Dieynaba mère du défenseur Pape Abdou Cissé «Un jour, il m’a dit qu’il a cherché le numéro de son père et qu’il irait le voir aux Etats-Unis»

Dieynaba mère du défenseur Pape Abdou Cissé «Un jour, il m’a dit qu’il a cherché le numéro de son père et qu’il irait le voir aux Etats-Unis»

Qui est mieux placé que sa mère pour parler de Pape Abou Cissé ? Son enfance, ses galères, son parcours ainsi que ses rêves, Dieynaba Ndione s’en est ouverte pour la première fois. Trouvée chez elle à Keur Massar, la mère du défenseur de l’Olympiakos raconte comment son Pape Abou Cissé a réussi son odyssée. 

«Quand je venais à Dakar, même étant jeune, il voulait à chaque fois me payer le transport»

«Pape était un enfant calme. C’est quand il a eu 8 ans qu’il a commencé à se libérer. Il n’a jamais eu de problème particulier, il apporte toujours une bonne ambiance partout il est. Avant, on habitait à la Cité Soprim et après on est venu à Pikine. Il faisait la classe de 3e secondaire. Comme son père était en voyage aux Etats-Unis pendant longtemps, il a voulu m’aider. Pape Abou allait acheter des friperies et les vendait dans le quartier. Parfois, il faisait de la peinture. Je lui disais : ‘’Papa essaie de continuer tes études c’est mieux’’ mais il me répondait toujours : ‘’je n’ai pas réussi à décrocher mon Bfem laisse-moi aller voir ce que je peux avoir avec la friperie’’. Par la suite, je me suis remariée et je suis partie vivre à Mbour mais lui et ses frères et sœur sont restés avec ma famille à Pikine. Quand je venais à Dakar, même étant jeune, il voulait à chaque fois me payer le transport. Mes enfants ont été bien entretenus par mes frères et sœurs qui sont restés à la maison mais aussi par ma tante, la coépouse de ma mère Adja Bintou Ciss. J’ai perdu ma mère très tôt».

«Pape Abou…des muezzins de la mosquée de Soprim»

«L’éducation de mes enfants n’a pas été facile en tant que mère qui vivait seule avec ses enfants, mais grâce à Dieu, mon père nous avait déjà inculqué des valeurs. On ne se lamente jamais sur notre sort, mais aussi on ne change pas face au succès. On partage tout ce qu’on a avec nos proches. C’est comme ça qu’on a été éduqué. J’étais avec 3 frères de son père. J’ai vendu des beignets. Ils allaient tous à l’école et après ils allaient apprendre le Coran. Pape Abou est allé même jusqu’à être l’un des muezzins de la mosquée de Soprim. Il s’entrainait en tant que basketteur et à la fin, il est devenu footballeur. Il me disait souvent, avec un de ses amis Bada Lo ‘’Maman prie pour moi, je  vais devenir un grand footballeur’’. À vrai dire je ne voulais pas qu’il devienne footballeur à cause de tout ce que mon frère Cheikh Tidiane (Thialang) a vécu dans le monde du football. Parfois, il revenait avec des choses qu’il a gagnées au football et je lui demandais souvent d’aller le donner à sa grand-mère. Il me disait à l’AS Pikine qu’il avait 100.000 francs mais je ne prenais que 5000 francs et priais pour lui. C’était dur mais on s’est armé de courage pour s’en sortir».

«Un jour, il m’a dit qu’il a cherché le numéro de son père et qu’il irait le voir aux Etats-Unis»

«Je me rappelle quand il est parti à Ajaccio, il m’a dit : ‘’vraiment maman, ici tout le monde m’aime beaucoup, continue à prier pour nous’’ et je lui ai répondu : ‘’l’essentiel est de continuer sur le droit chemin’’. Il est toujours resté le même. Un jour, il m’a dit qu’il a cherché le numéro de son père et qu’il irait le voir aux Etats-Unis. Ce qu’il a fait, il est parti le voir. A chaque fois qu’il dit quelque chose, il le fait. La preuve, à chaque fois que je dis que je veux quelque chose, tant qu’il ne me la ramène pas, il n’est pas tranquille».

