Le Président de la République, et après lui certains de ses plus proches collaborateurs, avait laissé entendre l’imminence de l’organisation d’un « dialogue national ». Sans en préciser ni le contenu, ni le format, ni l’échéancier. Cette intention, exprimée par le Chef de l’Etat, avait suscité un certain espoir en ce que l’on se disait que, cette fois-ci, les leçons allaient être tirées du dialogue…politique(?)tenu au palais de la République en 2016 pendant toute une journée sans résultats tangibles. Cette grand-messe s’était poursuivie au Ministère de l’intérieur en la présence de 100 personnalités ayant disposé chacune de…deux minutes pour se prononcer sur le menu qui leur était proposé. Ce menu tenait en douze points relatifs, en résumé, aux mécanismes électoraux. Enjeu: comment conquérir le pouvoir pour l’opposition et comment le garder pour ceux qui l’ont déjà. De l’avis quasi général la montagne a accouché de quelques souris…
Depuis quelques temps, et sous la houlette du tout nouveau Ministre de l’Intérieur des invitations ont, semble t-il, été lancées à 294 partis (!) politiques à prendre part à un « dialogue politique » dont le menu ne tourne qu’autour des préoccupations des politiciens. Si 100 participants avaient eu droit à deux minutes en 2016, gageons que cette fois-ci, moins d’une minute de temps de parole serait dans l’ordre du raisonnable… à moins que l’opposition ne parle que d’une seule voix! Deux cents minutes pour dire tout ce que l’on voudrait entendre d’une seule voix….Le rêve !
Bref, dialogue national ou dialogue politique?
Retenons en tous cas que ce glissement sémantique ne nous fera pas oublier l’impérieuse nécessité d’un dialogue véritable sur les fondements de la République post-coloniale et la remise en cause en profondeur de ses paradigmes. Tout le reste ne sera que lifting et fuites en avant.
Cela étant dit, il paraît que « des arabes vendent des noirs en Lybie » C’est tout au moins ce topo qui a été retenu à travers les réseaux sociaux. Et les principaux médias planétaires contribuent, méthodiquement, à installer ce raccourci dans nos têtes et dans nos cœurs. Une vidéo d’un animateur célèbre de RFI fait le buzz sur le registre de l’indignation. A partager « obligatoirement ». Certains internautes ajoutent cette injonction à leurs commentaires et mettent en demeure leurs « amis », au risque d’être déchus de ce titre, s’ils ne partageaient pas la vidéo en question. Je suis désolé! Tout cela sent la manipulation. À quelles fins? On finira par le savoir! En attendant, on nous en a fait oublier que les Libyens et nous étions tous africains! L’Union africaine devrait se pencher sur cette crises et tant d’autres en suspens.
Cela étant, les bonnes questions seraient les suivantes:
Qui avait promis le Paradis au peuple Libyen en échange de l’assassinat de Mouammar Al Khadaffi? Qui sont les vrais responsables de la tragédie libyenne ?
Pourquoi les jeunes africains préfèrent-ils affronter l’enfer qu’est devenu la Libye que de rester dans leurs pays d’origine? Partir! Avec pour seul horizon le mirage européen et les risques de noyades dans la Méditerranée? Qu’ont-ils laissé derrière eux de si désespérant ?
Voilà les questions auxquelles aurait dû répondre la Conférence sur la paix et la sécurité qui vient de se terminer à Dakar en présence, justement, des chefs d’Etat des principaux pays pourvoyeurs de candidats à l’immigration par la voie libyenne.
Ne nous distrayions pas!
L’équation est simple: les jeunes africains veulent partir parce que les dirigeants africains ne leurs offrent aucune perspective. Ils
fuient le désespoir en bonne connaissance de ce qui les attend. Ceux qui ne peuvent pas, pour des tas de raisons partir, deviennent des recrues faciles pour les marchands d’illusions : qu’on les appelle « jihadistes » ou qu’ils soient des narco-trafiquants. Ne cherchons pas midi à quatorze heures : Les dirigeants africains sont les seuls responsables des tragédies humanitaires qui défigurent ce beau continent. Ils se complaisent dans des postures de Chefs d’Etats dont le budget est l’équivalent de celui d’une Université américaine moyenne. Et ça parade et ça discours. Et ça empoche des commissions dans des deals sur nos ressources naturelles et ça case les amis et les…frères pendant que leurs peuples se meurent.
On comprend pourquoi Macron se fait représenter par son Ministre des Affaires étrangères ! Lui dont les armées et les entreprises réoccupent nos pays sans frais. Avec, en prime, les sourires « bananias » de nos chefs.
Qui disait y’en a marre?
Amadou Tidiane WONE