Des coiffeurs tentent de résister à la pandémie de Covid-19. Parmi eux, Pape Beye, installé au marché Hlm. Réputé, le père de famille (2 garçons, 1 fille), y opère depuis 2001.
Dès son entrée dans son salon, il enchaîne les gestes barrières, observe-t-on. Un rituel consistant à nettoyer les lieux, le matériel et les chaises compris, avec une certaine quantité d’antiseptique.
“ Ça rassure les clients”, confie-t-il. D’ailleurs, son premier geste, à l’arrivée de l’équipe d’Emedia.sn sur place, après les salamalecs, a été de brandir sa bouteille de gel hydro-alcoolique avant de faire l’entretien.
Le barbier poursuit ses activités malgré le diktat de Covid-19. Mais, il n’oublie pas de faire attention, retient-on. Parmi toujours les gestes barrières, il a fait le tri dans sa clientèle. “Je ne prends plus n’importe qui. Mais, j’ai ma clientèle attitrée. Des gens que je connais depuis des années. J’ai entièrement confiance en eux. Ils m’appellent, et je les reçois. Certains me le reprochent mais il faut qu’on fasse attention aussi. Je mène une activité qui est très sensible”, explique-t-il.
SOULEYMANE NDÉNÉ, MATAR BA…PARMI LA CLIENTÈLE
Même si le couvre-feu ne l’arrange pas vraiment, il salue les mesures prises pour éradiquer le coronavirus au Sénégal, déplorant le relâchement qu’il dit avoir observé au cours de la journée. “Je ne suis pas du tout rassuré. Dans les véhicules de transport en commun, la corniche, les arrêts, les longues files devant les boulangeries, les gens continuent de se comporter comme si de rien n’était. Il y a toujours des attroupements. Mais, il faut faire quelque chose. Heureusement, j’ai ma voiture. Et je ne donne plus la main depuis longtemps. Je pratique du sport mais maintenant je choisis bien les lieux où je fais mes exercices physiques tellement la corniche est prise d’assaut. Pas plus tard qu’hier, la police a dû intervenir pour procéder à des interpellations tellement il y avait du monde”, dit-il, la voix empreinte d’indignation.
Avec le couvre-feu, ses horaires sont ainsi fixés : “Je viens à midi, et je ferme à 18 heures 30 minutes. J’habite tout près d’ici. Cela ne pose pas de problème.”
Niveau chiffres d’affaires, il ne se plaint pas non plus. D’autant que, comme il l’a dit tantôt, il a de “fidèles” clients à l’instar de l’ex-Premier ministre sous Wade, Souleymane Ndéné Ndiaye et l’actuel ministre des Sports, Matar BA, entre autres personnalités. A l’en croire, ça marche beaucoup plus durant les week-end. D’ailleurs, confie-t-il, il vient beaucoup plus tôt du fait de la “forte” demande à partir du vendredi jusqu’au dimanche. “Je n’ai pas de milliards mais des connaissances”, se vante-t-il, fier de lui.
Parmi sa clientèle, il y a celle féminine aussi. La coupe fait rage chez les jeunes filles. “Ne vous étonnez pas de trouver un crâne rasé sous les perruques”, nous chuchote-t-il, souriant.
DES SELFIES POUR PASSER LE TEMPS
Prévoyant, Pape Beye a fini de faire son stock pour au moins un mois. “J’ai l’habitude d’acheter en gros. Pour vous dire, j’ai 50 tondeuses en réserve.”
Autre salon, autre ambiance. Chez Eva coiffure, on se tourne les pouces. Leurs outils sont bien rangés à leur place, et pas l’ombre d’une cliente. “Le coronavirus les a fait fuir. Et cette situation dure depuis le 25 mars dernier”, se plaint Mously Thiam, la gérante du salon installé à Hlm Bopp. La jeune femme appelle de tous ses vœux “l’élimination” du coronavirus. Car, ajoute-t-elle : “On peut rester toute une journée sans voir de clientes. Il y a seulement celles du voisinage et des proches qui viennent souvent. Alors que d’habitude, avant le coronavirus, d’autres venaient beaucoup plus loin et en nombre. C’est vraiment dur parce qu’on a des charges liées à la location, aux paiements des factures, on doit payer les employées et manger aussi. On prie ardemment que ça finisse et très vite. On n’en peut plus”.
Pour meubler le temps, Mously et ses collègues font des selfies. En attendant l’après Covid !