L’affaire DEESSE MAJOR, de son vrai nom RAMATOULAYE DIALLO, devrait interpeller tous les habitants/citoyens de notre pays. Au-delà delà des jugements désapprobateurs sur sa personne (souvent déplacés), de l’acharnement (supposé) du « comité de défense pour les valeurs morales », de l’intolérance (plus ou moins manifeste), une analyse de la chose par un angle plus objectif, plus reculé et généraliste ne serait pas de trop. Il ne faudrait donc pas, à notre humble avis, taxer la partie accusatrice de vouloir imposer « un califat de la morale » (suivez mon regard) et l’autre de permissivité menaçant nos valeurs. C’est bien plus profond que cela.
Premièrement, le sujet en question nous change un peu des autres habituels qui ne nous poussent pas vers l’introspection sur l’homo-senegalensis que nous sommes devenus. Le sénégalais de 2016 est un hybride issu de trois influences : la première est notre ascendance CEDDO que nous connaissons, la seconde est l’ISLAM et enfin l’ECOLE FRANCAISE (que j’appellerais aussi l’influence occidentale). Au jour d’aujourd’hui, nous n’avons pas encore achevé le processus engendré par ces trois influences : c’est-à-dire que NOUS NE NOUS SOMMES TOUJOURS PAS MIS D’ACCORD SUR LE TYPE DE SENEGALAIS QUE NOUS VOULONS ETRE OU DEVENIR (la nuance est importante). Loin de nous la référence au NOUVEAU TYPE DE SENEGALAIS prôné par le MOUVEMENT Y’EN A MARRE. Nous remarquerons que ce dissensus ne se limite pas à un niveau anthropologique mais aussi au niveau de l’éducation.
Deuxièmement, le Sénégal est un pays de paradoxe(s) en ce sens que notre Etat tolère deux systèmes éducatifs dont l’un (ECOLE FRANCAISE) est considéré comme favorisé et l’autre (ENSEIGNEMENT TRADITIONNEL CORANIQUE) est généralement perçu comme abandonné à son propre sort. Nous ne nous mettrons pas à énumérer les illustres noms issus de tel ou tel autre système car chacun a ses avantages et ses travers. Un Etat, le Sénégal de surcroit, ne doit pas se permettre de FORMER DEUX TYPES DE CITOYENS (peut-être même plusieurs, qui sait…). Nous serions d’accord sur un début d’alphabétisation avec différentes options mais que la fin offre les mêmes opportunités à tous (égal accès au monde professionnel dont particulièrement les concours de recrutement de l’ETAT dont les « arabisants » n’ont pas encore à 100% accès). Ce paradoxe n’est rien d’autre que la conséquence de l’inadéquation de nos politiques éducatives face à la réalité sociétale voire un échec tout simplement.
Il apparait que de la base au sommet, nous avons produit des perceptions de la vie « radicalement » opposées. Particulièrement au sommet, donc des élites. Et c’est là où l’affaire DEESSE MAJOR présente un grand intérêt. Cette affaire aura des conséquences à multiples ramifications, même si la rappeuse a été libérée. Nous prédisons que c’est le début d’une « possible » révolution : LE CHOC DES ELITES. Ça pourrait être le début d’un GRAND DIALOGUE NATIONAL (différent de celui des hommes politiques) au terme duquel notre commun vouloir de vivre ensemble sera revisité (ainsi que tous les secteurs composants la vie de la nation) et un consensus sera définitivement trouvé sur l’homo-senegalensis que nous souhaitons être ou devenir. Cela pourrait être même gage d’émergence sénégalaise, rêve en vogue sous nos cieux. Prions donc pour une telle issue car dans le cas contraire, un des camps l’emporterait forcément sur un autre avec la très probable conséquence que nous ne souhaitons pas : l’extrémisme (suivez, encore une fois, mon regard).