« Le Président sénégalais, Macky Sall, a expliqué à l’émir (du Qatar) qu’il avait été trompé et qu’il voulait réinstaller son ambassadeur à Doha. »
C’est la déclaration du ministre des Affaires étrangères du Qatar, Mohammed Ibn Abderrahmane Al Thani, dans le numéro de Jeune Afrique paru ce lundi.
Le chef de la diplomatie qatarienne répondait à une question de l’hebdomadaire africain sur le réchauffement des relations entre Dakar et Doha après une brouille de quelques semaines née de la décision du Sénégal de rappeler son ambassadeur en soutien à l’Arabie Saoudite, les Émirats arabes unis, Bahreïn et à l’Égypte, qui ont décidé de rompre leurs liens diplomatiques avec le Qatar pour son soutien présumé au terrorisme.
« Je ne sais pas quelles promesses le Sénégal avait reçues, mais nous avons été clairs : les pays qui s’alignent sur le Quartet se dressent contre le Qatar, une nation souveraine, et se prononcent en faveur du changement de régime que veulent nous imposer nos agresseurs. Dakar a fini par se rendre compte qu’il avait pris la mauvaise décision », avance Al Thani dans JA.
À la question : « Le fait que l’ancien ministre Karim Wade se soit réfugié à Doha après sa libération en juin 2016 a-t-il pu nuire à vos relations avec Dakar ? », le chef de la diplomatie qatarienne jure que non. Il ajoute : « L’affaire Karim Wade a été traité comme une affaire humanitaire, avec l’approbation du gouvernement sénégalais. Jamais nous ne serions intervenus sans son autorisation. »
Le démenti du Palais
Pourquoi cette sortie du ministre des Affaires étrangères du Qatar au moment où le Sénégal décide de réchauffer ses liens avec son pays, de surcroît en étalant sur la place publique un échange présumé entre l’émir qatarien et le Président Macky Sall, ? Al Thani chercherait-il à répondre à répondre à l’ambassadeur d’Arabie Saoudite à Dakar ?
Ce dernier, pointant les supposées ingérences de Doha dans les affaires intérieures de ces partenaires africains, sur Sen Tv, a donné comme exemple le rôle du Qatar dans l’affaire Karim Wade. Révélant dans la foulée que durant le Ramadan, Doha avait même tenté, en vain, de convaincre Dakar d’accepter un retour au bercail du fils de Wade.
Cette sortie du ministre qatarien n’est pas du goût de la présidence sénégalaise. Une source de la Rfm au Palais assure qu’Al Thani « raconte des histoires ». Elle ajoute : « La décision que le Sénégal avait prise (rappel de son ambassadeur : Ndlr) est souveraine en solidarité avec les pays musulmans. Une façon donc de marquer le coup et après, user de la voie diplomatique. Ce qui s’est fait a conduit au réchauffement entre Dakar et Doha. Le Sénégal n’avait donc reçu aucune promesse comme le pense le chef de la diplomatie qatarie.