Allô! Police, ici, on tue. Cette phrase peut paraître alarmante mais n’est-ce pas la triste réalité? La facilité avec laquelle les sénégalais tuent est presque devenue déconcertante pour ne pas dire fataliste. Un taximan a été lâchement fusillé par un conducteur en état d’ivresse. L’Etudiant du nom de Yankhoba Dramé dont la vie a été ôtée à Cambéréne, par Youssou Bâ pour une affaire de 100 Fcfa. Le meurtre avec coup de couteau fatal à Djeddah Thiaroye Cao.
Alors qu’on croyait cette fenêtre sanglante de 2016 fermée avec la batterie de mesures que l’équipe gouvernementale avait promises de mettre en oeuvre, 2017 nous met face à la triste réalité.
Alors que les goorgorlous sénégalais applaudissaient des deux mains les opérations de sécurisation, sommes toutes concluantes, la fusillade d’un modou-modou du nom Mame Cheikh Guèye nous rappelle à l’ordre. Hélas! cet émigré rentré au bercail ne va pas davantage profiter des bienfaits de la chaleur familiale. La faute à Qui? Bonne question. La vie humaine, si sacrée, est-elle trop prise à la légère au point d’enterrer des personnes dont le seul tort est de vivre dans un pays en effervescence avec un niveau d’insécurité qui est on ne peut plus inquiétant?
Le sentiment de peur généralisée inquiète ainsi plus d’un citoyen. De là, nous pourrons nous poser cette question légitime: les politiques sont-ils en mesure de juguler le phénomène de l’insécurité? A cette question, nous nous donnerons comme gages de mener quelques pistes de réflexion tant prétendre à l’exhaustivité serait faire de suffisance intellectuelle pour un fléau qui échappe même à certains remèdes préconisés par des esprits plus brillants et avertis du pays.
En effet, le premier à être interpellé demeure l’Etat. Il a pour mission de garantir la sécurité et la protection des personnes et des biens de tous. Ainsi « détenteur du monopole de la violence physique légitime », l’Etat doit en accord avec ses forces de sécurité assister tous les citoyens dans leur quête de mieux-être. Comment cela est-il possible dans un contexte de tueries? La Police et la Gendarmerie sont parmi les plus compétentes au plan sous-régional au vu des prouesses effectuées.
Tout de même, il urge pour l’Etat de continuer à les renforcer en logistiques et en ressources humaines de qualité. Dans cette dynamique, seul le nihilisme empêcherait de ne pas saluer l’effort de la part de l’Etat de renouvellement de leur parc automobile. L’abondance de biens ne nuisant pas, du chemin reste à faire car les malfrats ne sont pas dupes. S’ils reconnaissent les rares signes de défaillances institutionnelles, ils en profitent pour mener leurs sales besognes. Comment un Commissariat composé de cinq (5) éléments de police, et de surcroît dans des quartiers populaires, peut-il juguler l’insécurité? De ce fait, le recrutement du personnel de police est une voie de solutions parmi tant d’autres.
Ensuite, il faut restaurer le lien de confiance et de respect qui unissait citoyen et forces de défense et de sécurité. La vindicte populaire à laquelle les policiers, certains parmi eux ont été mêlés dans de sales draps, souvent brandis par une presse qui ne manque de les fusiller si l’occasion se présente, ont dû faire face, fait l’affaire des malfrats. Jadis citoyens et policiers avaient signé un contrat de confiance avec les comités de quartiers de sécurité qu’on comptait dans les banlieues dakaroises. Un réchauffement de leurs relations permettrait sans nul doute d’installer la peur chez le camp adverse car une collaboration en vue de dénoncer tous comportements suspects ferait reculer les hors-la-loi.
Egalement, nous ne saurions fermer les yeux, sauf négationnisme béat sur la « généreuse politique » de sécurité de proximité plus connue sous le sobriquet des » ASP ». Qui oserait d’ailleurs ne pas magnifier la marée d’agents en « bleu et noir » qui régulent les circulations des artères de nos villes oui aidant les éléments de la Police à démanteler les réseaux de malfrats. Tout de même, en repensant cette politique par des solutions structurelles qui passent par une formation sérieuse et rigoureuse en plus de la priorité à accorder aux retraités de l’Armée et de la Police en possession de toutes leurs facultés dans le personnel, meilleure ne serait pas pareille mesure qui viendrait ainsi en appoint aux forces de sécurité pour limiter la furie meurtrière.
