Le corps et l’esprit sont indissociables, au même titre que les pensées et les émotions. Bien loin d’être un empilement d’organes sur lequel le cerveau serait roi, le corps est une entité complexe et mystérieuse qui pousse les scientifiques ainsi que les psychologues à s’interroger sur ses capacités.
En effet, sans que l’esprit ne prenne le pas sur le corps, ou inversement, les deux s’unissent pour nous permettre d’être en bonne santé de manière générale. Par exemple, lorsque nous sommes en colère, il nous est difficile de nous calmer mentalement alors, nous avons recours à des méthodes relaxantes physiques comme les massages. Par ailleurs, nous sommes dotés de plusieurs sens qui viennent s’ajouter à nos facultés d’interprétation sur ce qui nous entoure et ce que cela présage.
L’odorat
Effectivement, cinq sens font partie du corps humain dont l’odorat. Ce dernier a fait l’objet de plusieurs recherches afin de comprendre notre capacité à différencier l’odeur d’un gâteau en train de cuire et l’odeur du brûlé. En fait, des molécules, émises par les substances odorantes, sont véhiculées par l’air et selon leur taille, leur trajet jusqu’à notre membrane olfactive sera plus ou moins long.
La membrane olfactive, composée de tissu jaune-gris et couverte d’un épais mucus, se trouve au sommet de la cavité nasale et contient de nombreuses cellules réceptrices. Dès lors qu’une molécule se fixe sur le récepteur qui lui correspond, dans la mesure où chaque type de cellule réceptrice réagit aux dimensions d’une molécule particulière, elle provoque la formation d’un influx nerveux. Ce dernier progresse jusqu’au cerveau en passant par un os très fin (nommé lame criblée) en arrière duquel se trouvent des bulbes olfactifs. Ainsi, la transmission d’influx nerveux se fait de manière organisée et le cerveau peut alors répartir les informations, pour analyse, dans les zones adéquates.
L’odorat et la mort à proximité
De plus, le cerveau humain peut identifier des milliers d’odeurs dont celle de la mort à proximité.
Sur le même principe que nous ressentons une angoisse et de la peur lorsque nous sommes dans un hôpital ; une étude récente, publiée dans le journal Frontiers in Psychology, a été menée par Dr Wisman, professeur en psychologie et Ilan Shira du département des sciences du comportement de l’Arkansas Tech University, concernant les effets comportementaux de la putrescine sur l’homme.
La putrescine, que l’on nomme aussi tétraméthylène diamine ou 1,4-diaminubutane, est un élément chimique qui s’illustre par son odeur insoutenable. Elle est causée par la détérioration des acides aminés qui se trouvent dans les organismes, qu’ils soient morts ou vivants. Actuellement, elle est utilisée dans l’industrie pharmaceutique pour synthétiser certains médicaments et sert à fabriquer des pesticides.
Face à cette odeur, les animaux l’associent à deux types de dangers : le premier comme étant la présence d’un prédateur dangereux et le second comme étant la présence d’agents pathogènes mortels. Dans les deux cas, les animaux réagissent en s’éloignant de la zone afin d’éviter d’être blessé ou de mourir.
Concernant les humains, les chercheurs se sont basés sur quatre aspects différents pour tester leur réaction dont :
- La vigilance : Pour cette première expérience, les scientifiques ont testé la vigilance des sujets après que certains aient été brièvement exposés à l’odeur de la putrescine et d’autres à l’odeur d’ammoniac et d’eau. Les résultats ont montré que les sujets exposés à la putrescine réagissent avec plus de vigilance, et donc de manière plus rapide, que ceux exposés à l’ammoniac et l’eau.
- Le comportement d’évasion : Pour la deuxième expérience, un groupe de personnes a été exposé à l’odeur de putrescine sans le savoir. Ils devaient évaluer l’intensité, le dégoût et la familiarité avec cette odeur. Le but des chercheurs étant de savoir à quelle vitesse les participants s’éloignaient. Ils ont découvert que ceux qui étaient capables de se familiariser avec le parfum de la putrescine s’éloignaient plus vite que ceux qui n’étaient pas sûrs de l’odeur.
- La cognition liée à l’évasion et à la menace : Lors d’une troisième expérience, les chercheurs ont demandé aux participants d’écrire les mots auxquels ils pensaient peu après leur exposition à l’odeur. Les résultats ont montré que les participants utilisaient un vocabulaire lié à la fuite et à la menace lorsqu’ils ont été en contact avec l’odeur de la putrescine.
- La défense et l’agressivité : Enfin, la dernière expérience consistait à exposer les sujets à l’odeur de putrescine tandis qu’ils devaient lire un texte. À la fin, ils devaient évaluer l’auteur du texte. Bien qu’ils n’aient pas pu déterminer l’odeur de la putrescine, les participants se sont montrés hostiles et sur la défensive vis-à-vis de l’auteur. Les résultats prouvent donc que l’exposition à certaines odeurs provoquent un comportement défensif.
Par conséquent, l’odorat est un indicateur précieux de ce qui nous entoure et interagit sur notre comportement. Mais, le corps humain ne s’arrête pas là et nous avertit aussi sur les signes alarmants d’un trouble mortel.