain, ils seront les premiers à quitter le navire, lorsque des difficultés surgiront. On connait aussi des ministres affairistes dans ce Gouvernement, dont certains utilisent leurs anciens « promotionnaires », comme prête-nom pour faire des affaires dans des dossiers qui touchent leur Ministère.
Monsieur le Président, vous gagnerez à comprendre, enfin, que certains ministres ont un agenda qui risque de compromettre votre projet de société, parce qu’ils excellent dans les complots sournois, les manipulations insidieuses et les traquenards politiquement mortels. Ils ne mouillent pas le maillot pour le pays, seules leurs carrières et leur ascension sociale les intéressent. Ceux-là, il faut les extirper du Gouvernement pour aller vite car, véritablement, il faut aller vite pour satisfaire les Sénégalais qui ne peuvent plus attendre.
PRÉSIDENT, PRENEZ LES CHOSES EN MAIN
Aucun Gouvernement n’a la magie de résoudre toutes les difficultés de tous les citoyens mais, lorsque le Président remanie son équipe, il donne l’impression d’avoir entendu les récriminations de son peuple. Mieux, il fait renaître l’espoir aux yeux d’un peuple prompt à accorder sa grâce au nouveau Gouvernement.
La routine tue l’initiative. Vos ministres se sont avachis et ont perdu le réflexe du travail bien fait, bien avant la pandémie qu’ils prennent maintenant comme alibi, évidemment factice. Le service public traîne des lacunes. Plusieurs dossiers urgents dorment dans les Ministères, bloqués par des ministres qui refusent d’appliquer les directives présidentielles. Lorsqu’on perd l’amour du travail, et quand on pense n’avoir plus rien à prouver, on adopte la posture du paresseux, glissant ses bras dans ses poches pour déambuler au bord des plages.
Oui, Monsieur le Président, les Sénégalais sont pressés. Ils ont soif d’un mieux vivre. Ils sont à bout de souffle, dans leur longue attente d’une vie meilleure. Un Gouvernement, c’est comme une équipe de football. Seuls les meilleurs doivent participer aux compétitions. Ceux qui traînent des lacunes physiques n’ont pas leur place dans les 11 de départ, ni dans la liste des remplaçants, de même que ceux qui s’offusquent à appliquer les directives de l’entraineur que vous êtes. Il va falloir, également, précipiter le départ de ceux qui veulent changer de club.
La gestion des activités gouvernementales doit être axée sur les résultats impulsés par une bonne feuille de route clairement définie. Aujourd’hui, que pouvons-nous retenir, si nous faisions une évaluation objective des résultats de ce Gouvernement, depuis sa mise en place ?
Monsieur le Président, ces «ministres meubles» doivent céder leur place à d’autres Sénégalais plus engagés et prêts à se sacrifier pour leur pays.
De nombreux projets et réformes sur les plans sanitaire, agricole, foncière, institutionnelle sont attendus. Le Président Macky Sall a la chance d’avoir une opposition alerte et vivace et en veille permanente. Cette chance, manque à certains de ses collègues. Il doit alors prouver qu’il peut encore mieux faire, sans pour autant, tomber dans le piège de la diversion de ses opposants.