L’argent est une des principales sources de conflits dans le couple. Voici six erreurs fréquentes et des conseils pour les éviter.
1. On met tout notre argent dans un compte conjoint
En couple depuis trois ans, Mario et Josianne se préparent à acheter une maison. Puisqu’ils auront plusieurs paiements communs, ils se disent que ce serait plus simple de tout mettre dans un compte conjoint. Quand on s’aime, on partage tout, non?
Pourquoi fait-on cette erreur? «L’achat d’une maison représente un projet et un désir communs. C’est un engagement à long terme, un enracinement très symbolique», explique le psychologue clinicien Pierre Faubert. À cette étape de notre vie de couple, mettre tout notre argent en commun peut sembler aller de soi.
Ses conséquences: Si on n’a pas la même façon de gérer l’argent pour nos dépenses personnelles, cela peut engendrer des conflits: on a l’impression que l’autre fait des achats inutiles avec notre argent, il désapprouve le moindre petit luxe qu’on souhaite se payer… De plus, c’est imprudent sur le plan financier. En effet, si l’un des conjoints décède ou devient inapte, le compte conjoint est gelé jusqu’à ce que toutes les étapes légales aient été réglées. Par ailleurs, le compte conjoint peut devenir objet de saisie si l’un des partenaires est mauvais payeur.
Pour l’éviter: «Les deux partenaires alimentent un compte conjoint pour les dépenses communes, mais chacun conserve un compte personnel, qu’il pourra gérer en toute autonomie», conseille la notaire Denise Archambault.
2. On divise tout à parts égales, même si on ne fait pas le même salaire
Martine et Benoit sont ensemble depuis 12 ans. Depuis qu’il a changé d’emploi il y a deux ans, Benoit gagne beaucoup plus d’argent que sa conjointe, mais le couple gère toujours ses dépenses à parts égales.
Pourquoi fait-on cette erreur? «C’est la queue de l’ouragan féministe: par souci d’indépendance, on veut partager tous les paiements également, peu importe notre revenu. Or, si monsieur gagne 60 000 $ et madame, 30 000 $, il est illogique qu’ils paient la même chose pour faire rouler la maisonnée», dit Denise Archambault.
Ses conséquences : L’un des conjoints aura toujours moins d’argent dans ses poches. Si l’un doit se serrer la ceinture pour maintenir le même train de vie que l’autre, si un malaise s’installe quand il faut parer à une dépense inattendue, l’amertume peut s’installer à long terme, surtout si le conjoint qui gagne moins souffre d’insécurité par rapport à cette situation.
Pour l’éviter : On équilibre la situation en divisant les dépenses communes au prorata des salaires. Par exemple, si l’un gagne 20 000 $ et l’autre, 40 000 $, le revenu total du couple est de 60 000 $. Le conjoint qui gagne 40 000 $ assumera les deux tiers des dépenses domestiques, et l’autre paiera le tiers restant.
3. On n’en parle pas
Steven et Juliette ont des rapports opposés à l’argent. Elle est la fourmi économe, il est la cigale qui préfère se payer du bon temps plutôt que d’épargner. Et chacun est agacé par l’attitude de l’autre. Toutefois, par peur du conflit, ils gardent leur frustration pour eux, sans pouvoir s’empêcher de lancer quelques flèches à l’occasion.
Pourquoi fait-on cette erreur? Parce que parler de sous est si peu romantique, on évite souvent de le faire, surtout lorsqu’on vit la lune de miel des débuts. «Pourtant, on devrait aborder le sujet tôt dans la relation. À un moment ou à un autre, il refait surface, et ça devient épineux», dit Denise Archambault.
Ses conséquences : Des conflits apparaissent, surtout si nos positions diffèrent beaucoup. «Aux yeux de l’autre, la personne plus dépensière apparaît insouciante, et celle plus économe apparaît angoissée. Tout cela engendre des sentiments de culpabilité et de honte chez les conjoints», fait valoir Pierre Faubert.
Pour l’éviter : On établit ensemble un budget, ce qui nous oblige à discuter de notre situation financière, de nos priorités et de nos objectifs. Ainsi, la gestion budgétaire devient une responsabilité commune. Surtout, on évite d’attribuer les dépenses fixes (l’hypothèque, par exemple) à un conjoint et les dépenses variables (comme l’épicerie) à l’autre: celui qui hériterait des dépenses variables aurait du mal à suivre son budget.
4. On vit au-dessus de nos moyens
Parents depuis un peu plus d’un an, Léo et Julie ont vu leurs dépenses croître alors que leurs revenus diminuaient, Julie ayant décidé de prolonger son congé de maternité par un congé sans solde. Pour maintenir leur rythme de vie, ils se sont endettés et, chaque mois, ils arrivent tout juste à régler les factures.