«Il m’a révélé qu’il rêve de jouer à Dortmund»

«Je n’ai jamais voulu parler dans les médias. Parce que nous sommes une famille effacée malgré que mon fils soit connu. On rend grâce à Dieu vraiment et continuons de prier pour Pape Abou. Je prie qu’il ait le contrat qu’il veut. Il m’a révélé qu’il rêve de jouer à Dortmund. Si Dieu le veut, je le lui souhaite vraiment».

«Je regarde tous ses matchs en plus je jeûne pour lui à chaque fois»

«Lors des éliminatoires, quand il a marqué le but, tout le quartier était venu chez nous. J’avais mon chapelet et je rendais grâce à Dieu. Je demandais à tout le monde de prier pour lui. Je regarde tous ses matchs en plus je jeûne pour lui à chaque fois. Même quand il devait aller à l’Olympiakos, j’ai jeûné pour lui, malgré que j’aie une opération récente à mon bras. C’est après la prière de 17h qu’il m’a appelé pour m’annoncer la bonne nouvelle. Avec ma sœur on était content et on a prié pour qu’il nous emmène à Fez et à La Mecque. Il ne l’a pas encore fait parce que cette année avec le Covid, les voyages n’ont pas été organisés.

«Ses plats préférés ceebu jën, mafé et domada»

«Il aime le riz rouge au poisson et le mafé. Avant de venir, il m’a appelé pour me dire de préparer du ceebu jën, du mafé et du domada. Il mange et reste à mes côtés. Il m’aime beaucoup, on a toujours été complices parce que quelque part on a le même caractère. Il est toujours jovial mais n’accepte pas l’injustice. On lui souhaite vraiment un avenir radieux».

De l'As pikine à Olympiakos: le muezzin Pape Abdou Cissé
Fatou Cissé «Anita», sa grande-sœur : «c’est une surprise que Papa Abou soit footballeur pour nous sa famille»

«En tant que sa famille, on n’a peut-être pas la même pression que lui quand il joue, mais on a quand même de la pression vis-à-vis des gens. Ce n’est pas facile, mais on rend grâce à Dieu. Lors de sa première sélection, on était vraiment content, on a jubilé. C’était contre le Soudan, on est parti au stade et il avait marqué un but. Je criais : ‘’c’est mon frère, c’est mon frère’’. Ça m’a beaucoup marquée. On a toujours le même sentiment de le voir porter le maillot sénégalais comme il l’a toujours voulu. Il faut dire que c’est une surprise que Papa Abou soit footballeur pour nous sa famille, parce qu’il a commencé en tant que basketteur. C’est une personne joviale. Pape Abou est une boule énergétique».

Assane Cissé, son grand-frère : «Il ne prend jamais de décision sans en parler en famille»

«On a toujours vécu comme on vit actuellement. Depuis notre enfance, on a presque tout fait ensemble mais surtout dans la sincérité. Je pense surtout que c’est l’éducation que nos parents nous ont inculquée. Il ne prend jamais de décision sans en parler en famille. Il a toujours été reconnaissant. Comme tout le monde, il a des défauts mais c’est une personne formidable. On a vécu une relation humaine jusqu’à aujourd’hui. On a joué ensemble au basket, il a même été meilleur joueur de basket chez les plus petits. Un jour, on a été à la Patte d’Oie. On a eu un accrochage avec un apprenti de car. Il m’a tellement défendu et j’étais fier de lui. Je n’oublierai jamais ça. Il a montré un courage et a montré qu’une famille doit être une force. Le fait qu’il soit professionnel démontre qu’il est responsable. Il est resté le même. Il a suivi le cycle normal de sa vie. Il change nos quotidiens à chaque fois qu’il est là, il aime se mettre dans une bonne ambiance. Papa est une personne naturelle».

