Habib Barrow est mort décapité par 4 pitbulls. A 8 ans, les circonstances du décès de l’enfant ont enflé les rumeurs tant elles sont troubles. En effet, alors que son père fuyait le pays, Habib devait être avec le reste de la famille en lieu sûr, mais il s’est retrouvé séparé des siens. Plusieurs gambiens pensent à un sacrifice humain.
Avec l’accord de la deuxième épouse et mère du défunt garçon, la première femme d’Adama Barrow avait la tâche d’amener les cinq enfants du président élu chez une tante dénommée Néné Gallé dans le quartier de Manjie, près de la station balnéaire de Senegambia, confie au Monde Afrique un membre de la famille Barrow. Sa mission accomplie, la première femme est allée chercher refuge ailleurs.
A partir de là, les choses sont allées très vite, soufflent nos sources au sein de la famille Barrow. Sans que l’on sache encore pourquoi, la tante Néné Gallé a estimé le lendemain de son arrivée qu’il fallait séparer le jeune Habib Barrow de ses frères et sœurs, et l’a conduit dans le quartier Fajara chez son beau-frère, un certain Vieux Ceessay, homme d’affaires de son état, séjournant souvent en Europe et possédant plusieurs chiens dangereux.
Les cris de la femme de ménage
Tenant ses informations de la femme de ménage de la famille, une voisine du quartier Fajara explique : « Le 15 janvier vers 17 heures, Vieux Ceessay est sorti de la maison en y laissant le jeune Habib et la femme de ménage qui officiait derrière la cour, sans prendre la précaution d’attacher les chiens. Quelques minutes plus tard, quelqu’un a sonné à la porte et le jeune Barrow est allé ouvrir. C’est là que les pitbulls se sont attaqués à lui, causant l’irréparable. »
Ces explications n’ont pas convaincu les Gambiens, qui ont vu dans la mort du garçon un funeste présage, dans un contexte politique d’une extrême tension. Un autre voisin les corrobore pourtant : « Ce sont les cris de la femme de ménage qui ont ameuté le voisinage, raconte cet homme, la trentaine, désireux de garderl’anonymat. Sur place, nous avons eu beaucoup de mal à chasser les gros chiens qui avaient déjà entamé le petit au visage et surtout au ventre. »
Un proche du président élu reste sceptique. « Cette affaire n’est pas claire, dit-il. La police a arrêté Vieux Ceessay avant de le relacher, suite, ai-je entendu, à plusieurs interventions de la famille Barrow. Or Vieux Ceessay n’est ni un ami, ni un parent d’Adama Barrow. Et personne ne sait à quel titre lui a été confié le petit Habib. » Notre interlocuteur, qui requiert également l’anonymat, n’hésite pas à parler d’un « homicide volontaire ».
Pourquoi Habib a-t-il été séparé de ses frères et sœurs ? Pourquoi Vieux Ceessay l’a-t-il laissé seul dans une maison avec des chiens aussi dangereux ? Qui a sonné à la porte ? Dans une capitale gambienne en état d’urgence, désertée par les touristes et par des milliers de Gambiens ayant fui au Sénégal le temps que s’apaise la tempête politique, et alors que l’on perçoit déjà les bruits de bottes d’au moins deux armées étrangères prêtes à intervenir, ces questions ne trouveront pas de réponses rationnelles. Dans les rues de Banjul, seules courent les rumeurs. Certaines parlent du dernier sacrifice d’un président féticheur, d’autres d’un sang innocent qui aurait été versé pour éviter, peut-être, que ne coule celui de beaucoup d’autres.
imatin.net
avec Le Monde