L’autre point à ne pas négliger est la facilité avec laquelle nous constatons malheureusement la circulation des armes blanches et autres objets à fins un peu douteux. Il faut surveiller comme du lait sur le feu les marchés noirs où coulent à flot ces armes blanches qui pourraient tomber entre les mains des criminels et autres réseaux et associations de malfaiteurs.
Tout au plus, l’aspect le plus important dans la recherche de solutions se trouve être dans les réponses sociales et économiques de l’Etat pour endiguer les problèmes sociaux et économiques des citoyens. La réponse la plus fondamentale et urgente est de proposer des solutions concrètes et durables pour la problématique de l’Emploi des jeunes. En effet, une lecture lucide et rigoureuse du mobile des tueurs laisse imaginer qu’ils sont pour la plupart des jeunes désœuvrés ou en quête de mieux-être. Sans emplois ou laissés à eux-mêmes dans des quartiers populaires où pauvreté et misérabilisme se côtoient au quotidien, ils tombent dans la facilité ou intègrent des réseaux de banditisme et bonjour les dégâts. Les agressions et les vols commis de jour comme de nuit deviennent ainsi leurs activités quotidiennes.
S’il demeure que l’Etat doit devenir, au besoin, une machine répressive pour être l’ » ennemi des ennemis de la loi », il doit répondre au PDS: parti de la demande sociale. Une lecture réaliste de la situation laisse démontrer qu’à côté du chômage endémique qui touche la jeunesse désœuvrée qui se livre à ces activités illégales fatales aux vies humaines, l’inégale redistribution des richesses cumulée à la politisation des emplois publics ne font que retarder un début de solution de ce fléau. Sans posture aucune d’un Avocat du diable, mais peu de pain et d’eau pourrait satisfaire les soifs de réussite de la jeunesse. Au cas contraire, on ne pourrait pas rapidement pas voir le bout du tunnel.
Last but not least, légitime est de dire qu’il faut recoudre le tissu social fissuré par une profonde crise des Valeurs, traduction la plus visible de cette série macabre que nous vivons.
En effet, nous sommes en train de vivre dans une société partisane d’une course effrénée vers les richesses. Et cela aux antipodes des valeurs cardinales de notre tradition et principes religieux. Sinon comment comprendre l’énormité de la pression qui pèse sur les jeunes dans des progénitures où le matérialisme et l’impatience sont partagés du commun des mortels. Bonjour les dégâts! Tous les moyens sont bons pour amener de l’argent, oui de l’argent et toujours de l’Argent. Nerf de la guerre, il pousse même à tuer. Le but ultime est de paraître aisé aux yeux de la fratrie.
En classe de terminale, mon chargé de cours en philosophie me disait: » une société qui produit beaucoup de fous doit remettre certaines de ses valeurs en question ». Mais la même réflexion peut être menée avec la problématique de l’insécurité grandissante. Une société qui produit itou beaucoup de criminels doit accepter de faire sa thérapie. Mes chers amis sociologues raisonnent et résonnent en terme de « Ndeup National ».
C’est être fataliste que de penser que ce fléau est incurable voire la peur ne peut être dans le camp des malfaiteurs ou autres tueurs en série. Ce qu’il faut faire, c’est éduquer nos jeunes en forgeant chez eux des valeurs cardinales telles que le « Jom », le « Fula ak Fayda », Le » Kersa ak Sutura », » Ngor ak Gor » et surtout le « Diné ». Ce qu’il faut encore faire, c’est de déconstruire le mythe de la laïcité. Un Etat laïc ne veut pas dire un Etat religieux. Il faut impliquer davantage les autorités religieuses et coutumières dans les solutions à poser face aux problèmes qui nous interpellent.
Les délinquants ou criminels ne sont pas des perdus-à-jamais ni des tâches noires qu’on doit bannir définitivement en les privant de liberté. Même dans les geôles, il faut les suivre par une assistance psychologique pour préparer leur réinsertion sociale.
Vivement donc les Assises Nationales contre l’insécurité. Notre survie en dépend sinon la population court à sa perte: le risque d’être fragilisée et décimée par une série macabre.
NB: La proportion du Chef de l’Etat à distribuer à tout bout de champ des grâces laisse pantois. Des cas de récidives restent légion. Cette prérogative doit être repensée pour ne pas dire limitée.