Le choix du Président Sall de nommer l’Ambassadeur Seydou Norou Bâ à la tête de la Commission nationale de concertation sur le processus électoral, aura pour effet de tout effacer pour remettre les compteurs à zéro.
En termes clairs, si le profil de l’homme ne souffre d’aucune réserve de la part des hommes politiques souvent méfiants envers ‘’les hommes du Président’’, parce qu’on ne lui connait aucune accointance politique particulière, il n’en demeure pas moins qu’il devra, s’il veut réussir sa mission, faire preuve de dextérité.
Rien n’est encore acquis et le processus déjà enclenché par son prédécesseur, Aly Ngouille Ndiaye, actuel Ministre de l’Intérieur, a été biaisé par le fait que des coalitions aussi importantes que Mankoo de Me Wade et Wattu de Khalifa Sall n’avaient pas jugé nécessaire d’y participer. Or, il se trouve que ce sont les deux coalitions les plus importantes de l’opposition parce que regroupant l’essentiel des partis de l’opposition vraiment significative comme le Pds, Rewmi, Grand Parti, Act, etc.
C’est que certes Aly Ngouille Ndiaye avait autour de lui de nombreux partis politiques et le soutien de la coalition au pouvoir Benno, mais sans cette frange importante de l’opposition, le débat sera difficilement contradictoire et les décisions consensuelles.
Alors, le Président de la République a sans doute pris la mesure attendue, celle en effet qui pourrait fédérer tout le monde, l’ensemble de la classe politique autour d’une table pour discuter de questions essentielles relativement notamment au processus électoral.
Toutefois, il faudrait, pour ce faire, qu’il remette les pendules à l’heure et le compteur à zéro. En quoi faisant ? Eh bien en reprenant le processus à son début.
Il faudra alors reprendre les Termes de référence en réunissant la commission pour y réfléchir d’une façon intelligente. Ils devront englober l’ensemble des préoccupations de la classe politique, celles-là qui intéressent les Sénégalais et qui pourront faire avancer la démocratie.
Il sera également nécessaire de convoquer à nouveau tout le monde. Parlons plutôt d’invitation qu’il faudra adresser non seulement à ceux qui étaient là et qui avaient exprimé leur bonne volonté, mais également à ceux qui étaient absents parce que justement réticents pour des raisons qu’ils avaient rendues publiques.
Il va s’en dire que si la situation exige que des visites de courtoisie soient rendues à ces leaders, ce serait une excellente chose parce que pouvant aider à arrondir les angles.
La dernière exigence, celle-là incontournable, c’est de choisir une nouvelle date et un lieu qui pourrait exclure toute forme mainmise de l’Etat sur les travaux.
Il reste cependant un obstacle de taille : Le procès programmé de Khalifa Sall.
Macky a choisi de se conformer à cette exigence de l’opposition dans un contexte particulier, en l’occurrence l’ouverture, ce jeudi du procès de Khalifa Sall.
Certains pourraient même soupçonner qu’il ait cherché à noyer ainsi le poisson en montrant sa bonne volonté de dialoguer avec son opposition au moment où s’ouvre le procès d’un des leurs.
Nous nourrissons ainsi la crainte que l’ombre de Khalifa Sall n’oblitère cette bonne volonté et ne brise les ardeurs de Seydou Norou Bâ.
Il est en effet peu probable que la coalition Wattu réponde à une autre invitation alors que son coordonnateur lutte pour sa liberté et pour la préservation de ses droits civiques.
Ils ont déjà fait montre d’intransigeance pour répondre à une quelconque main tendue du Président Sall, tant que le préalable de la libération du Maire de Dakar n’a pas été satisfait.
Pis, en plein procès, ils risquent d’être sourds à toute velléité de dialogue. Et il n’est pas exclu que toute cette opposition dite radicale adopte la même posture, ne serait-ce que par solidarité.
Comme quoi, il y a certes espoir, mais il y a peu de chance que les choses bougent dans un contexte de procès dont le caractère politique a été décrié.
Rewmi Quotidien