Demba Diop : vers le casier des dossiers aux allures de classement sans suite ?

Demba Diop : vers le casier des dossiers aux allures de classement sans suite ?

« Il n’y a point de plus cruelle tyrannie que celle que l’on exerce à l’ombre des lois et avec les couleurs de la justice », disait Montesquieu. Le Sénégal, des échos parvenus de divers horizons, a une démocratie stable et une justice dénuée de toute influence exécutive. Si l’on se tient à cela, nul doute que les affaires pendantes devant la justice et intéressant le commun des sénégalais, seront traitées d’une main de maître.

Où en est Dame Justice sur la mutinerie de Rebeuss avec le meurtre d’Ibrahima Fall ? Dame Justice a-t-elle réellement bien géré le dossier sur le meurtre du transitaire Elimane Touré survenu dans le commissariat même du Port ? Le cas Thione Seck, des faux billets passeront ils devant une vraie justice.

Ce sont là quelques enquêtes, lancées à grande pompe et qui, au final, tardent à livrer verdicts. Face à ce manque de finalité, les dires du Procureur de la République Bassirou Gueye au lendemain du drame survenu au Stade Demba Diop avec son lot de 8 morts pour une centaine de blessés, trouvent-ils leur légitimité ? Un bref retour sur ces promesses d’élucidation, jusque-là non tenues par le Justice, pourront à coups sûr nous aider à trouver des éléments de réponse.

Mort ou meurtre d’Elimane Touré, la Police pointée du doigt

L’affaire Elimane Touré, du nom du transitaire de 41 ans mort en garde à vue le dimanche 19 février 2017, avait connu un nouveau rebondissement. En effet, si les juges accédaient à la requête déposée par la famille du défunt, le commissariat du Port et celui de Yeumbeul et leurs agents cités dans sa mort risquent de passer devant Gallo Cyr Diagne soit ainsi devant la Chambre d’accusation.

Sous ce rapport, Me Kouressy Ba, pour demander de faire déférer les officiers de la police judiciaire mis en cause pour qu’ils soient inculpés, a saisi le président de la Chambre d’accusation d’une requête spéciale juridiquement argumentée.

Ainsi, les juges pourraient enjoindre au procureur général Lansana Diabé, patron de la police judiciaire, de faire déférer les agents soupçonnés d’avoir tabassé à mort Elimane Touré avec les éléments scientifiques et les preuves factuelles mis à leur disposition.

Face à ce pas judiciaire qui n’a depuis lors jamais réellement décollé, la famille, elle, continue de pester devant la thèse selon laquelle Elimane Touré se serait suicidé. Une thèse pourtant confirmée par le médecin légiste qui avait diagnostiqué une mort par strangulation. La famille se dit même faible. Faible parce que présageant, un étouffement pur et simple de cette affaire, la Police étant citée comme principale fautive.

En outre, hormis la famille, d’autres personnes se sont ralliées à l’affaire pour, disent-elles, apporter lumière sur la mort d’Elimane. Il s’agit du Dr Cheikh Tidiane Dièye et d’Assane Niang qui ont décidé d’en faire leur combat.

Mutinerie à Rebeuss, Ibrahima Fall placé aux oubliettes ?

Le 20 septembre dernier a eu lieu une révolte des prisonniers à la maison d’arrêt  et de correction de Rebeuss. Une mutinerie qui avait coûté la vie à Ibrahima Fall.

En effet, pour dénoncer la qualité de la nourriture qui leur est servie, les détenus de Rebeuss avaient initié une mutinerie qui fut sévèrement réprimée entraînant la mort par asphyxie d’un des  leurs ; Ibrahima Fall âgée de 41 ans.

Le procureur de la République, s’auto-saisissant de l’affaire avait ouvert une enquête et soutenu que toute la lumière serait faite. Cependant, malgré les témoignages de plusieurs détenus, des résultats de l’autopsie et appel de la famille de la victime, le meurtrier court toujours près d’un an après les faits.

