Assiétou Sow et Bineta Sow sont deux sœurs de même père et mère. Après le décès de leur père, les deux dames ainsi que leurs enfants ne s’entendent pas. L’aînée, Bineta Sow, n’habite pas dans la maison avec ses enfants. Elle vient souvent dans la maison familiale lors d’événements comme ce fut le cas lors du baptême de l’épouse de son frère, Mamadou Bobo Sow. A cette occasion, Ndèye Fatim Faye, la fille aînée d’Assiétou Sow l’a traitée de fille illégitime de leur grand-père qui n’a aucun droit à l’héritage. Pour laver l’affront, ses enfants ont décidé de porter l’affaire devant le tribunal. Celle-ci est mise en délibéré pour le 10 mars prochain.
Les deux sœurs Assiétou et Bineta Sow ont lavé le linge sale à la barre du tribunal de Pikine-Guédiawaye. Lors du baptême de l’enfant de leur oncle, la famille Faye avec à sa tête l’aînée, Ndèye Fatim Faye, a décidé à l’unanimité de boycotter cette cérémonie. Pourtant leur propre maman, Assiétou, et leur oncle habitent dans la même maison. Après le boycott de la famille Faye, c’est-àdire des filles d’Assiétou Sow, le lendemain de la cérémonie, la femme de Bobo, qui préparait de la bouillie, s’est vu refuser l’entrée de la cuisine. Faisant contre mauvaise fortune bon cœur, elle décide de cuisiner près de sa chambre sous le compteur électrique de la Senelec. Ce qui était, aux yeux de Bineta Sow, trop risqué et elle le lui a fait comprendre. Cette dernière lui propose d’aller dans la cuisine pour préparer sa bouillie. Mais Assiétou Sow refuse. C’est le début de la dispute. Assiétou fait appel à ses filles qui n’habitent pas loin.
A leur arrivée, les mots ont commencé à voler bas, les filles traitant leur tante de tous les noms d’oiseaux. Ndèye Fatim Faye est allée jusqu’à la traiter de fille illégitime qui n’a pas droit à l’héritage de leur grand-père. Enregistrée par sa tante Bineta Sow, la prévenue a nié à la barre les propos qu’on lui a prêtés. Lesquels ont été traduits par un huissier et versés au dossier comme pièces à conviction. « Ce n’est pas moi qu’on entend dans l’enregistrement. J’étais au travail et je ne suis arrivée à la maison qu’aux environs de 20 heures » s’est-elle défendue.
Pour Madame le procureur, la prévenue n’est pas courageuse car elle devait assumer ses propos à la barre du tribunal. « Cette maison ne se nomme pas Faye. Vous n’y avez aucun droit de succession tant que votre mère est vivante. Si vous êtes des enfants dignes, il faut acheter une maison à votre mère pour l’y loger. C’est cela votre combat au lieu de tenir des propos malveillants à l’endroit de votre tante. Tout ce que vous lui avez dit, c’est comme si vous l’avez dit à votre propre mère (…) en Afrique, nous avons nos réalités. Lorsque vos deux mères se crêpent le chignon, cela ne doit pas être votre problème » a tancé le maître des poursuites.
L’avocat de la partie civile a soutenu que cette affaire aurait dû ne pas atterrir sur la table du tribunal si les prévenues n’avaient pas semé le désordre dans le bureau du commissaire. « J’étais déçu du comportement des membres de cette famille. Ils squattent et ont leurs entrées au niveau du commissariat de Pikine. La dame Ndèye Fatim prétend qu’elle n’était pas présente au moment des faits. Ce qui est totalement faux. Elle est même allée jusqu’à dire que sa tante Bineta Sow est mandingue et non pulaar. Et pour qu’elle puisse hériter de la maison, il va falloir procéder à un test ADN (…) Aujourd’hui, ma cliente qui venait chaque fois voir la famille est gênée par les propos malveillants de Ndèye Fatim Faye. Au nom de quoi doit-on rester à écouter des injures ? Ma cliente a dit à ses enfants de ne pas venir car si tel est le cas, il y aurait un bain de sang. Personne n’accepte que sa mère soit discréditée de cette manière (…) Les prévenus n’ont rapporté aucun fait qui atteste que ce qui leur est reproché n’est pas vrai. Je prie le tribunal de les déclarer coupables et octroyer à ma cliente la somme de 100 millions de dommages et intérêts » a plaidé la robe noire.
Madame le procureur a demandé l’application de la loi. La défense, par la voix de Me Omar Sy, a plaidé non coupable en démontant les arguments de la partie civile. « Mon confrère a des difficultés pour articuler les délits. Les débats ont tourné entre les injures et les voies de fait. Dans ce genre de situation, tant que le problème de succession n’est pas réglé, les faits vont demeurer (…) Il faut écouter l’enregistrement audio, aucunement le nom de la partie civile n’est cité. Avec le développement de la technologie, la voix de quelqu’un peut être manipulée. Et c’est le cas. On les a traînés à la police et il fallait réagir en disant des balivernes au niveau au tribunal. Il faut écarter le délit de diffamation. La partie civile dit que seule Ndèye Fatim Faye l’a insultée. Or, on sait que cette dernière était au travail et qu’elle est descendue vers 20 heures (…) Il n’y a aucun rapport physique entre les prévenues et la partie civile. Si elle s’est blessée, c’est de son propre gré. Les renvoyer des fins de la poursuite. Cent millions pour des broutilles. Je laisse le tribunal le soin d’apprécier » a plaidé la défense. L’affaire est mise en délibéré pour le 10 mars.
Le Témoin