Covid-19 : la situation est en train de nous échapper !

113 cas communautaires sur 59 cas contacts, voilà un aspect du bilan épidémiologique présenté hier par le Ministère de la Santé et de l’Action Sociale (MSAS).

Avec 232 décès et 3590 sous traitement, la situation de la Covid-19 au Sénégal reste préoccupante.

Elle l’est d’autant plus que, avec une vitesse de l’éclair, nous perdons des ressources humaines de qualité, des hommes et des femmes irremplaçables.

Pis, nous assistons à un changement de paradigme dans l’avancée de la maladie. Les cas communautaires montent en flèche par rapport à des cas contacts moins importants. Or, jusqu’ici, c’était l’inverse.

Ce que nous craignions s’est alors produit : la période post-tabaski a été très forte en contaminations et très meurtrière. Nous subissons de plein fouet les résultats de notre témérité à tous à vouloir fêter la tabaski comme avant en faisant comme si de rien n’était ;

Nous avons manifestement tous minimisé un danger grave parce que de mort et en payerons longtemps les conséquences.

113 cas communautaires est un chiffre révélateur d’une contamination à vaste échelle dans une société qui aime les contacts et les rassemblements. Pis, le résultat n’est limité que parce que les tests le sont. Les cas réels sont plus nombreux. Beaucoup plus.

En clair, nombre de sénégalais traînent la maladie, qu’ils le savent ou non ; qu’ils soient porteurs sains ou pas.

Nous avons en effet une incertitude réelle sur le nombre de cas chez nous et devons-nous résoudre à savoir que la situation est en train de nous échapper.

Elle l’est d’autant plus que nous avions changé le mode de prise en charge des cas suspects et des malades asymptomatiques. Face aux difficultés économiques et à la lourdeur de la prise en charge, l’idée a été adoptée d’une prise en charge à domicile. Une mauvaise idée.

Ici, chez nous, il y a rarement de l’intimité à la maison. Et les grands-parents à la retraire sont plus exposés que les autres car les petits-enfants sont habitués à vivre avec eux, à les côtoyer tout le temps. Et cela, personne ne peut le changer du jour au lendemain.

En clair, qui peut imaginer une seconde que l’on peut isoler complètement un malade chez lui dans une société comme la nôtre ? La quarantaine à domicile est une chimère.

Plus grave encore, cette façon de procéder avec les personnes qui ne présentent pas des signes de maladie mais qui ont été en contact avec des personnes malades. Ces cas suspects ne sont testés dorénavant que s’ils présentent des signes de maladie.  Et les autres sont des dangers ambiants parce que pouvant être porteurs sains et contaminateurs.

Grosso mode, on pouvait comprendre le ‘’virage’’ ainsi prise par les autorités du fait des impératifs économiques forts, mais, il fallait s’attendre à en payer les pots cassés.

Car tout cela aurait été amorti et moins mortifère si les populations avaient scrupuleusement respecté les mesures barrières notamment le port du masque et la distanciation sociale.

Malheureusement, là aussi, la communication communautaire a fait défaut. Il fallait beaucoup plus de hargne en la matière avec davantage d’implication des personnes ressources et des relais communautaires de base. Ce qui a largement fait défaut.

Alors, les nouvelles mesures annoncées cette semaine sonnent comme une réaction de sapeur-pompier. Tout le monde sait qu’actuellement la maison brûle parce que la situation est préoccupante, inquiétante même.

Alors, il faudra se résoudre dès maintenant, comme le préconise l’ancien Ministre Mary Teuw Niane, à discuter avec les autorités religieuses concernées pour que toutes les manifestations religieuses ou assimilées soient suspendues jusqu’à nouvel ordre.

Dorénavant, les autorités ne peuvent plus fermer les yeux sur les attitudes à risque qui sont le fait de nombreux de nos concitoyens. Il faudra sévir s’il le faut. C’est dire que nous devons rester intransigeants sur ce que nous pouvons maîtriser un tant soit peu dans cette lutte.

Macky avait jusqu’ici battu tous ses adversaires, mais la Covid-19 ne cesse de lui porter des coups. Il est temps alors qu’il réagisse pour montrer de quoi il est capable face à cet ennemi tenace.

Assane Samb

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