Double meurtre à Médinatoul Salam, le dilemme religieux

Une autre affaire qui n’a pas encore connu son épilogue, c’est le double meurtre de Médinatoul Salam. Une affaire rocambolesque impliquant le guide des thiantacounes accusé d’être le commanditaire du meurtre de Bara Sow et Ababacar Diagne le 22 Avril 2016.

Cheikh Béthio Thoune, d’abord arrêté et placé sous mandat de dépôt, bénéficie aujourd’hui d’une liberté provisoire. Les dernières nouvelles tendent vers un non-lieu total avec la restitution de ses deux véhicules qui selon les enquêteurs n’ont pas servi à transporter les corps des victimes. Jusque-là, aucun autre suspect n’est cité dans cette affaire pourtant il y a bien un meurtrier puis qu’il y a eu meurtre.

L’impunité érigée en règle ?

Pourtant, à chacun de ses événements, le procureur de la République, à travers une conférence de presse, avec un air menaçant, a promis à l’opinion de poursuivre les faits jusqu’au bout.  Mais, si les affaires précitées avaient connu des issues avec les inculpations ou sanction des coupables, l’on serait plus convaincu quant aux nouvelles promesses de Serigne Bassirou Gueye.

Seulement, à chaque fois que des poursuites sont annoncées, les choses tirent en longueur malgré parfois des preuves tangibles pouvant permettre de clore le sujet et passer à autre chose. Ce qui donne l’impression d’une impunité qui couronne l’inconscience donnant ainsi un sacré coup à la citoyenneté.

Parlant de citoyenneté, elle n’a pas été au rendez-vous durant le face-à-face de ce samedi, entre l’Union Sportive de Ouakam et le Stade de Mbour. Des bagarres ont, par ricochet, découlé de la mort de 8 individus tous venus de Mbour. Une centaine de blessés a été aussi enregistrée dans ce drame.

Drame au stade Demba Diop, le mauvais message envoyé à l’international

Le stade Demba Diop a vu rouge ce samedi. La finale qui opposait le Stade de Mbour à l’Union Sportive de Ouakam a été interrompue par des scènes de violences. Pis, une partie de la tribune s’est effondrée sur certains supporters. Huit d’entre eux ont perdu la vie, notifie le premier bilan.

L’accident a eu lieu un peu avant 20 heures au stade Demba Diop de Dakar. Un but venait d’être marqué. Les supporters des deux équipes ont alors commencé à s’affronter avec des jets de pierre et de projectiles. Il y a eu alors un mouvement de foule et un pan de mur s’est affaissé. Certaines personnes ont été piétinées dans la bousculade. Au moins huit personnes sont mortes et une centaine de blessés dont certains gravement éméchés.

Samedi en fin de soirée, les blessés graves avaient été acheminés vers les hôpitaux de la ville, mais certains blessés plus légèrement étaient toujours sur place. A minuit, on pouvait voir des supporters assis au milieu du stade, attendant d’être évacués. La tension était encore forte, avec des jets d’objet encore dans certaines tribunes. La police était déployée au milieu du stade pour contenir cette foule.

Face à cette critique situation, le ministre des Sports, Matar Bâ, a annoncé qu’il suspendait tous les matchs à venir. Outre cette décision du ministre, le Procureur avait, durant son face à face avec les journalistes de ce lundi 17 juillet 2017, fait part d’une enquête lancée pour situer les responsabilités. Le Président Macky Sall a, lui aussi, étalé son vœu de voir cette enquête aboutir.

Toutefois, même si la justice parvenait à résoudre définitivement ce problème, l’image footballistique voire même sportive sénégalaise en pendrait un réel coup. Diffusé sur les sites d’informations majeures du monde entier, relayé par les plus grandes télévisions, ce drame terni l’image du Sénégal. Sur les réseaux sociaux comme Facebook, des ressortissants de la sous-région vivant au Sénégal vont même plus loin. Selon des commentaires relayés dans des groupes de discussion, la « Teranga » sénégalaise ne serait réservé qu’aux Hommes blancs. Un malheur n’arrive vraiment jamais seul !

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici