Pour un Sénégal qui gagne sur tous les terrains, il nous faut cette détermination et cette abnégation dont vous avez fait montre lors de votre premier match. Vous avez mis du baume au cœur de tout un peuple au quotidien difficile. Vous avez su unir tout un peuple que naguère la politique divisait comme elle sait si bien le faire. Alors, pour le temps d’un mois ou plus encore, faites nous rêver car dans les rêves peuvent résider un soulagement et un optimisme de lendemains meilleurs. Tant que vous frapperez le ballon si savamment, le peuple, en votre honneur, frappera les balafons !
En gagnant contre la Pologne, vous avez placé la barre de nos espoirs très haut et nous nous sommes octroyés le droit de demander, que dis-je, d’exiger plus. Les sénégalais de par le monde vous supportent et, autant que vous le sachiez, ils ne savent pas se satisfaire. Plus vous en faites des exploits, plus ils vous en demandent. Ces millions de supporteurs derrière vous sont devenus des milliards après cette chasse bien bonne contre les polonais. Car en sus des supporters de première heure et ceux qui n’y croient qu’après le premier match, vous portez désormais l’espoir de tout un continent : l’Afrique.
Faites nous oublier les souvenirs géniaux de 2002. C’est seulement en y arrivant que vous pourrez vous arroger le devoir de vous satisfaire et d’être fier. Votre entame est salutaire comme en 2002 ; pourvu que la suite soit la même. Dites non à cette peur qui fait fuir et assumez votre statut de légitime représentant de l’Afrique comme la génération de 2002 qui avait fini en quart de finale. En vérité la vie des hommes peut être jalonnée de rêves et de souvenirs. Mais tant que le rêve est réalisable, peu de place doit être donné au souvenir. Alors faites nous oublier 2002 !
Il fallait voir comme le chef de l’Etat a jubilé de là où il vous observait fièrement. Que de bonheur de faire sauter de joie son président ; il n’est pas donné à tous. Il fallait regarder jubiler les supporters de Dakar à Matam, de Sédhiou à Kédougou, de Malla à Patar. Si l’occasion vous était donnée de voir le sourire sur le visage des vieux et vieilles, des jeunes et des moins jeunes, des malades et des prisonniers, vous vous seriez donné beaucoup plus. Pour le temps d’un match, tous les soucis sont oubliés même par ceux qui trouvent difficilement de l’eau aux Parcelles Assainies. Grâce à vous !
Dans une équipe qui gagne, il y a un tout. Il y a celui qui assure, celui qui rassure, celui qui sécurise, celui qui organise, celui qui donne de la voix et celui qui va à l’assaut. Il y a un tout dans une équipe qui gagne même celle qui voit les obstacles et les casse tels des œufs avec ses offrandes et prières. Grâce à vous « l’Afrique rassemblée » décrite dans notre hymne pourrait devenir une réalité même si ce sera pour le temps d’une coupe du monde. Grâce à votre prestation passée et surtout celle à venir, on pourra espérer sur le plan footballistique le salut de l’Afrique-mère. Nos prières vous accompagnent, faites nous rêver davantage chers lions!
Par Ababacar GAYE