Pourquoi fait-on cette erreur? «On vit dans une société de surconsommation, dans l’ère du « J’aime, j’achète maintenant ». Mais c’est un piège de s’endetter sans cesse», estime la planificatrice financière Lison Chèvrefils. Pour Pierre Faubert, le surendettement cache parfois une fuite de la réalité: «La richesse est associée au pouvoir, au succès, à la valeur de l’individu. Le couple se projette dans une autre réalité, où il fait la belle vie, même s’il n’en a pas les moyens.»
Ses conséquences : L’endettement est une source importante de stress, qui peut mettre le couple en péril. Quand on arrive à peine à régler les factures, on a l’impression de travailler uniquement pour payer nos dettes. Il reste peu d’espace – et d’argent – pour les loisirs du couple, qui doit aussi composer avec l’inquiétude du manque de ressources financières.
Pour l’éviter : On ajuste le budget dès que la situation du couple change: lors de l’achat d’une maison, d’une modification de salaire ou de l’arrivée d’un enfant, par exemple. De plus, «on limite les achats à crédit et on se questionne sur ses habitudes de consommation», conseille Denise Archambault.
5. Je gère seule le budget
En couple depuis plusieurs années, Cynthia et Martin n’ont jamais planifié un budget ensemble. C’est Cynthia qui règle les comptes chaque mois, une responsabilité qu’elle commence à trouver lourde, car Martin ne s’implique jamais dans ce domaine.
Pourquoi fait-on cette erreur? Dans un couple, il y a souvent une personne pour qui la gestion budgétaire est plus facile, tandis que l’autre est meilleur pour planifier les loisirs, par exemple. Une dynamique peut s’installer où, consciemment ou non, l’un des partenaires prend le contrôle de la bourse alors que l’autre se décharge de cette responsabilité.
Ses conséquences : «Cela peut engendrer du ressentiment des deux côtés», croit Pierre Faubert. Le conjoint passif sent qu’il n’a aucun contrôle sur les finances, et celui qui est plus actif a l’impression que toute la responsabilité repose sur ses épaules.
Comment l’éviter : Mettre les choses au clair et établir qui fait quoi. «L’un est meilleur avec les chiffres? Il peut bien, dans ce cas, gérer le gros des finances. À condition que cela convienne à l’autre, qui assumera d’autres responsabilités dans le couple», dit Pierre Faubert. L’important, c’est que, si la gestion incombe davantage à l’un, la prise de décisions demeure partagée.
6. On ne s’entend pas sur la façon d’éduquer les enfants en ce qui concerne l’argent
Mathilde et Charles ont deux enfants de 15 et 17 ans. Charles les encourage à travailler et leur verse une petite allocation, mais Mathilde cède souvent à leurs demandes en matière de consommation. Cela dérange Charles, qui estime qu’ils doivent se responsabiliser par rapport à l’argent.
Pourquoi fait-on cette erreur? «Les parents, les mères surtout, ont l’impression qu’ils doivent tout donner à leurs enfants, même quand ceux-ci grandissent. Ils ne remettent pas leur rôle en question», dit la psychologue Denise Corriveau. Notre façon d’être avec nos jeunes est par ailleurs reliée à notre propre adolescence: ainsi, si on a été choyée par nos parents, on sera plus encline à gâter nos enfants. De la même façon, notre rapport à l’argent est lié au comportement financier de nos parents lorsqu’on était enfant, selon Pierre Faubert. Si l’expérience des deux conjoints est différente, la façon d’agir avec les sous risque de l’être aussi.
Ses conséquences: L’argent, tout comme l’éducation des enfants, constitue un sujet potentiel de discorde. Alors, lorsque les deux thèmes se superposent… Ce n’est plus seulement la gestion des sous qui est en cause, mais aussi les valeurs qu’on souhaite transmettre à notre progéniture. «En cédant aux caprices de leurs enfants, non seulement les parents s’en mettent plus sur les épaules, mais ils empêchent leurs jeunes d’apprendre la valeur de l’argent et du temps passé à le gagner», souligne Denise Corriveau.
Pour l’éviter: On établit ensemble des règles familiales pour la gestion de l’argent destiné aux enfants. Par exemple, qu’est-ce qu’on leur paie, et jusqu’à quel âge? Dans le cas d’une grosse dépense, notre ado doit-il en assumer une partie? On pense également à comment nos propres parents ont agi avec nous et on en discute avec notre conjoint. «Dès que les enfants raisonnent, autour de 10 ans, on leur enseigne aussi que l’argent se gagne», recommande Lison Chèvrefils.
Source : coupdepouce.com