Les relations tendues entre le ministre de la santé et de l’action sociale, Abdoulaye Diouf Sarr et le chef du service des maladies infectieuses de l’hôpital Fann, le Pr Moussa Seydi, ne sont plus un secret de polichinelle. Les deux hommes qui sont au cœur de la lutte contre le coronavirus au Sénégal ne sont pas en odeur de sainteté. Leur discorde met en danger tous les efforts qui sont consentis jusqu’ici. En pleine troisième vague de Covid-19, les choses risquent de s’empirer si rien n’est fait.
Le différend entre Abdoulaye Diouf Sarr et le Pr Moussa Seydi est loin de connaitre son épilogue. Les deux hommes ont du mal à accorder leur violon dans la gestion de la Covid-19, qui est en train de faire des ravages au Sénégal. A la date de ce samedi 24 juillet 2021 notre pays a enregistré 712 nouveaux cas. Depuis l’apparition de cette pandémie, le Pr Seydi ne cesse de sonner l’alerte sur la situation dans les centres de traitement épidémiologiques (CTE).
Au début du mois de juillet, lors de la réunion du Comité national de gestion des épidémies, le chef du service des maladies infectieuses de l’hôpital Fann avait dénoncé un problème d’oxygènes dans les CTE. « Nos hôpitaux sont souvent confrontés à des problèmes de panne et de qualité d’oxygène », déclarait le Pr Moussa Seydi lors de cette rencontre. Mais sa sortie n’a pas plu à son ministre de tutelle qui a saisi le ballon au rebond pour lui servir une réplique.
Lors du lancement de la campagne de vaccination « Johnson & Johnson », Abdoulaye Diouf Sarr a saisi l’occasion pour remettre les points sur les « i ». Selon lui, il n’est pas là pour apprécier le point de vue des uns et des autres mais le point de vue national. Une pique pour son rival éternel. « Nous sommes partis de 12 lits dans un seul CTE, au début de la pandémie, pour arriver à plus de 30 CTE totalement équipés en respirateurs, en oxygène et réanimation. Il n’y a eu en aucun moment un CTE sans oxygène. Il est disponible partout. Il n’y a pas de risque ni de problème, nous sommes en train de gérer la situation », explique-t-il.
Mais cette guerre silencieuse qui fait rage risque d’avoir des conséquences fâcheuses. En pleine résurgence de la pandémie, les efforts consentis risquent d’être annihilé si ce différend continue. La troisième vague s’est installée, les morts se comptent de jour en jour. Et dans la situation actuelle, les sénégalais n’ont pas besoin de querelles de borne fontaine. Il est impératif de dire la vérité aux Sénégalais comme le préconise le Khalife général des Tidianes, Serigne Babacar Sy Mansour, depuis l’apparition de la pandémie dans le pays.
Dans le contexte actuel, la politique n’a pas sa place dans la gestion du Covid-19 au Sénégal. Les autorités sanitaires doivent dire à la population ce qui se passe réellement dans les CTE. La santé de tout un pays en dépend. Depuis 2020, le Pr Seydi sonne l’alerte. Mais ses inquiétudes, qui tournent autour de la disponibilité des lits, du manque de respirateurs, d’oxygène, sont toujours balayés de la main par les services du ministère de la Santé.
L’heure est grave ! Le Covid-19 fonce sur les sénégalais et les acteurs de la première heure dans cette lutte ont abandonné le navire. Et si l’on n’y prend garde, le Pr Seydi, dernier gladiateur, risque lui, d’être contaminé par le virus de la défection. Et s’il s’en va se sera une catastrophe en pleine pandémie. Il est temps que le président Macky Sall mette les hommes qu’il faut à la place qu’il faut.