Le médecin chef du district sanitaire de Bignona, Tito Tamba n’est pas en phase avec la méthode utilisée par l’Etat du Sénégal dans ce contexte marqué par la crise du covid-19. Dans un message adressé au gouvernement, la blouse blanche a demandé la priorisation des équipements sanitaires de protection au détriment des motivations.
« Dans le contexte actuel de crise sanitaire mondiale liée au Coronavirus, l’État du Sénégal a pris des engagements devant la nation pour apporter une riposte à la hauteur de la menace. En effet, M. le Président de la République a annoncé une enveloppe de 1000 milliards de FCFA dont moins de 7% sont alloués au secteur de la santé. Malgré tout, le peuple sénégalais dans son ensemble a exprimé son soutien au gouvernement », a précisé Tito Tamba.
Le médecin chef du district de Bignona a souligné que sur le terrain, la cellule nationale de crise produit des efforts pour apporter des solutions à cette urgence sanitaire mondiale qui n’épargne pas le Sénégal. Cependant, à cette étape de la riposte, il constate une tendance inquiétante du nombre de cas issus de la transmission communautaire ainsi que du nombre de décès liés au Covid-19 dans notre pays.
À cet instant, affirme M. Tamba, l’heure n’est ni au tâtonnement ni à l’amateurisme encore moins à la politique. Selon lui, toute action allant dans le sens de la lutte contre cette pandémie doit être minutieusement réfléchie. Et les ressources financières doivent être utilisées à bon escient en fonction des priorités du moment.
« Nous apprécions à sa juste valeur l’octroi d’une motivation Covid-19 à une partie des prestataires de soins de santé », dit-il.
Cependant, la blouse blanche a indiqué que cette prime laisse en rade le personnel communautaire. Ainsi, ajoute t-il, rien n’assure qu’ils vont percevoir, dans les prochains mois leurs motivations mensuelles en raison du manque de ressources financières, conséquence de la faible fréquentation des structures sanitaires.
« Pourtant, cette frange non valorisée par l’Etat sénégalais est aussi exposée que les médecins et souvent sans équipement de protection. À notre avis, le respect de l’équité dans la gestion démocratique du personnel soignant devrait pousser l’état à intégrer tout le corps médical », se désole t-il.
D’ailleurs, le médecin considère que cette motivation ne constitue pas une priorité à l’heure actuelle de la lutte. Selon Tito, à ce jour, les personnels soignants ont besoin d’équipements de protection. « Nous pensons que le renforcement des équipes médicales est nécessaire dans les structures sanitaires. Pour plus d’efficacité dans le dépistage de masse des cas contacts, les kits de prélèvement doivent être disponibles en quantité suffisante. En fin, toutes ces mesures doivent être accompagnées par le relèvement des plateaux techniques des sites de prise en charge en conformité avec les recommandations de l’OMS .»
« Pour l’instant, nous sommes préoccupés par l’urgence et la complexité de la riposte. Quand la situation sera sous contrôle, viendra alors le moment idéal de valoriser le personnel soignant en apportant des réponses positives à leurs revendications », a-t-soutenu.