Hamdou Ndiaye, son meilleur ami : «Pape Abou n’a pas été changé par le succès ou la richesse»

«Pape est plus qu’un ami pour moi, il est mon frère. On a partagé le même lit pendant 15 ans. On a joué ensemble en juniors à l’AS Pikine. On s’entrainait le matin, à 6h, mais lui s’entrainait toujours le soir en plus pendant que nous restions à la maison. Il ne s’arrêtait jamais. Même quand on avait d’autres programmes, il préférait aller s’entrainer. C’est son oncle Cheikh Tidiane qui nous a plus poussés à être footballeurs. Pape Abou n’a pas été changé par le succès ou la richesse. Parfois même, les gens nous confondent tellement on se ressemble et on s’entend bien. Il aime trop l’ambiance, vit sa vie pleinement. Il est resté le même, il est toujours avec ses amis d’enfance. En groupe c’est même lui qui nous prépare le thé malgré son statut de footballeur professionnel. Pour vous dire comment il est humble et simple. Il n’est pas du genre à changer de fréquentation. Concernant sa carrière, il est jeune et à un avenir brillant devant lui. Il doit s’armer de patience dans toutes les épreuves. Il faut aussi savoir que Pape Abou, avant d’être joueur de l’AS Pikine, a été un supporter. Il se déshabillait au stade et suivait l’équipe partout».

Coach Idy Sy, son coach junior : «sa réussite ne me surprend pas au vu de ses qualités»

«Pape est comme un fils pour nous parce qu’on a joué avec son oncle. C’est une personne simple, humble et qui croit en lui. Il aime sa famille et ses amis ainsi que son quartier Pikine. Sa réussite ne me surprend pas au vu de ses qualités. Il a toujours été attentif aux conseils. Même parfois quelqu’un peut toucher son orgueil, mais il le prend positivement considérant que c’est dans le cadre de son métier et pour sa progression. C’est un bosseur et il œuvre beaucoup dans le social. Quand Moustapha Seck est arrivé à Pikine, je lui ai demandé de donner une chance à Pape Abou puisqu’on était en manque d’axe central. Il avait le gabarit et le talent. Il l’a essayé malgré qu’il y avait d’autres joueurs plus expérimentés. Il a commencé à être titularisé sous le magistère du coach Alassane Dia». 

Coach Mass Cissé, AS Pikine et formateur : «il a vécu des situations difficiles mais comme il a tenu, il est parvenu à ses fins»

«Je me rappelle le jour où il passait aux alentours de notre terrain pour faire son footing, très jeune. Je l’ai appelé pour lui dire qu’il doit venir jouer dans mon équipe Diamono comme axe central. Je lui ai dit qu’il pouvait jouer à ce poste parce qu’il avait la taille et qu’il joue des deux pieds. Je lui ai aussi demandé s’il n’y aurait pas de problème parce qu’il n’habitait pas le quartier où je voulais qu’il joue en Navétanes, surtout par rapport à son oncle Cheikh Tidiane ‘’Thialang’’. On est parti jusqu’en finale et après la pression, il est retourné chez lui à Natangué. Il est venu nous rejoindre à l’AS Pikine sous le magistère d’Alassane Dia dont j’étais l’adjoint. Il progresse beaucoup parce que c’est un joueur qui écoute et applique les consignes. Quoi qu’il arrive, il prend le temps de t’écouter et après faire ce qu’il faut. Je lui reproche ses transversales. Il s’empresse de les faire alors que ça doit être bien fait et atteindre la cible sinon ce sera une cause pour que l’équipe déjoue. Mais il est dur sur l’homme et a tout le temps envie de gagner. Il est vraiment sur la ligne qu’on attendait de lui. J’ai dit à mes joueurs actuels que Papa Abou est passé par ici, il a galéré, il a vécu des situations difficiles mais comme il a tenu, il est parvenu à ses fins. Il titille les plus grands joueurs du monde, comme Cristiano Ronaldo. Il va aussi réussir à s’imposer en équipe nationale. Le plus beau souvenir que j’ai de lui, c’était lors de notre match en finale de Coupe du Sénégal contre Ngor. C’est lui qui a centré le ballon et Sangoné Sarr a marqué de la tête le but de la victoire. On avait choisi de faire jouer Papa Abou, plus teigneux, à la place d’Habib Diop parce que Ngor avait un bon attaquant (Yannick Gomis). Pour ce qui est de la personne, c’est quelqu’un de reconnaissant. Il  vient nous voir à chaque fois qu’il est au Sénégal. Il fait de beaux gestes pour son ancienne équipe, la dernière en date, c’est cette semaine. Moi-même il me donne à chaque fois des équipements. Il s’occupe très bien aussi de sa famille».




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