Décryptage : PS, PDS, décadence grandeur nature de deux partis historiques: A qui la faute ?

Avec deux personnalités Abdou Diouf, Abdoulaye Wade, le PS et le PDS étaient considérés comme un trait d’union politique de l’époque senghorienne qui allait accoucher d’une nouvelle génération de politiciens après eux. Malheureusement, aussi bien Abdou Diouf qu’Abdoulaye Wade n’ont pu arrêter avec leurs bras la mer de la dissidence et de la contestation. Comme un ver dans le fruit, la chenille s’est infectée et a essaimé dans le jardin. Scanneur d’un cancer.

Si un parti historique comme AJ PADS s’est désagrégé avec les divergences des temps modernes entre Landing Savané et Mamadou Diop Decroix et que le PIT d’Amath Dansokoho est devenu lilliputien tant du point de vue doctrinal que de l’action politique, le PS lui ne semble pas pouvoir survivre à cette nouvelle crise, avec comme principaux acteurs Aïssata Tall Sall, Khalifa Sall et Bamba Fall. Un bataillon blindé qui a foncé directement dans la cuirasse ferme de Ousmane Tanor Dieng gladiateur des temps anciens et des temps modernes.

Comme des taureaux mis à mort sous les yeux du torero, l’emprisonnement de Khalifa Sall et de Bamba Falll pourrait être une date charnière et révolutionnaire -au sens premier du terme, de la vie et de l’existence du bloc originel laissé par Abdou Diouf.

Au-delà du silence assourdissant d’Abdou Diouf, devenu entre-temps le patriarche et père d’adoption et de substitution de Macky Sall, il se pose un problème du maintien de ce pan du bloc socialiste comme trait d’union entre le Sénégal d’hier et d’aujourd’hui. Difficile de deviner ce qui se passera au Parti socialiste mais il y aura forcément un avant et après en ce qui concerne les “affaires” Bamba Fall et Khalifa Sall .

Tanor Dieng a accepté d’être le président du HCCT et n’a pas bronché quand il s’est agi d’emprisonner ses camarades de parti, puisqu’il a même été à l’origine de la plainte qui a mis Bamba Fall, le maire de Médina derrière les barreaux pour le saccage de la Maison du Parti.

En convoquant même l’histoire, il se voit aisément que le PS s’est fissuré plus qu’ il’ ne l’avait été à l’issue du fameux congrès sans débat du 30 mars 1996. Ce fameux 13e congrès ordinaire du PS propulsa Abdou Diouf à la Présidence du Parti et Ousmane Tanor Dieng comme Secrétaire Général. C’est justement à cette date que le PS est entré dans ces convulsions qui ne sont pas encore estompées, fragilisant son cœur et son idéologie jadis flamboyants.

Des cadres de parti comme Djibo Kâ, Moustapha Niasse avaient été « écartés » subtilement avant d’abandonner leurs courants pour mettre sur les fonts baptismaux des partis URD et AFP aujourd’hui, agonisants sans aucune flamboyance. Si certains ont crié au sabotage institutionnel du PS par Abdou Diouf, aujourd’hui, c’est la gestion de Tanor Dieng jugée bonapartiste, qui est décriée.

Khalifa Sall ne va jamais lui pardonner son emprisonnement à quelques mois des Législatives, alors qu’il a réussi à gagner la Mairie de Dakar, si on sait que la dernière victoire du PS à la Présidentielle date de 1993. Et l’acoquinement de Tanor Dieng avec le pouvoir en place ne peut s’accommoder de la volonté affichée de changement et de conquête du pouvoir du PS lors de la prochaine présidentielle de la part de la jeune génération. Cerné par les assauts de Barthélémy Dias qui pourrait essuyer un éventuel verdict négatif sur l’affaire Ndiaga Diouf en appel, Aïssata Tall Sall, Khalifa Sall et Bamba Fall, maires de Médina et de Dakar, l’implosion est plus qu’assurée.


Pour le PDS, la révolte symbolisée par Aïda Mbodj, Farba Senghor et Papa Samba Mboup n’en est pas moins grande et pernicieuse que l’éloignement du patriarche Wade à Versailles. Le fait que Wade ait été la seule constante, a rongé le parti et l’emprisonnement, la grâce présidentielle et le silence radio de Karim Wade, présenté comme le candidat à la Présidentielle, a commencé par lasser les Sénégalais à l’image d’un feuilleton au synopsis mal ficelé et sans fin.

En approuvant l’exclusion de Farba Senghor et Papa Samba Mboup, comme pour menacer Aïda Mbodji, Abdoulaye Wade donne du grain à moudre à ceux qui croient que le PDS est entré dans une zone de turbulences. Comme pour le PS avec Tanor Dieng, il s’est agi de forcer à imposer la personne d’Oumar Sarr comme numéro deux du parti. Lui qui est boudé par la plupart des caciques du parti, forts de leur légitimité historique même si ce dernier a su apporter sa part à l’édifice par sa légitimité électorale dans son fief de Dagana et son expertise reconnue dans le domaine de l’informatique, éléments forts précieux en son temps lorsque le PDS était aux affaires.

Si le PDS franchit le Rubicon avec Aïda Mbodj, ce parti pourrait connaître d’autres périodes sombres avec un leader à la Tanor Dieng technocrate et rusé pas si charismatique que ça.

A bien y regarder, ces deux partis,le Ps et le Pds, qui ont grandement contribué à façonner le paysage politique tel que nous le connaissons aujourd’hui, ont indubitablement dans leurs adversités respectives,  un point commun: la capacité à faire de leurs flancs de nouvelles formations politiques sur fonds de frustrations, de gestion patrimoniale et d’ambitions inassouvies. Alors quels leaders messie pour fédérer le PS et le PDS et porter les rêves de grandeur de la jeune génération de militants ? Là est la question à mille inconnues et l’histoire est en train de s’écrire. Wait and see.

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