Des rebelles syriens soutenus par les Etats-Unis accusés d’avoir décapité un enfant

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Les images sont d’une insoutenable barbarie. Une vidéo montrant des combattants rebelles syriens décapiter un enfant près d’Alep a émergé, mardi 19 juillet, sur les réseaux sociaux. Pour notre Observateur, c’est la première fois qu’un acte de cette teneur se produit dans cette ville clé du conflit syrien.

La vidéo montre l’enfant assis à l’arrière d’un camion entouré par des combattants qui l’accusent d’être un membre combattant des brigades Al-Qods, un groupe palestinien qui se bat aux côtés du régime de Bachar al-Assad, près d’Alep. « Regardez ce prisonnier d’Al Qods, Bachar n’a plus d’hommes, il nous envoie des enfants maintenant », déclare l’un des hommes. Puis, un autre combattant tire l’enfant par les cheveux et s’écrie : « Bachar al-Assad, voici ton petit chien. »

Un deuxième extrait montre un combattant procédant à la décapitation du garçon, lequel n’émet aucun cri de protestation, allongé à l’arrière du camion. Son forfait accompli, le combattant brandit la tête de la victime et lance : « Voilà ce qu’on fait de tes hommes Bachar. Bientôt, il ne restera plus personne à Handarat. »

Handarat est une localité du nord d’Alep, qui marque une ligne de front entre les forces du régime syrien et les combattants rebelles. Dans cette zone se situe, depuis 1962, un camp de réfugiés palestiniens.

Cet acte ignoble a été commis par des hommes du groupe de combattants rebelle Noureddine Zinki, considéré comme « modéré », notamment par l’Arabie saoudite, le Qatar et les États-Unis qui lui ont fourni officiellement des équipements militaires pendant plusieurs mois, au moins jusqu’à fin 2015.

Face au tollé suscité par ces images, le groupe rebelle a publié un communiqué, mercredi, où il affirme que cet acte est une  « une erreur individuelle qui ne représente pas la politique générale du groupe ». « Les personnes qui ont commis cette infraction ont été arrêtées et confiées à une commission d’enquête », ajoute le document.

Le département d’État américain a réagi à son tour et declaré qu’une enquête était en cours et que si cette bavure venait à être confirmée, les États-Unis pourraient suspendre toute aide à ce groupe.

« C’est la première fois que j’apprends que des brigades d’Alep procèdent à une décapitation »

Alaa al-Jaber est journaliste. Il a couvert les combats à Alep depuis début 2012, avant de prendre la fuite pour la Turquie, il y a quelques jours.

D’après mes informations, l’enfant aurait été enlevé au camp de Handarat le 16 juillet. Par contre, il a été tué dans un quartier tenu par les rebelles à Alep, qui s’appelle Machehad. Il aurait été décapité probablement le lendemain.

J’ai vécu les quatre dernières années à Alep et c’est la première fois que j’apprends que des brigades d’Alep procèdent à une décapitation. Je n’ai jamais vu d’acte de cette teneur auparavant. Je suis profondément choqué.

Noureddine Zinki est l’un des tout premiers groupes créés à Alep. Il a été fondé début 2012 pour combattre les troupes de Bachar al-Assad. Au début, il s’agissait d’une centaine de combattants mais leur nombre a considérablement augmenté au fil des mois [il compterait entre 1 000 et 3 000 combattants selon plusieurs médias, NDLR], et il est devenu le deuxième groupe le plus important à Alep, après celui de Liwaa al-Tawhid [affilié aux Frères musulmans, NDLR].

Il combat principalement dans la banlieue ouest d’Alep. Mais ses bureaux sont situés dans la zone d’Alep contrôlée par l’opposition.

Les Américains l’ont beaucoup aidé depuis la fin 2014. Ils lui ont notamment fourni des missiles anti-chars TOW grâce auxquels ses combattants ont pu faire d’importants dégâts dans les rangs du régime syrien.

Ce groupe s’est toujours dit modéré. Il avait d’ailleurs formé une coalition avec d’autres groupes rebelles pour combattre l’organisation État islamique dans le gouvernorat d’Alep en en 2014.

Toutefois, ce groupe n’a pas hésité à monter des opérations communes contre l’armée syrienne avec le Front al-Nosra, affilié à Al-Qaïda et qui est également très actif dans le gouvernorat d’Alep. D’après mes informations, les États-Unis ont cessé de leur fournir des armes depuis début 2016, en raison de cette collaboration [Le Front al-Nosra est considéré comme une organisation terroriste par les États-Unis, NDLR].

Dans un rapport publié le 5 juillet, Amnesty International avait déjà accusé le groupe Noureddine Zinki de crimes de guerre. L’ONG affirme notamment qu’entre 2014 et 2015, cinq personnes ont rapporté avoir été torturées par cette formation et par le Front al-Nosra.

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