Briser ses vœux pour en prononcer d’autres : déjà mariées à Dieu, ces deux religieuses catholiques ont décidé de renoncer à la vie monacale pour démarrer une vie de couple après un coup de foudre mutuel.
Federica, de nationalité italienne, et Isabel, Colombienne, ont 44 ans. Toutes deux ont choisi de consacrer leur vie au Seigneur en devenant nonnes, affiliées à l’ordre franciscain. Mais voilà, Jésus n’était pas l’unique amour de leur vie : les deux femmes sont un beau jour tombées amoureuses l’une de l’autre.
Les deux femmes, qui n’ont pas souhaité donner leur nom complet ou appaître en photo, se sont rencontrées il y plusieurs années lors d’une mission sur le continent africain. Là-bas, elle se lient d’amitié… avant de comprendre la nature plus ambigüe de leurs sentiments. Après trois ans d’hésitation, elles décident finalement, en 2016, de briser leurs vœux envers l’Église catholique et de se marier en Italie.
Il prononcera bientôt une bénédiction religieuse pour les « jeunes mariées », rencontrées au sein de la communauté LGBT chrétienne. L’union civile de Federica et Isabel sera d’ailleurs la 20e que Franco Barbero célèbrera depuis sa radiation par l’Église. « Ce sont deux personnes merveilleuses, avec une grande foi. Elles ont réfléchi un long moment avant de prendre cette décision courageuse, sachant qu’elle ne serait pas bien acceptée », a raconté l’ex-prêtre à La Stampa.
Les deux femmes sont en couple depuis maintenant 3 ans. Ravies de pouvoir officialiser leur union, elles militent aussi pour une Église catholique plus ouverte et plus tolérante envers les personnes homosexuelles qui désireuse d’avoir une vie de couple sereine : « Dieu veut que les gens soient heureux », explique Federica à La Stampa. « Nous invitons notre Église à accueillir tous les gens qui s’aiment. »
C’est chose faite depuis le mercredi 28 septembre 2016, grâce au maire Luca Salvai (du Mouvement politique italien 5 étoiles), qui a prononcé leur union civile à Pinerolo, dans le nord du pays.
La loi dit oui, la foi dit non
Mais leur belle histoire – et celle des gens qui les ont accompagnées – est aussi celle d’une rupture. La défiance de l’Église catholique envers les personnes homosexuelles, qu’ils accusent de « vivre dans le péché », est de notoriété publique. Et l’Italie, pays où la tradition catholique pèse de tout son poids, n’a autorisé le pacte d’union civile pour les personnes de même sexe qu’en février 2016, se plaçant ainsi à la dernière place des grands pays d’Europe occidentale à avoir légiférer sur la question du mariage entre deux personnes de même sexe.
Sans surprise, le Vatican s’est fortement opposé au passage de cette loi, soutenu par de nombreux prêtres et citoyens croyants lors de grandes manifestations au nom de la famille chrétienne « traditionnelle » dépeinte par la Bible.
Federica et Isabel n’ont pas été les seules à avoir dû se détacher de l’institution religieuse pour pouvoir vivre pleinement leur relation. Franco Barbero, un ancien prêtre, a un vécu similaire. Excommunié par le Vatican en 2003 à cause de son positionnement en faveur du mariage homosexuel et de ses critiques à l’encontre de la doctrine de l’Église, il se bat depuis pour concilier foi chrétienne et homosexualité.